Les infections urinaires augmentent-elles le risque de cancer de la vessie ?

En France, le nombre de nouveaux cas de cancers infiltrants de la vessie diagnostiqués était de 13 074 en 2018 selon les dernières données communiquées par Santé Publique France. Si le tabac constitue le premier facteur de risque de développer ce type de cancer, les infections urinaires répétitives pourraient également favoriser son apparition. Explications.

 

 

 

Rappel du rôle de la vessie

Organe qui recueille et stocke l’urine produite par les reins, la vessie se compose d’un muscle, le détrusor, recouvert d’une muqueuse appelée l’urothélium. Ce dernier recouvre la paroi de tout le système urinaire. Extensible, la vessie se remplie en recueillant l’urine, qui est ensuite éliminée au travers de l’urètre au moment de la miction, par contraction de sa paroi musculaire.

Quelles sont les spécificités du cancer de la vessie ?

Les affections de la vessie peuvent être multiples allant du polype bénin à la tumeur cancéreuse. Dans les formes malignes, les tumeurs peuvent se développer à l’intérieur de la vessie sans envahir la paroi musculaire. Ces tumeurs dites « superficielles » ne se propagent pas sur les organes avoisinants. C’est le type le plus commun de cancer de la vessie. En revanche, lorsque la tumeur se développe dans le muscle de la vessie et se propage dans les muscles environnants, il s’agit alors de tumeur infiltrante de la vessie. Ce type de cancer risque alors de se répandre à d’autres parties du corps comme les ganglions lymphatiques ou les autres organes avoisinants. Plus difficile à traiter, on parle alors de cancer de la vessie localement avancé ou métastatique. À ce stade, il s’avère plus difficile à traiter, limitant les chances de guérison. Dans certains cas, le traitement se limite au contrôle de l’extension du cancer et à réduire les symptômes associés.

Les 3 principaux facteurs de risque favorisant un cancer de la vessie

  • Le tabagisme. Les produits chimiques contenus dans le tabac se concentrent dans l’urine et affectent les cellules de la muqueuse de la vessie. Les non-fumeurs régulièrement exposés à la fumée de tabac (tabagisme passif) sont également davantage à risque.
  • Une exposition régulière et prolongée à certaines substances chimiques. Les produits utilisés dans la fabrication de polyéthylènes et d’acryliques, les sels de cadmium, le goudron ou encore les dérivés chlorés présents dans l’eau des piscines sont particulièrement nocifs et peuvent impacter la vessie.
  • Une irritation chronique de la vessie. Moins connues, les infections urinaires chroniques augmentent également le risque de cancer de la vessie.

Quelles sont les symptômes qui doivent alerter ?

  • Des envies fréquentes d’uriner ;
  • Des brûlures lors de la miction ;
  • La présence de sang dans l’urine ;
  • Des troubles prostatiques ;
  • Des douleurs localisées dans le bas du ventre ;
  • Une perte de poids ;
  • Une fatigue persistante.

Quel lien avec les infections urinaires ?

Selon une étude publiée par des chercheurs de l’Inserm, du CHU de Toulouse, de l’Inrae, de l’Université Toulouse III et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, des irritations répétées de la vessie, que ce soit dues à des infections urinaires, à des calculs vésicaux ou à l’utilisation prolongée de sondes urinaires, peuvent entraîner une inflammation chronique de la paroi de la vessie. Cette inflammation chronique peut, dans de rares cas, augmenter le risque de certains types de cancers de la vessie, en particulier les cancers vésicaux à cellules squameuses.

Cette équipe de chercheurs a découvert dans ses travaux de recherche basés sur un échantillon de 223 adultes admis aux urgences du CHU de Toulouse, qu’une toxine appelée la colibactine était présente dans au moins 25 % des prélèvements d’urine chez des patients atteints d’une infection urinaire.

Cette équipe a ensuite étudié l’effet de la colibactine dans l’appareil urinaire de la souris. Elle a constaté que la toxine endommageait l’ADN des cellules de la muqueuse de la vessie. Ces dégâts peuvent être à l’origine de mutations, et donc de cancers de la vessie. Les chercheurs concluent « qu’il est probable que ces mutations soient associées à un risque accru de cancer de la vessie ».

Bien qu’elle reste à démontrer formellement, la découverte d’une relation entre les infections urinaires et le cancer de la vessie ouvrirait de nouvelles possibilités de suivi et de dépistage de cette maladie. Les auteurs de l’étude suggèrent « une recherche systématique des marqueurs de la colibactine » dans les urines de personnes souffrant d’infections urinaires récurrentes. Quelque 150 millions de personnes souffriraient chaque année d’une infection urinaire. 

Comment prévenir le cancer de la vessie ?

Plusieurs facteurs biologiques et substances nocives peuvent augmenter le risque de développer un cancer de la vessie. Pour s’en prémunir, il est important de maintenir un mode de vie sain. Il est pour cela recommandé :

  • De manger sainement en privilégiant des produits frais et bio de préférence pour éviter les pesticides ;
  • De bien s’hydrater quotidiennement pour favoriser l’élimination des toxines et autres résidus en buvant chaque jour entre 1.5 et 2 litres d’eau ;
  • De ne pas fumer;
  • De respecter les règles de sécurité en milieu professionnel afin d’éviter l’exposition prolongée à des produits chimiques nocifs.

Quand consulter un médecin ?

Les infections urinaires fréquentes ou les symptômes urinaires persistants telles que des douleurs dans le bas du ventre, des brûlures lors de la miction ou la présence de sang dans les urines nécessitent une consultation médicale. Sur la base d’un examen clinique en premier lieu, l’objectif est de vérifier si d’autres causes peuvent être à l’origine de ces symptômes.

En cas de doute selon les antécédents médicaux du patients et la sévérité des symptômes, un examen plus approfondi, comme une cytoscopie, un examen visuel de la vessie à l’aide d’une caméra, peut alors être recommandé afin de déceler la possible présence d’une tumeur cancéreuse.

Sources :