Passé l’enthousiasme de l’engagement commun pris par 192 pays lors de la COP 21, arrive l’heure de sa traduction en actions concrètes.
Gaz à effet de serre, énergie, combien produisons ou consommons-nous ? Car l’établissement de santé qui souhaite s’améliorer, doit tout d’abord se mesurer et bien connaître son point de départ. « Plus on part de loin, plus les économies sont spectaculaires, et la motivation des salariés importante comme leur satisfaction », souligne Olivier Toma, président du C2DS. « Les marches suivantes sont plus hautes mais les bons réflexes sont intégrés. »
Christian Anastasy, directeur général de l’ANAP, soulignait jeudi dernier à l’occasion d’un séminaire du C2DS, la complexité de la transition énergétique dans les établissements sanitaires et médico-sociaux. Il estime entre 300 et 1 000 euros au m2 le coût d’une mise aux normes « énergie ». « Rénover le patrimoine actuel et ses 80 millions de m2 serait impossible : personne ne peut financer cela (…) Il y a un combat à mener, qui est le combat de l’opinion », a-t-il souligné. « Il faut arriver à prouver qu’il est plus intéressant d’investir dans la transition énergétique, que de ne rien faire, autant financièrement qu’en termes de qualité de prise en charge. »
Transition énergétique, la réglementation vous oblige !
L’audit énergétique dépend de la loi « Grenelle 2 » et des articles du code de la construction R. 134-14 à R. 134-18 en 2012. Il est obligatoire pour :• Les entreprises, soit qui ont plus de 250 salariés, soit avec un chiffre d’affaires annuel supérieur à 50 millions d’euros et un total de bilan dépassant 43 millions d’euros. Justificatifs à transmettre avant le 30 juin 2016. Audit à renouveler tous les quatre ans – Décret n°2013-1121. du 4 décembre 2013 relatif aux seuils au-delà desquels une personne morale réalise un audit énergétique. Pour l’audit énergétique engagé après décembre 2015, le périmètre devra couvrir au moins 85 % du montant des factures énergétiques.
A noter – l’audit énergétique est indispensable en vue de respecter les objectifs suivants :
• Réduction de 38 % de la consommation de l’énergie sur l’existant (Grenelle) ;
• La RT 2012 (consommation bâtiment neuf < 50kWhEP/m2/an) ;
• La RT existante (- 30 % pour le tertiaire, de 80 à 165kWhEP/m2/an pour le résidentiel).
L’audit énergétique doit être effectué par un professionnel, ayant les compétences suffisantes (trois années dans un bureau d’étude thermique) et au moins trois références.
Quelle est votre consommation en énergie primaire par m2 et par an ?
L’énergie primaire est l’énergie disponible dans l’environnement et directement exploitable sans transformation. Etant donné les pertes d’énergies à chaque étape de transformation, stockage et transport, la quantité d’énergie primaire est toujours supérieure à l’énergie finale disponible.
Les établissements adhérents (tous statuts confondus) du C2DS déclarent sur la plateforme de « l’IDD / indicateur en développement durable », une consommation moyenne de 490 kwhep/m2/an. Les établissements privés MCO déclarent quant à eux dans l’Observatoire piloté par la FHP, une consommation moyenne de 580 kwhep/m2/an.
Diviser par deux sa consommation ? Ils l’ont fait : les cliniques de l’Iroise (29), du Pré (72), Paulmy (64), Paris V et Pasteur (34) consomment en moyenne entre 262 kwhep/m2/an pour la première citée et 314 pour la dernière.
Les impacts environnementaux de la fonction linge
Clinique Pasteur, Royan (17)
Labellisée ISO 14001 dès 2009, la Clinique Pasteur a mené des actions spécifiques pour améliorer la fonction linge et les économies d’eau. « Très en amont de notre démarche de développement durable, c’est à dire dès 2007, nous avons souhaité réfléchir aux implications environnementales de la fonction linge dans notre établissement, de la création de l’article textile jusqu’à la destruction du produit. Notre politique d’achat a donc été modifiée en conséquence pour y intégrer des critères de développement durable. L’ensemble des acteurs impliqués dans la fonction linge ont été sollicités : où, comment et par qui sont fabriqués nos produits ? Trois livraisons sont effectuées par semaine : le linge plat est emballé par cinq unités dans un plastique micro aéré recyclable, les vêtements sont livrés dans un chariot houssé (housse en tissu lavable), le chariot vide sert ensuite de réceptacle pour le linge sale. Le circuit du lavage est fermé : l’eau de rinçage est réutilisée en prélavage pour le circuit suivant. Notre fournisseur est également équipé d’une aire de lagunage pour le traitement des eaux usées, ainsi, les produits ne polluent pas les sols de la commune. Le linge en fin de vie part en partie au rebut chez notre fournisseur, le reste étant confié à une association pour personnes handicapées qui le trient. Le linge trié est alors remis dans le circuit pour une deuxième vie : vente dans un magasin ouvert aux particuliers certains jours de la semaine et réintroduction dans une filière de vêtements de dépannage pour les moins abîmés, ou recyclé pour servir à l’isolation de cloisons et au garnissage de couettes », explique Marielle Guillaud, directrice.
Une démarche de développement durable globale
Clinique Esquirol-Saint Hilaire, Agen (47)
La Clinique Esquirol-Saint Hilaire a adopté une approche en coût global en prenant en compte le cycle de vie de ses produits. La question des nuisances potentielles des produits est ainsi soulevée avant même leur achat. Les produits écolabellisés sont par ailleurs systématiquement privilégiés. Aussi, l’acquisition d’une autolaveuse a permis à la clinique de supprimer bon nombre de détergents. Sur le volet tri des déchets, la clinique a mis en place 23 filières de tri sélectif et les patients, personnels et visiteurs peuvent déposer piles, bouteilles en plastique, bouchons, clichés radio, etc. dans des bacs prévus à cet effet à l’entrée de l’établissement. La clinique est enfin signataire de la campagne 2for10 du C2DS et a d’ores et déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % entre 2011 et 2014. Elle compte bien poursuivre ses efforts et prévoit de réduire la nuit le chauffage d’un degré, notamment dans le hall, et de remplacer certaines fenêtres. L’acquisition d’une voiture hybride pour le coursier doit prochainement venir compléter le dispositif.
Trier le verre médicamenteux et diminuer ses DASRI
Clinique Ambroise Paré, Beuvry (62)
La Clinique Ambroise Paré à Beuvry près de Béthune s’est lancée depuis le 2e semestre 2014 dans le tri des verres médicamenteux de type II et III. Une démarche encadrée par un cahier des charges très précis. « Le prestataire de collecte des déchets hors DASRI les prend en charge mais ces verres sont ensuite transportés au Danemark pour leur traitement. Malheureusement, tous les prestataires français que nous avons contactés pilent le verre médicamenteux et n’en font rien ensuite. Dans notre établissement, nous souhaitons pour tous nos déchets, infectieux et non infectieux, choisir le mode d’élimination le plus vertueux possible », souligne Valérie Stachowiak, responsable hygiène et stérilisation. Cette opération qui ne coûte rien de plus à la clinique a permis de réduire considérablement le volume des DASRI. La politique adoptée pour leur élimination est très claire : l’incinération plutôt que la banalisation et l’enfouissement. « Nous changerons de politique lorsque nous aurons la certitude que les DASRI banalisés ne sont plus enfouis. En attendant, nous cherchons les filières qui nous semblent les plus respectueuses de l’environnement », conclut Anne Pierrat, attachée de direction, responsable qualité et gestion des risques.
« Né à » Sarrus-Teinturiers
« Nous avons réalisé un sondage sur la place du Capitole à Toulouse pour mesurer la notoriété de la clinique Sarrus-Teinturiers. Résultat : tous les Toulousains la connaissent, en particulier pour sa maternité, car une très grande majorité des personnes interrogées ou un de leurs proches y sont nés. Nous avons donc décidé d’axer notre communication sur la maternité », explique Gérard Reysseguier, directeur de l’établissement. Avec 4 000 naissances par an, la maternité privée Sarrus-Teinturiers Rive gauche est incontournable dans la ville. Préparation à la naissance avec possibilité de cours de sophrologie, yoga et séances d’acupuncture ; en salle de naissances, utilisation de ballons, de suspensions, de chaise ou de baignoire d’accouchement ou recours à la péridurale ; dès la naissance peau-à-peau avec maman ou papa ; séances de massage du nouveau-né ou de portage bébé pendant le séjour. Prise en charge diététique proposée ; HAD, sortie précoce ou sortie accompagnée via un relais avec le réseau de sages-femmes libérales, tout est prévu !
« Nous avons voulu aller plus loin et créer une marque pour valoriser notre savoir-faire et capitaliser sur notre notoriété. La marque « né à » est le fruit d’un travail collaboratif avec le personnel de la maternité et les mamans. Nous avons développé une gamme de produits pour bébé à laquelle nous croyons beaucoup ». L’établissement engagé dans une démarche de développement durable, a choisi un laboratoire situé près de Toulouse, à Castres, garantissant ainsi un circuit court du producteur au consommateur. Les produits sont bio et labellisés ECOCERT. Une production d’accessoires layette a également été lancée avec différents modèles : cape de bain, bavoir et body « Né(e) à Sarrus-Teinturiers » labellisés OEKO-TEX standard 100 et fabriqués en France. « Les mamans adorent tout simplement ! La maternité s’est lancée un beau challenge mais je ne suis pas inquiet pour atteindre l’équilibre économique du projet », s’enthousiasme le directeur.
Les produits dermo-soins ont été éco-conçus dans leur contenu et contenant et des échantillons gratuits trônent fièrement dans les couffins. Les salariés de la maternité soutiennent le projet car ils l’ont initié et porté. La marque « né à » a de beaux jours devant elle.
Breaking news : la gamme de produits « Né à » est sans paraben, sans phénoxyethanol, sans sulfate, sans phtalate, sans bétaïne. « Vous ne trouverez aucune molécule à risque dans les produits « Né à Sarrus-teinturiers » ! Cette gamme a été spécialement développée par votre maternité, pour votre bébé » ! déclare la clinique sur son site web depuis hier matin afin de réagir à l’enquête menée par l’association WECF sur les cosmétiques pour bébé et dont les résultats accablants ont été publiés lundi.