Pr Vincent LETOUZEY
Service de gynécologie-obstétrique, maternité et AMP au CHU de Nîmes, co-président du réseau de périnatalité d’Occitanie
Quel est le rôle du CHU dans le maillage des maternités ?
Est-ce que le CHU doit être ou est l’établissement de recours ? Un CHU de recours est son niveau 3, sa capacité de réanimation néonatale, il accouche ses patientes de niveau 3 et reçoit les transferts. L’établissement de recours peut aussi être défini par la technicité de son plateau technique et ses ressources humaines. Ensuite, l’établissement est d’autant plus de recours qu’il sait l’activité qu’il ne peut pas prendre en charge pour des raisons de ressources humaines ou matérielles et qu’il doit transférer aux établissements voisins.
À l’inverse, pourquoi ne pas rentabiliser la présence 24/24 des médecins du CHU qui peuvent être appelés à 3 heures du matin, et les rendre accessibles à une communauté médicale du territoire qui se connaît bien ? Chez nous, nous disposons toujours de quelqu’un de joignable avec un sous domaine de compétence. Il faut miser sur un accompagnement spontanément d’égal à égal où l’un amène un plateau technique et l’autre une problématique. Pourquoi lorsqu’il s’agit de renouveler le parc échographique par exemple, ne pas inclure le GHT, la clinique voisine, ses collègues ? Il n’y a pas de tabou à avoir. Le CHU peut être un acteur majeur pour définir les limites et les forces du maillage territorial.
Comment définissez-vous l’éloignement géographique ?
L’éloignement géographique n’est pas qu’une question de kilomètres, c’est une corrélation entre les difficultés de territoire et les ressources périnatales. À Nîmes, nous avons un modèle de conseil de bloc obstétrical interconnectable avec les collègues du territoire ou du GHT. En ajoutant un peu de protocole, un circuit patient, nous pourrions infuser sur le territoire et parler la même langue. Les équipes en nombre suffisant et motivées cassent les distances, et à l’inverse, celles dégradées en termes de ressources humaines, créent de l’éloignement. Les équipes et donc le projet d’établissement doit être communautaire sur le territoire. Une frontière de langue est plus compliquée qu’une frontière purement géographique. Il faut aussi définir les acteurs et les renouveler sinon ils s’épuisent. On avance quand on accepte que « toute idée est bonne à prendre » dans la bienveillance. D’une manière générale, je préfère la technique des petits pas, plutôt qu’un virage à 180°. L’émulation d’un CHU est d’être moteur et de créer une boucle vertueuse.