Dr Jean-philippe MASSON, Président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR)
Quelles sont les évolutions technologiques en matière de dépistage du cancer du sein ?
90 % des dépistages du cancer du sein sont réalisés par les radiologues, d’où notre forte implication dans la campagne de santé publique Octobre Rose.
D’un point de vue technique, les avancées (tomosynthèse, angiomammo non validées par l’Inca) ne sont pas nombreuses, les modalités du dépistage du cancer du sein répondent toujours au cahier des charges de 2004, auquel a été introduit la mammographie numérique en 2008. Cependant à l’heure de l’IA en santé, nous lançons l’idée d’une seconde lecture par l’IA selon des algorithmes validés par la HAS. Cette évolution vers une relecture par l’IA se fera sans jamais supprimer le travail du radiologue.
Par ailleurs, nous dénonçons l’utilisation de la mammobile. La mammographie nécessite le temps clinique d’un radiologue. Il ne faut pas déshumaniser l’examen. La dimension humaine demeure inscrite dans le cahier des charges. La FNMR rappelle que seul le radiologue est habilité à analyser et d’interpréter les résultats d’une mammographie.
La FNMR a organisé des « focus-group » pour rencontrer les femmes qui ne participent pas au dépistage du cancer du sein. Quels enseignements en tirez-vous ?
Dans le cadre des « focus-group », nous avons rencontré des femmes représentatives et réparties dans cinq villes de France. Des femmes issues de tous les milieux et qui ne participent pas au dépistage du cancer du sein ont été reçues durant une journée entière. La synthèse des échanges est disponible sur notre site : Paroles de femmes.
Les réponses que ces femmes ont apportées sont étonnantes. En premier lieu, elles ne participent pas au dépistage du cancer du sein par peur du diagnostic et des séquelles physiques induites par les traitements. Le regard de l’autre les effraie, c’est pourquoi elles préfèrent ne rien savoir. En réponse à ces craintes, il devient évident que les campagnes de promotion du dépistage du cancer du sein doivent adresser des messages positifs : 90 % des femmes atteintes d’un cancer du sein guérissent, 97 % des femmes sont rassurées à l’issue d’une mammographie de dépistage…
Par ailleurs, nous avons été surpris par la méconnaissance de gestes de base comme l’autopalpation, des modalités de l’organisation du dépistage et de l’identification des personnes aptes à réaliser cet examen.
Au-delà du dépistage du cancer du sein, quels sujets préoccupent les radiologues ?
Nous souhaitons davantage de prévention. C’est pourquoi, la FNMR souhaiterait que nous appliquions au cancer du poumon la même méthode que celle du cancer du sein. Les radiologues se forment aux dépistages du cancer du poumon, cependant nous observons une inertie du système. L’étude Nelson doit être une source que nous devons considérer pour progresser sur le dépistage du cancer du poumon.