Faisons le « pitch ». Premier nerf de notre guerre : les médecins. 4 356, c’est le nombre de postes de médecins généralistes et spécialistes à pourvoir actuellement en France, selon le second baromètre du n°1 du recrutement de personnel médical. Le ministère allemand de la Santé a également fait ses comptes : 5 500 médecins manquent à l’appel pour que le système médical fonctionne bien, c’est quatre fois plus qu’en 2006. Les universités de médecine belges appliquent des quotas pour limiter le nombre d’inscriptions d’étudiants français déboutés par leur système universitaire et les médecins roumains manifestent pour stopper l’hémorragie des forces sanitaires de leur pays attirées par les sirènes des pays occidentaux. Nous ne voyons pas le bout du tunnel de la pénurie des médecins. Quel projet d’avenir proposons-nous pour séduire les actuels et futurs élus ?
Deuxième nerf de notre guerre : le financement. Le redressement des comptes publics sera de 18 milliards en 2014, combien en 2015 ? Dans ce contexte, nous n’attendons pas de changement radical de cap car aucun gouvernement ne prendra le risque politique de faire descendre l’hôpital dans la rue. Pas de « printemps de la santé » donc, à l’instar des printemps arabes, mais plutôt une guerre de tranchée.
Nos atouts ? Ils sont très largement supérieurs à nos faiblesses : une identité et une culture fortes, tournées tant vers les médecins que vers les patients ; des partenaires soucieux de pérenniser leur outil de travail ; une réactivité et une créativité incomparables. Par ailleurs, nous sommes bons (95% certifiés en V2010 dont 64% sans réserve, versus 54% pour l’ensemble), et moins chers (22% en moyenne moins chers que l’hôpital). Nous sommes donc LÉGITIMES.
Légitimes pour accroître nos parts de marché, mais aussi, légitimes pour être les initiateurs de l’innovation et du changement. En effet, la meilleure façon d’anticiper l’avenir reste de l’inventer. Cette réflexion passera principalement par la création et l’émergence de filières de soins pour répondre au parcours de soins porté par la ministre et sa Stratégie nationale de santé et à la dé-hospitalisation. Maisons de santé, consultations avancées, HAD, médecine prédictive, évolution des technologies (télémédecine, robot, etc.) mais également celui des techniques de l’information, autant de dossiers sur lesquels nous devons nous positionner pour répondre à l’explosion des maladies chroniques, des pathologies non transmissibles et au vieillissement de la population.
Tout autant légitimes pour ériger l’égalité de droits et devoirs entre les secteurs public et privé comme un principe inaliénable. Si ce principe est respecté, nous valoriserons notre place et notre rôle d’acteur incontournable du paysage sanitaire. A l’inverse si ce principe est bafoué, nous réagirons fermement et sans état d’âme en direction des tutelles et selon la gravité des enjeux, en direction des parlementaires, décideurs en santé et médias à l’aide d’outils administratifs et juridiques.
Entre ces deux digues coule le flot de notre quotidien. Nous avançons sur le coefficient prudentiel ou sur les consultations externes (retrait d’un amendement pénalisant notre secteur) mais nous devons nous battre sur la dégressivité des tarifs. Comment convaincre que dans un métier de service comme le nôtre, les économies d’échelle n’existent pas ? Pour preuve, les nombreuses études sur les effets « taille » ou « gamme » conduites par l’État n’ont jamais permis de conclure de manière claire et tranchée sur ce sujet. Défendre et rappeler la nécessaire « juste » tarification est notre leitmotiv, c’est notre tranchée du moment… de tout temps… Ensemble agissons.