Les discours, les rapports se succèdent sur l’avenir des maternités, voire s’accélèrent depuis la publication la semaine dernière du chiffre de 4 décès de bébés pour 1 000 naissances, marquant une inquiétante hausse de la mortalité infantile en France. Comment la France, montrée en exemple il y a 20 ans, a-t-elle dégringolé au niveau européen ? Est-ce lié à la fermeture de 75 % de nos maternités depuis les années 1970, interrogent les sénateurs qui alertaient déjà en septembre 2024 sur les écueils d’une réflexion basée sur le seuil d’activité. En effet, le nombre de maternités privées est passé de 143 en 2016 à 107 en 2023, et celui des maternités publiques de 352 à 329.
Dans son avis 149 publié fin février, le Comité consultatif national d’éthique apporte des explications à la baisse de la natalité. Avoir un enfant relève d’un choix individuel, reflet d’un contexte global marqué par des mutations profondes, indique le comité. Par ailleurs, des obstacles médicaux sont aussi un des effets de cette baisse de natalité.
D’autres acteurs cherchent des solutions organisationnelles. Le Syngof et la Société française de médecine périnatale (SFMP) se rejoignent sur l’idée d’un regroupement concerté des plateaux d’accouchement pour une offre de soins sécurisée et de proximité. La Cour des comptes juge pour sa part l’offre « inadaptée et peu efficiente » dans son rapport de 2024, et l’État réhausse à 1 300 naissances le seuil économique des maternités « isolées », versus 1 200 en 2015. Des données, des propositions, mais à quand le temps des actions ?
Un projet de loi, examiné en séance publique le 15 mai prochain à l’occasion d’une niche parlementaire, propose un moratoire de trois ans sur les fermetures de maternités pour « permettre une évaluation fine et territorialisée des établissements menacés ». Cette réponse est totalement inadaptée face à l’urgence. Dans trois ans, combien de maternités auront fermé ?
Nous avons besoin d’un nouveau modèle de financement, en adéquation avec des objectifs d’aménagement du territoire. Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle loi mais d’une volonté politique pour agir maintenant.