Qu’est-ce que la chirurgie cardiaque mini-invasive ?

La chirurgie cardiaque mini-invasive représente une avancée majeure dans le domaine de la cardiologie interventionnelle. Contrairement aux opérations chirurgicales traditionnelles nécessitant une large ouverture du sternum, cette approche moderne permet d’accéder au cœur à travers de petites incisions. Cela réduit considérablement l’impact sur le patient. Sur quels outils repose-t-elle ? Quels sont les bénéfices pour les patients ? Nous vous en disons plus dans notre article.

Qu’est-ce que la chirurgie cardiaque dite « minimale invasive » ?

Cette technique chirurgicale a fait son apparition dans les années 2000. Elle repose sur des progrès technologiques de l’imagerie médicale et la miniaturisation des caméras et instruments médicaux permettant de pratiquer des techniques interventionnelles moins invasives pour les patients.

Ce type d’intervention ne nécessite en effet qu’une ouverture limitée du médiastin, la région de la cage thoracique située entre les deux poumons, contenant le cœur, l’œsophage, la trachée et les deux bronches souches. Les chirurgiens opèrent ainsi à travers des incisions ne dépassant pas les cinq à huit centimètres. Elles sont généralement pratiquées entre les côtes ou par des mini-incisions au niveau du sternum.

Cette technique diffère fortement avec la sternotomie, une opération chirurgicale qui consiste à ouvrir la cage thoracique au niveau du sternum pour atteindre le médiastin et qui implique, quant à elle, une incision bien plus importante de vingt à vingt-cinq centimètres et une convalescence beaucoup plus longue par la suite pour les patients opérés.

Le développement de la chirurgie cardiaque minimale invasive a ainsi été rendu possible grâce à plusieurs innovations technologiques :

  • La vidéo thoracoscopie. Elle permet de visualiser de façon précise l’intérieur du thorax ;
  • Les robots chirurgicaux. Ils garantissent une grande précision du geste opératoire et une bonne ergonomie de travail. Ils apportent le même bénéfice que la cœlioscopie en chirurgie viscérale ;
  • La circulation extracorporelle par canulation périphérique. Elle consiste à dévier la circulation sanguine qui arrive au cœur en passant par une machine « cœur-poumon » afin d’oxygéner et d’accélérer le sang qui est ré-injecté dans l’aorte ;
  • Les instruments chirurgicaux miniaturisés et articulés;
  • Les techniques d’imagerie peropératoire avancées.

 Plusieurs interventions cardiaques peuvent aujourd’hui être réalisées par voie minimale invasive

Le développement de nouvelles stratégies chirurgicales, de nouvelles technologies, ainsi que l’amélioration des techniques d’anesthésie et des soins intensifs a permis de développer des techniques chirurgicales « mini-invasives » qui permettent de traiter certaines pathologies cardiaques comme :

  • Les maladies coronaires ou aortiques ;
  • Les troubles du rythme cardiaque comme la fibrillation atriale ;
  • Les malformations ;
  • Les cardiomyopathies…

Les bénéfices de cette approche sont multiples :

La chirurgie cardiaque « mini-invasive » présente de nombreux avantages pour les patients atteints de pathologies cardiaques. Elle réduit de façon significative les traumatismes, pouvant parfois être très lourds après une chirurgie cardiaque traditionnelle. Elle permet par ailleurs, de prendre en charge des patients trop fragiles pour subir une intervention chirurgicale conventionnelle. Elle offre ainsi aux patients…

Sur le plan physique :  

  • Une réduction significative des douleurs post-opératoires et par conséquent, une diminution des besoins en analgésiques ;
  • Une diminution des saignements, soit une moindre nécessité d’avoir recours à des transfusions sanguines ;
  • Un risque réduit d’infections post-opératoires ;
  • Une réduction des complications pulmonaires grâce à une meilleure mécanique respiratoire post-opératoire.

Sur le plan psychologique :  

  • Une réduction de l’anxiété liée à l’intervention et à ses conséquences ;
  • Un impact psychologique réduit, lié à l’absence de large cicatrice sternale visible ;
  • Une amélioration de l’image corporelle post-opératoire.

Sur le plan esthétique :

  • Des cicatrices beaucoup plus petites, plus esthétiques et donc moins visibles ;
  • Une préservation de la stabilité thoracique (pas de division complète du sternum).

Bénéfices sur la récupération globale :

  • Un séjour plus court en soins critiques ;
  • Un temps d’hospitalisation raccourci (souvent 3-5 jours contre 7-10 jours) ;
  • Une récupération fonctionnelle accélérée ;
  • Une reprise plus rapide des activités quotidiennes.

Ces bénéfices contribuent non seulement à améliorer les résultats cliniques, mais également à optimiser l’expérience globale du patient tout au long de son parcours de soins.

Les avancées majeures dans le domaine

Chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque, associée à un dysfonctionnement de la valve mitrale (une valve qui relie le ventricule gauche et l’oreillette gauche du cœur), le recours à la chirurgie mini-invasive à l’aide d’un cathéter que l’on introduit jusque dans le cœur par voie artérielle, réduit de manière significative les hospitalisations et la mortalité liées à cette maladie, selon une récente étude. Ces résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine.

Récemment, un patient de plus de 70 ans souffrant d’insuffisance mitrale sévère a bénéficié en octobre 2024, de l’implantation d’une bioprothèse mitrale par cathéter. Cette procédure s’est déroulée sans arrêter son cœur et sans avoir recours à la circulation extracorporelle, ce qui a permis de diminuer considérablement les risques opératoires et les complications postopératoires. La prothèse a été guidée jusqu’au cœur via le ventricule gauche, où elle a été déployée avec une précision millimétrée pour remplacer la valve mitrale défectueuse.

Dans la même année, une entreprise a mis au point un dispositif permettant de traiter la régurgitation tricuspide. Cette technique de réparation transcathéter bord à bord constitue une alternative de traitement pour les patients à haut risque chirurgical. Après des essais cliniques concluants, la Food and Drug Administration vient d’approuver l’usage de ce dispositif aux Etats-Unis. Le centre médical de l’Université de Californie à Davis se réjouit d’être l’un des premiers sites du pays à proposer ce système innovant à ses patients.

De façon générale, les techniques de chirurgie transcathéter, permettant d’intervenir sur le cœur sans aucune incision thoracique, représentent une véritable évolution vers une médecine cardiaque toujours moins traumatisante. 

Sources :