Dr Patrick GASSER, président de Avenir Spé
Que retenir des Rencontres de la médecine spécialisée qui se sont déroulées à Lille la première semaine d’octobre ?
Les Rencontres de la médecine spécialisée organisées par Avenir Spé ont porté sur l’identité du syndicat, l’évolution des pratiques et les projets. En amont du congrès, l’ensemble des représentants des différents spécialités avaient travaillé à la définition d’un socle commun. Avenir Spé se mobilise sur les sujets de l’accessibilité des soins, de la défense et de la promotion de toutes les spécialités médicales, et des réflexions à mener face à l’émergence de l’IA. D’une part, nous observons ce qui se fait dans les États européens afin d’avoir une vision d’ensemble, d’autre part nous réfléchissons à la meilleure réponse à apporter. Afin de répondre à l’expression d’une volonté de ne plus travailler en silo exprimée par les pharmaciens, les kinésithérapeutes, les orthophonistes, les infirmiers… nous voulons disposer d’une vision sociologique de l’ensemble des acteurs afin de favoriser la prise en charge de tous, y compris des populations en situation de handicap ou de fragilité mentale pour lesquelles nous observons un déficit de prise en charge. Nous devons mieux faire, adapter nos pratiques.
La réflexion que nous menons sur la santé mentale est fondamentale. Elle intéresse notamment les jeunes, les femmes enceintes ou post partum et les personnes âgées.
Avenir Spé a fait paraître sur son site un manifeste pour un meilleur accès aux soins. Pouvez-vous en parler ?
L’ensemble des propositions d’Avenir Spé sont rassemblées dans le Manifeste d’Avenir Spé : pour un meilleur accès aux soins. Ce sont 30 pages faciles à lire. Pour chaque typologie de population en situation de précarité nous proposons un dépistage, des actions concrètes et les modalités de l’évaluation. Ainsi pour les jeunes, nous préconisons le dépistage systématique d’une éventuelle fragilité mentale lors des consultations obligatoires. Chez les femmes enceintes, un questionnaire d’évaluation permettrait d’identifier les personnes à risque. Pour les personnes âgées, nous encourageons la formation et nous avons demandé à nos gériatres de faire plus de téléexpertise.
Le manifeste de Avenir Spé recense sept actions : faciliter l’accès aux spécialistes, réduire les délais de prise de rendez-vous, disposer de structures de soins adaptées tels les équipes de soins spécialisés (ESS), les instituts du sein, les pôles mère-enfant ou les pôles santé mentale, de plus associer le patient à sa prise en charge avec les ateliers d’éducation thérapeutique du patient (ETP), favoriser la coopération des soignants autour d’un même patient, contribuer à la réduction du déficit de la sécurité sociale par le bon usage du médicament, la pertinence des soins et la formation – y compris la formation à la déprescription – et enfin promouvoir le dépistage et la prévention auprès des populations fragiles.
Avenir Spé est l’unique syndicat à disposer d’un manifeste qui recense un socle d’actions destinées à améliorer les pratiques et faire prendre conscience des enjeux.
Dans une dernière partie de ce manifeste « Rêvons un peu », nous nous sommes projetés en 2034. Les médecins travaillent moins mais mieux, la fin du numérus clausus de 2018 produit ses effets, les objets connectés favorisent le suivi au domicile des patients, la collaboration interprofessionnelle devient réalité et chaque professionnel de santé offre aux usagers le meilleur de ses compétences. Il est au service des patients. Au parlement est voté un PLFSS pluriannuel qui propose un budget à la hauteur des enjeux, des investissements massifs et une rémunération digne aux praticiens.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Avenir Spé compte diffuser largement son Manifeste afin que chacun se l’approprie et l’enrichisse.
Par ailleurs, nous avons signé la convention, n’y revenons pas. Avenir Spé participera aux séances de travail relatives à cette convention avec la mise en place de commissions dont celle sur les contours de l’avis ponctuel de consultant (APC). Et puis, les sujets importants : négociations sur le temps travail, mise en place d’une commission sur les taux de charge seront étudiés dans le cadre de la fondation de la classification commune des actes médicaux (CCAM).