Prenez soin de vous, dépistez vous…
Les médecins du Centre Hospitalier Privé Saint Grégoire (35) ont un message pour vous. Vous avez entre 50 et 74 ans, c’est à vous de jouer…
Du bleu à tous les étages
Clinique Pasteur, Ris Orangis (91)
Passer son tour pour Mars Bleu n’était clairement pas une option pour les équipes de la Clinique Pasteur. Si la voilure a été un peu réduite par rapport aux éditions précédentes du fait des conditions sanitaires, les équipes et les patients ont été sensibilisés à l’importance du dépistage du cancer colorectal. « Nous sommes passés le 11 mars dans l’ensemble des services. Les équipes étaient en bleu ce jour-là et nous avons distribué des flyers, bracelets et nœuds. Une manière d’engager la conversation sur l’importance du dépistage », explique la responsable qualité et gestion des risques. Bien entendu, un affichage Mars Bleu dans l’ensemble de la clinique depuis début mars, vient en soutien de ces actions. Et breaking news, les équipes prévoient le tournage d’une chorégraphie maison pour terminer la campagne 2021. Bravo à elles pour leurs talents et engagement.
Fleurs bleues
Établissements Elsan Grand Nancy (54)
De spectaculaires guirlandes de fleurs bleues dansent sur la façade de l’hôtel de ville de Nancy, tandis qu’alentour, des kakémonos livrent la clé de cette décoration primesautière. Une initiative mise en place dans le cadre de Mars bleu (pour la prévention du cancer colorectal), qui s’étendra du 18 mars au 4 avril à travers un partenariat des 4 établissements nancéiens du groupe Elsan et de la capitale meurthoise. « En raison de la Covid, nous n’avons pas pu organiser dans nos établissements de journées ouvertes au public avec la présence de gastro-entérologues, chirurgiens, stomathérapeutes, diététiciens, laboratoires et autres professionnels de santé, pour informer les plus de 50 ans de l’importance de se faire dépister », explique Marie-Gabrielle de Grave, chargée de la communication des cliniques de Nancy. « Mais nous espérons que cette opération de communication, largement relayée par les médias, marquera les esprits. » « C’est trop beau, c’est trop beau, mais c’est nécessaire », pourrait-on dire en paraphrasant Arthur Rimbaud, poète originaire du Grand Est.
Les bonnes réponses
Hôpital privé Paris Essonne Les Charmilles, Arpajon (91)
Sur le stand d’information dressé le 23 mars dans le hall d’accueil, les questions ont fusé : « Puis-je détecter moi-même des saignements ? », « Si je saigne, ça veut dire que j’ai un cancer ? », « On ne doit plus se faire dépister après 74 ans ? ». Les trois représentants des usagers, mobilisés pour cette journée, ont profité du matériel mis à leur disposition pour développer leurs réponses. « Le test en démonstration nous a permis de montrer qu’il était très facile à utiliser, sans risque et indolore », explique Josette Meziane, l’une des RU. La découpe en contreplaqué montrant l’évolution d’un polype dans le côlon a également fait mouche. « C’est un outil très visuel, parlant, qui nous sert à expliquer que la coloscopie est utile pour effectuer un contrôle mais aussi éventuellement un acte chirurgical destiné à enlever des polypes », poursuit Josette Meziane. Tout au long de la journée, elle a rappelé que le cancer colorectal est le deuxième plus fréquent chez les femmes (après celui du sein) et le troisième chez les hommes (après la prostate et le poumon), et que détecté à temps, on en guérit 9 fois sur 10. Avec de tels arguments, difficile de ne pas se sentir tous concernés. Bravo les RU !
Ils ont joué le jeu…
Hôpital privé Saint-Claude, Saint-Quentin (02)
Le 24 mars dernier, ils ont tous joué le jeu. Le personnel soignant, ceux de l’administratif et du bionettoyage, les pharmaciens… Vêtus de bleu de la tête aux pieds (pyjama de bloc ou affaires personnelles), ils ont éveillé la curiosité des patients et des visiteurs et ainsi pu faire passer le message sur l’enjeu du dépistage du cancer colorectal. « L’action a été proposée par la mairie de Saint-Quentin et nous avons tout de suite répondu présent, c’était important de montrer qu’on soutenait cette action », souligne Julie Decamps, responsable qualité de l’établissement. Et ceux qui n’auront pas croisé le chemin des femmes et des hommes bleus ce jour-là se seront peut-être malgré tout posé des questions… en découvrant les bâtiments de la ville parés de la même couleur.
Le message reste fort !
Médipôle de Savoie, Challes-les-Eaux (73)
Covid oblige, l’événement perd en envergure, mais le message reste fort : entre 50 et 74 ans, le dépistage, c’est pour tous et tous les deux ans ! Pendant quatre jours, du 22 au 25 mars, infirmière stomathérapeute, représentants des usagers et personnel de la CPAM se relaient autour d’un stand installé dans le hall d’accueil. Appuyés par un grand écran diffusant des documentaires, ils distribuent des dépliants, répondent aux questions des patients et visiteurs ou encore leur expliquent le fonctionnement du test. Ceux qui le souhaitent peuvent compléter un formulaire pour en recevoir un chez eux… histoire de transformer l’essai.
Séminaire en ligne
Clinique Saint-François, Châteauroux (36)
C’est une première. À défaut de pouvoir déployer sur le terrain des actions à destination du grand public, l’établissement a choisi cette année d’organiser une conférence en ligne animée par l’un de ses gastro-entérologues, le Dr Guillaume Deest. Le 18 mars en fin de journée, devant un auditoire constitué de 14 confrères de l’Indre – spécialistes et généralistes – inscrits à ce webinaire (séminaire sur le web), il a parlé coloscopie, adénomes, lésions, polypes, intelligence artificielle… « S’en est suivi un temps d’échanges constructifs entre praticiens et, globalement, on peut dire que ce fut enrichissant pour tout le monde » précise Bernadette Hernandez, la référente communication à l’origine de cette initiative. Un seul regret : « Que le personnel soignant de l’établissement n’ait pas été convié à l’événement. » Qu’à cela ne tienne, ce sera le cas la prochaine fois.
Dr Denis Franck, président de l’Association française de cancérologie – Union nationale hospitalière privée de cancérologie (AFC-UNHPC)
Pourquoi la biologie moléculaire n’est-elle pas davantage présente dans le dépistage du cancer du côlon ?
Tout d’abord, je rappelle que 7 personnes sur 10 qui devraient être dépistées d’un cancer du côlon parce qu’elles ont des antécédents familiaux ne le font pas. Ce chiffre est très inquiétant. Plus largement, les actes innovants ne sont pas, ou peu, pris en charge par l’Assurance maladie. Le dossier « RIHN » avance un peu depuis que les fédérations dont la FHP ont pris une position commune partagée avec la Ligue contre le cancer et son président.
Le modèle actuel de financement de l’innovation ne fonctionne pas car le reste à charge pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an pour certains établissements de santé n’est pas tenable. Si l’établissement de santé accepte de prendre à sa charge les frais d’onco-génétique pour des patients qu’il suit, peut-on lui demander de prendre à sa charge les tests des personnes apparentées au patient traité qu’il ne verra jamais, et cela sous le seul prétexte que le médecin prescripteur exerce chez lui ? La réponse est non, puisqu’il s’agit dans ce cas là d’un acte anormal de gestion. Une inquiétude est partagée avec la Ligue contre le cancer sur le risque que le reste à charge glisse des établissements vers les patients créant une inégalité d’accès aux soins puisque tous ne pourront pas le payer.
Il est urgent de purger le « RIHN » de la liste en sus de manière à pouvoir intégrer les nouveaux actes de soins correspondant réellement à l’innovation, certains actes de la liste en sus ne l’étant plus et devraient avoir une revalorisation par la CCAM.
Parallèlement, les délais pour obtenir une consultation d’onco-génétique sont très longs du fait du modèle actuel de financement, et d’ailleurs une baisse de demande d’examens est observée aussi bien dans les cliniques que dans les centres hospitaliers. Par exemple, nous prenons le risque de voir un jour une patiente apparentée à une patiente mutée BRCA développer un cancer des ovaires dans le délai d’attente trop long pour obtenir une consultation d’onco-génétique et les résultats d’analyse. La biologie moléculaire et le dépistage des personnes potentiellement à risque et leur suivi font partie de la prévention à mon sens, laquelle est un des axes importants de la Stratégie décennale du cancer.
Pourquoi ce dossier bloque-t-il depuis si longtemps selon vous ?
La principale raison est la lenteur administrative inacceptable. Nous avons vu combien l’administration avait été peu réactive il y a quelques années pour autoriser la prise en charge d’un test permettant de mesurer la sensibilité d’une patiente atteinte d’un cancer du sein à la chimiothérapie. Nous savions qu’ainsi nous évitions à 17 % de patientes de subir inutilement 6 cures de chimiothérapie qui seraient inefficaces. C’était une réelle avancée pour le patient et de surcroît cela permettait à l’Assurance maladie de réaliser au final des économies.
Le remboursement par l’Assurance maladie des actes innovants en cancérologie est une urgence.
Crédits photos : Cocktail Santé, Clinique Pasteur, Établissements Elsan Grand Nancy, Hôpital privé Paris Essonne Les Charmilles, Hôpital privé Saint-Claude, Médipôle de Savoie, Clinique Saint-François, CHP Saint Grégoire