INITIATIVES SANTÉ
La fibre a du bon
Hôpitaux Privés Rennais Saint-Grégoire, Saint-Grégoire (35)
Les Français sont gourmets. Alors, pour la journée de prévention organisée le 14 mars, quand Julie Hécamps, la diététicienne de l’établissement et Renaud Tribodet, son compère du service restauration, ont proposé à la dégustation houmous traditionnel ou à la betterave et noix de cajou, galettes de sarrasin et pommes caramélisées ou encore composition à base de graines de chia… patients, accompagnants et soignants se sont empressés autour du stand. « Toutes ces recettes contiennent des fibres qui sont un excellent facteur de prévention contre le cancer colorectal », explique Julie Hécamps. « Or, plus de 80 % de la population française n’en consomme pas assez. »
Les questions autour du stand où La ligue était également représentée ont du coup fusé sur les meilleurs moyens de s’alimenter pour prévenir les cancers. Les recettes, affichées sur un grand panneau, ont été abondamment prises en photos. Une animation incontestablement réussie.
Pédaler pour faire reculer le cancer
Centre Médico Chirurgical Bizet, Paris (75)
Le 16 mars, durant tout un après-midi, la diététicienne du Centre Médico Chirurgical Bizet, La ligue contre le cancer et le CRCDC ont tenu un stand dans le hall de l’établissement. « Nous avions aussi mis à disposition un vélo à smoothies pour illustrer de bonnes mesures de prévention contre le cancer colorectal : une bonne alimentation et une pratique sportive », raconte Alice Izarn, responsable de communication.
Les affichages et la communication sur les réseaux sociaux depuis le début du mois ont convaincu 70 patients, personnels ou public. Ils sont venus se renseigner et pédaler contre le cancer.
Un cocktail efficace
Polyclinique Notre-Dame, Draguignan (83)
Prenez un chargé de mission charismatique du CRCDC, une responsable communication au taquet et une secrétaire référente du 3 C Var Est, ajoutez du café et des gâteaux et laissez agir… Un cocktail performant puisque pour la matinée de prévention du 14 mars, 73 personnes ont été touchées sur l’importance du dépistage (patients, accompagnants et personnel). « De nombreuses questions concernant le kit de dépistage ont été posées », précise Catherine Jaubert, responsable de la communication. « Les gens sont frileux par rapport à ce dépistage, ils ont bien souvent peur du résultat et ont besoin d’être rassurés en amont. » Un rôle dont s’est chargé Pierre-Henry Hugonenq du CRCDC, qui a su expliquer la transformation d’un polype en lésion cancéreuse à l’aide de son mannequin de démonstration.
« Nous sommes ravis de cette journée de prévention », poursuit Catherine Jaubert. « L’information est bien passée auprès des personnes rencontrées. Le but de cette journée de prévention étant de sauver des vies ! »
Une action collective
Clinique des Cèdres, Cornebarrieu (31)
Pour Mars Bleu à la Clinique des Cèdres, chacun participe. Les patients du service de psychiatrie confectionnent les rubans bleus pour l’ensemble du personnel. Une professionnelle passionnée de photographie a réalisé des portraits de salariés de la clinique munis d’un accessoire bleu, qu’elle expose durant tout le mois au self.
En cuisine, le 16 mars, le chef s’est activé pour servir un menu bleu. Et enfin, le 23 mars, les intervenants du Centre régional de dépistage des cancers distribueront les kits de dépistage après un rapide entretien médical.
Pour sa part, Maxime Diana, responsable communication, vous fera participer durant tout le mois de mars à un quizz via LinkedIn, sur les chiffres du cancer colorectal. « L’idée est d’interagir. Les réponses seront données via les cartes d’un jeu de Uno. Cette mise en scène pour illustrer le slogan : pour le dépistage vous avez les cartes en main ! »
CHIFFRES CLÉS
GRAND ANGLE
Le plein de solidarité au grand air
Clinique Saint-Joseph, Trélazé (49)
Il y a ceux qui sont touchés de près ou de loin par le cancer colorectal, ceux qui aiment la course ou les balades culturelles et plus largement tous ceux qui soutiennent les bonnes causes. Au final, la Marche bleue organisée par l’association Picasso 49, au départ de la clinique, le 13 mars, a réuni plus de 230 participants de tous âges. « L’ambiance était chaleureuse, c’était très sympa », assure Laurena Desmars, chargée de communication. « Trois activités étaient au programme : une marche commentée de 5 km à la découverte de la botanique locale et d’anciennes ardoisières, une marche sportive et une course de 10 km. Les participants n’étaient pas obligés de s’inscrire mais s’ils le faisaient, ils recevaient à partir de 5 € un stylo, 10 € un cache-cou ou un tote-bag et 12 € un tee-shirt. » Après une petite séance d’échauffement en musique, les différentes équipes se sont mises en route.
Au retour, une collation a été offerte par le restaurateur de la clinique, avec cette année une nouveauté très appréciée : le potage de légumes ! Ils ont pu également faire le plein d’informations auprès des stands tenus par l’Association de prévoyance santé, le CRCDC des Pays de Loire et l’Association des stomisés de l’Anjou.
Mars Bleu ça vous parle ?
Clinique de l’Estrée, Stains (93)
Jusqu’au 16 mars, la Clinique de l’Estrée a multiplié les manifestations pour diffuser l’information relative au dépistage du cancer colorectal.
Dès le mercredi 1er mars, l’établissement – aux côtés de La ligue contre le cancer – a tenu un stand sur le marché de Stains. L’occasion pour Suzy Bilezikjian, référente communication, de noter : « Les gens s’imaginent que le dépistage pour le cancer colorectal est quelque chose de très complexe. Il y a un énorme travail de sensibilisation à faire et encore beaucoup de tabous sur ce sujet. »
Deux matinées de sensibilisation ont été prévues le 9 mars au Centre de consultation Les Presles à Epinay-sur-Seine, puis le 15 mars au Centre de santé Elsan Livi, qui vient d’ouvrir à Saint-Denis.
Le 16 mars, une journée de sensibilisation sur le dépistage, le traitement, la stomie et la nutrition s’est tenue à la clinique. Une soirée médicale est venue clore la journée.
Recréer du lien
CHP Brest, Brest (29)
Pif, paf ! Dégommés les polypes dans le côlon virtuel ! Malgré la journée de grève du 7 mars, le stand de prévention Mars Bleu dressé dans le hall d’accueil a eu son petit succès. « La presse et la radio ont joué le jeu, du coup, les gens qui se sont déplacés sont vraiment venus pour se renseigner », précise Angélique Le Bourdonnec, responsable de la communication.
Certains visiteurs, munis de la lettre post 50 ans les invitant à se faire dépister, souhaitaient par exemple savoir où récupérer le kit de dépistage. « On peut maintenant le commander sur internet, et ça, c’est vraiment un progrès. J’espère que cela aura un impact sur le taux de dépistage organisé qui pour le moment stagne autour de 30 %* », poursuit Angélique Le Bourdonnec, qui voit aussi dans ces journées d’information un autre point très positif : « Derrière le stand, il y avait les représentants de La ligue et du CRCDC, et notre équipe du service d’accompagnement médical : une diététicienne, un infirmier stomathérapeute, une assistance sociale… Tous ont pu échanger au cours de la journée, et derrière, ça crée du lien et de la synergie au sein du territoire. »
*34,6 % selon Santé publique France 2021.
Une journée blue blue blue
Groupe Hospitalier Privé Ambroise Paré, Neuilly-sur-Seine (92)
Le 23 mars, le personnel du Groupe Hospitalier Privé Ambroise-Paré se mobilise toute la journée pour promouvoir le dépistage du cancer du côlon. Dans le hall du tout nouvel établissement, les visiteurs découvriront un côlon gonflable. Ils rencontreront les diététicien/nes pour savoir comment s’alimenter et se prémunir de ce cancer, ils pourront également poser leurs questions aux chirurgiens digestifs et gastroentérologues présents.
« Un buffet de douceurs et un quizz sur une alimentation saine seront aussi proposés », explique Anna Schlossberg, chargée de communication.
INTERVIEW
Emmanuel Ricard, délégué prévention et dépistage à La ligue contre le cancer
Quelles sont les inégalités face aux cancers en général et au cancer colorectal ?
Les campagnes de dépistage des cancers diminuent l’incidence et à terme le nombre de ces cancers. Lorsqu’un cancer est détecté à un stade précoce, les chances de guérison sont de 90 %. Les campagnes de prévention des cancers du côlon et du col de l’utérus détectent des personnes asymptomatiques. Or actuellement, plus de 50 % des cancers sont diagnostiqués à un stade symptomatique. C’est pourquoi le taux de participation de 33 % à la campagne de dépistage du cancer du côlon est insuffisant.
La crise covid a entraîné des retards de diagnostic, une dégradation de la prise en charge et une perte de chance que nous n’avons pas rattrapée puisque les études actuelles démontrent une augmentation de la taille des tumeurs. Le cancer du côlon est de ce fait, pour quelques années, une préoccupation.
Les inégalités face aux cancers sont multiples. Il existe une inégalité d’accès aux soins dans les déserts médicaux ou due au manque de disponibilité des professionnels de santé. Le fait que le test du cancer du côlon soit disponible en pharmacie ou sur le site Ameli est une alternative même si ces mesures n’ont pas la valeur informative d’une consultation. Le réseau associatif doit aller vers les personnes les plus éloignées du soin pour des raisons de disponibilité, d’éducation ou de moyen. Cela d’autant plus que le dispositif de la ville, contrats de santé ville et ateliers de santé locaux, ont perdu de leur vigueur.
Les études démontrent un temps d’autant plus important passé par les professionnels avec le patient qui a un niveau de diplôme proche du leur. Ce qui est paradoxal : notre système de soins doit passer d’une approche égalitaire à une approche en faveur des personnes qui en ont le plus besoin.
L’accès aux essais thérapeutiques n’est pas identique pour tous. Tout patient éloigné d’un grand centre, dispose de chances réduites d’accéder à ces programmes. Les alternatives thérapeutiques ne sont pas égalitaires.
Tous les patients souffrant d’un cancer doivent être accompagnés, orientés, soutenus dans les épreuves physiques, économiques et psychologiques qu’ils vivent. Les systèmes de santé et d’aide sociale sont complexes. C’est pourquoi La Ligue élabore et propose une aide sous forme de prestations sociales, financières, médicales et en accordant une attention particulière aux personnes éloignées du système de soins. Nous menons un travail de réduction de ces disparités.
Que dire de la pénurie de médicaments ?
Nous enregistrons une augmentation des pénuries chroniques et structurelles de médicaments. Entre 2012 et 2018, 10 % de pénurie de médicaments déclarés par l’Agence nationale du médicament concernaient un médicament contre le cancer. En 2019, l’étude menée par La ligue contre le cancer, indique que presque 3 professionnels sur 4 déclarent avoir été confrontés à la pénurie de médicaments utilisés contre le cancer. De plus, ces professionnels constatent une aggravation du phénomène depuis 10 ans. Les laboratoires fonctionnant à flux tendus, La Ligue demande à ce que des études soient menées et des stocks constitués. D’autant plus que 60 % des oncologues médicaux confrontés aux pénuries de médicaments pour le cancer, estiment que ce phénomène a un impact sur la survie à 5 ans de leurs patients.
La question de la radiation de la liste des médicaments remboursés qui passent de l’hôpital à l’HAD, sachant que les crédits ne suivent pas et que les listes ne sont pas mises à jour, est préoccupante. Cela va se traduire par des ruptures de soins dans les parcours patients, ce qui est inacceptable.
Pour les cancers du côlon, du sein ou de l’endomètre, l’activité physique réduit les risques de récidives et augmente les chances de survie pendant et après le traitement. Les études menées et publiées par La ligue en 2022, démontrent que dans les communes où les professionnels de santé sont peu nombreux, les patients ont moins de chance d’être orientés vers les soins de support. Aujourd’hui, l’activité physique adaptée est clairement thérapeutique, tout comme l’arrêt du tabac ou de l’alcool. C’est un soin inscrit dans les 170 euros proposés par les ARS pour les soins de support qu’il faut développer.
Quels enseignements tirer des campagnes de prévention ?
Octobre Rose est né d’une initiative privée, Mars Bleu a été initié par l’INCa, le privé a institué Septembre en Or pour les cancers pédiatriques, les journées mondiales se multiplient, les initiatives fourmillent mais la mobilisation en faveur du dépistage doit être permanente.
Les objectifs de Mars Bleu sont clairs : mobiliser les personnes entre 50 et 74 ans pour qu’elles fassent le test de dépistage et selon les résultats accèdent à la coloscopie et les soins préventifs. Nous sommes très loin des 65 % de participation attendus. La campagne vise aussi à accroître la connaissance de ce cancer, identifier les modes de protection et de prévention en termes d’alimentation, d’hygiène de vie. Aujourd’hui la sédentarité et l’obésité sont des facteurs préoccupants puisqu’ils sont propices à l’apparition des cancers à des âges encore plus précoces.
Nous parlons beaucoup de ces campagnes de dépistage mais le taux de participation ne décolle pas. Comment amener la population à une meilleure prise en compte de sa santé ?
Crédits Photos : Hôpitaux Privés Rennais Saint-Grégoire, Saint-Grégoire (35), Polyclinique Notre-Dame, Draguignan (83), Clinique des Cèdres, Cornebarrieu (31), Centre Médico Chirurgical Bizet, Paris (75), Clinique Saint-Joseph, Trélazé (49), CHP Brest, Brest (29), Groupe Hospitalier Privé Ambroise Paré, Neuilly-sur-Seine (92)