Légitimes
Le 8 mars célèbre la place de la femme dans notre société. Le secteur de la santé, largement féminisé, mise sur le dynamisme des femmes, leur énergie créative, leurs réserves d’idées pour améliorer, voire réinventer le système hospitalier.
Les femmes ont une détermination solide, elles savent parfaitement pourquoi elles agissent et disposent d’une forte logique de raisonnement car elles n’ont pas de « levier virilité » à activer pour les aider. Les femmes attendent d’être performantes pour postuler à des positions supérieures. Le grand nombre de femmes managers aux directions des cliniques et hôpitaux privés atteste des avancées réalisées par notre secteur sur la question de la place des femmes à des postes à responsabilité, sans toutefois gommer toutes les inégalités qui persistent.
Pour moi, la puissance au féminin, c’est obtenir sa place de manière naturelle. Personne ne conteste la position d’une personne dont la légitimité s’impose aux yeux de tous, et dont les capacités sont reconnues, quel que soit son genre, féminin ou masculin.
Cette journée du 8 mars reste importante car elle nous rappelle ce que les femmes ont gagné, mais qu’il persiste encore de nombreux manquements à une égalité des genres dans notre vie professionnelle.
Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO
Sylvie CLAIN VITRY, Directrice générale déléguée du groupe IRIS Santé (97), administratrice de la FHP-MCO
En tant que manager, quelle est votre plus belle réussite ?
Le groupe que je dirige en qualité de directrice générale déléguée a connu une période financière très difficile en 2017. Restructurer, mutualiser, innover, redonner de la valeur, avec l’aide de l’ensemble des équipes à tous les niveaux, reste pour moi une grande fierté. J’ai la chance de manager un groupe à taille humaine, mettant en avant la bienveillance, l’excellence et la cohésion. Être présent pour répondre aux besoins de la population de notre territoire, dans le respect de ses valeurs est une belle réussite pour moi.
Dans vos fonctions, avez-vous été surprise, voire heurtée, parce que vous étiez une femme ?
Il m’est arrivé de devoir « défendre ma place » en tant que leader et décideur surtout, notamment dans le cadre de réunions de chantiers. Le monde du BTP n’est pas des plus tendre avec la place de la femme sur des chantiers d’envergure. Ce type d’expérience permet de se forger et de mettre en avant toutes les qualités qu’une femme manager peut apporter.
Si vous aviez une unique mesure à proposer pour plus d’égalité homme/femme dans le monde du travail quelle serait-elle ?
Réponse compliquée à mon sens… qui ne peut se penser que dans la sphère professionnelle uniquement. Je parlerais de plus d’équité que d’égalité. Mon quotidien heureusement ne me fait pas ressentir ce type de difficultés. Il m’est donc difficile d’imaginer une mesure spécifique.
Si je prends toutefois mon expérience personnelle, j’aurais adoré que le congé maternité puisse être partagé de bout en bout avec le papa.
Crédit Photo : Steph PEYRIGUER
Isabelle BIELLI-NADEAU, Directrice du Centre Médico-Chirurgical Les Cèdres à Brive La Gaillarde (19), Groupe Elsan, administratrice de la FHP-MCO
Quelle est votre plus belle réussite professionnelle ?
Ma plus belle réussite professionnelle est la création en 2011 d’un centre de soins non programmés. Une initiative innovante à l’époque dont le volume d’activité continue à croître encore aujourd’hui.
À l’époque, il a fallu batailler pour convaincre les médecins, les instances administratives, la CPAM… et mener une réflexion juridique pour en sécuriser l’activité. Les médecins et les infirmiers libéraux ont été, une fois passé ces écueils, dans une extraordinaire dynamique et ont contribué au succès d’une réalisation dont je reste fière.
Dans vos fonctions, avez-vous été surprise, voire heurtée, parce que vous étiez une femme ?
Avant d’être directrice d’établissement, j’étais avocat d’affaires. Un milieu qui était particulièrement misogyne. J’ai ressenti durant mes grossesses, la difficulté d’être une femme dans un monde d’homme.
Nous sommes nombreuses à être directrices d’établissements de santé. Cependant, un plafond de verre nous empêche d’accéder à des fonctions de management de directions plus larges. Étant personnellement en fin de carrière, le phénomène m’indiffère, mais il m’interpelle.
Si vous aviez une unique mesure à proposer pour plus d’égalité homme/femme dans le monde du travail quelle serait-elle ?
Dans tous les secteurs, la disparité des rémunérations reste un vrai sujet. Les études dénoncent des écarts à postes équivalents que l’absence de transparence rend impossible à vérifier. De plus, le manque de transparence s’accroît avec le niveau hiérarchique. C’est un point sur lequel nous devons travailler pour s’assurer qu’à responsabilité et classification équivalentes, les niveaux de rémunération soient identiques.
Être une femme demeure formidable. Entre mes débuts professionnels et maintenant les choses se sont nettement améliorées. Les femmes sont moins stigmatisées parce qu’elles sont mères. Dans le secteur de la santé, la population majoritairement féminine a été favorable à cette évolution. La grossesse est un moment merveilleux et nous devons être en capacité de gérer vie de femme et vie professionnelle. C’est un événement heureux qui incombe au manager de le gérer avec la plus grande sérénité possible.
Audrey HUOT-MARCHAND, Directrice de la Clinique Saint Martin, groupe ELSAN, à Vesoul (70), administratrice de la FHP-MCO
Dans vos fonctions, avez-vous été surprise, voire heurtée, parce que vous étiez une femme ?
Être directrice générale d’une clinique c’est aussi un souhait de dépasser la figure coutumière du dirigeant. Il est dorénavant essentiel de surpasser ces notions de genre afin que l’image d’un chef d’entreprise ne dépende plus uniquement du chromosome mais simplement de son leadership, de son professionnalisme et de son humanité.
Atika ALAMI, Directrice générale territoire Île-de-France groupe Vivalto Santé, directrice entreprise à mission, en charge de l’expérience patient, prévention, santé mentale, trésorière de la FHP-MCO
En tant que manager, quelle est votre plus belle réussite ?
Mes plus belles réussites restent celles qui consistent à accompagner mes collaborateurs dans leur développement professionnel, tout en créant les conditions nécessaires à la réussite collective (confiance, reconnaissance, sens…).
Dans vos fonctions, avez-vous été surprise, voire heurtée, parce que vous étiez une femme ?
Lorsque je suis heurtée, je ne pense jamais que c’est inhérent au fait que je sois une femme, mais plutôt à ma fonction de dirigeante. Si l’Autre pense attaquer la femme que je suis, alors sa motivation restera vaine, car je ne me sens pas concernée ! J’assure et j’assume ma fonction, ni comme une femme, ni comme un homme, mais comme un manager : c’est la compétence qui compte !
Si vous aviez une unique mesure à proposer pour plus d’égalité homme/femme dans le monde du travail quelle serait-elle ?
La seule mesure qui me ferait penser que le monde du travail n’aura plus à se soucier de l’égalité homme/femme, serait que l’on cesse d’en faire des politiques et des plans d’action, même si je mesure que la mise en place de règles et donc de contrôles restent nécessaires pour faire avancer les choses.
Pour conclure, et comme le précise l’avocate Ruth Bader Ginsburg : « L’égalité homme/femme n’est pas un avantage pour les femmes, c’est un avantage pour toute la société ».
Crédits photos : Privé, Steph PEYRIGUER pour la photo de Sylvie Clain-Vitry