Gorka NOIR, directeur de la Clinique de l’Estrée (93)
Votre établissement est désigné comme « établissement de premier recours » pour les Jeux Olympiques. Qu’est-ce que cela signifie ?
L’ARS d’Île-de-France a demandé à douze établissements, dont trois privés*, de renforcer leur capacité en ouvrant des lits et en augmentant les capacités d’accueil. Ce dispositif répond à une éventuelle hausse de la demande de soins urgents de la part de la population, des supporters et des athlètes. La localisation de la Clinique de l’Estrée entre la piscine Olympique et le stade de France, entraînera très probablement un afflux de patients du fait de la chaleur, en plus des risques plus graves de gestion de crise.
La Clinique de l’Estrée ne ferme jamais puisqu’elle dispose d’un service d’urgences et d’une maternité. Pour répondre à la demande de l’ARS, en plus des services habituels, nous avons ouvert un service de médecine et de chirurgie en traumatologie, viscéral et urologie, un service de soins critiques, un service d’aval des urgences et deux salles de bloc opératoire.
Tout comme nous l’avions fait durant la crise covid, nous avons répondu favorablement à la demande de l’ARS. L’hospitalisation privée ayant toute sa place dans la participation à cette manifestation sportive.
Est-ce que l’organisation quotidienne a été modifiée ?
Même si nous ne sommes qu’à 3 km des stades olympiques, les voies de circulation seront naturellement préservées. L’autoroute restera ouverte.
L’activité quotidienne est maintenue car il est peu probable que les habitants du nord francilien désertent la capitale pour éviter la foule. C’est la raison pour laquelle nous avons renforcé notre capacité d’accueil. Certes nous aurons, comme chaque mois d’août, légèrement moins de chirurgie programmée, mais nous anticipons une augmentation des passages aux urgences, la densité de population sur le territoire augmentant.
Quelles formations avez-vous suivies ?
Cette participation active a demandé de gros efforts d’organisation et le recrutement de professionnels. Il n’y a pas eu de formation spécifique à la prise en charge normale puisque toute l’année nous faisons de la traumatologie, de l’urologie et du digestif. En revanche, durant le premier semestre 2024, sous l’égide de l’ARS, nous avons procédé à des exercices internes pour pallier les risques d’accidents radiologiques, de cyberattaque et d’accueil en masse de victimes (ORSAN), en simulant une arrivée massive de victimes transportées par les secours, plus toutes celles qui arriveraient par leurs propres moyens.
Lors du travail réalisé en amont, nous avons bénéficié d’un accompagnement bienveillant et constant de la part de l’ARS. La coopération entre les secteurs de l’hospitalisation publique et privée, mise en place depuis le covid, fonctionne parfaitement sur le territoire. La préparation s’est faite en collaboration avec les établissements proches. Les professionnels de la clinique seront là et feront leur métier comme ils le font au quotidien. Espérons que nous ne servirons à rien de grave…
* L’hôpital Privé de Marne Chantereine à Brou-sur-Chantereine (proche Torcy), Clinique de l’Estrée à Stains, Hôpital Privé de l’Ouest Parisien (HPOP) à Trappes.