Madame Nicole Klein, Directrice de l’ARS d’Aquitaine
Comment définiriez vous votre métier ?
Je pense qu’on voit son métier de façon différente en fonction de son parcours. Pour moi, être directrice d’ARS, c’est avant tout un métier de coordination. Il ne s’agit pas de médiation, car nous sommes décisionnaires, mais de faire s’asseoir à la même table des personnes et des institutions extrêmement différentes (les ARS sont issues de la fusion de 8 institutions, chacune avec leur culture…) et de travailler ensemble. Une fois que tout le monde a présenté son point de vue, j’ai l’habitude de trancher sur des décisions. Je suis diplômée de Sciences-Po, j’ai ensuite fait l’ENA et exercé de nombreuses fonctions : sous-préfète, préfète, j’ai travaillé deux années aux Etats-Unis à la Banque mondiale, au ministère de l’Equipement, et dans des cabinets ministériels… J’ai travaillé dans des secteurs très diversifiés et je ne vois pas de spécificité particulière dans le domaine de la santé : je suis entourée d’experts mais le métier d’administratif est le même, c’est du management. Comme la plupart des directeurs d’ARS, j’ai été préfiguratrice avant d’être directrice générale, ce qui veut dire que j’ai contribué à la fusion de ces huit institutions. Mon moteur, c’est évidemment le service public.
Être directrice d’ARS, cela veut dire évoluer dans un environnement essentiellement masculin. Comment vous faites-vous à cette situation ?
Les directeurs d’ARS, c’est 6 femmes sur 26. Je ne me l’explique pas. C’est un fait : il y a encore des réticences à proposer des femmes à des postes à responsabilité. C’est important de montrer aux femmes que c’est possible. Quand j’étais préfète, on me demandait « Sous-préfète ? » C’est très gratifiant de voir des jeunes femmes qui vous disent « Alors comme ça, c’est possible… » Je suis convaincue qu’il faut qu’il y ait plus de modèles de femmes à des postes de pouvoir. Là où l’on dit d’un homme qu’il a du caractère, on dira encore d’une femme qu’elle a mauvais caractère, ce sont ces paradigmes qu’il faut changer. Après, il me semble que le management au féminin a ses spécificités : comme elles mènent une double vie, entre leur carrière et leur vie de famille, les femmes ont envie de travailler vite. Il me semble que nous allons directement à l’essence des choses, avec une volonté de poser les problèmes et les conflits plus directement. Avec une femme, un certain degré de violence dans les négociations est rarement atteint. Mais c’est vrai, au début, le temps d’observation par ses collègues d’une femme directrice est plus long. J’ai une vraie distanciation par rapport, à mon travail. Il faut parfois aussi changer de perspective : je connais des hommes qui ne peuvent pas résister à une femme qui pleure. Moi je sais le faire, avec les femmes comme avec les hommes.
Quelle est votre position par rapport à la FHP-MCO ?
La FHP est un interlocuteur important, avec lequel nous menons des discussions franches sur des sujets complexes. Il y a les positions nationales et les positions locales. Parfois, il y a un espace d’adéquation à préserver entre Paris et les régions, et il faut parfois savoir dépasser les positions formelles pour s’adapter aux réalités de terrain.