1,2,3 Questions – Dr Michèle Brami

Dr Michèle BRAMI, Médecin conseil expert – FHP MCO

La FHP-MCO vient de publier son dernier Data qui fait l’état des lieux de l’activité d’obstétrique en France de 2008 à 2023. Quelles grandes tendances ressortent ?

L’élément majeur apparaissant dans cette étude est la baisse de la natalité en France, amorcée dès 2011, de l’ordre de moins 1 à 2 % par an, et qui a subi un choc spectaculaire au cours de l’année 2023, avec une régression de près de 7 % pour cette seule année. Le nombre d’accouchements et de naissances a reculé de 17 % sur cette période et l’activité du secteur privé de 47 %. Le secteur public, bénéficiant du transfert de l’activité privé, n’a enregistré qu’un faible recul.

La diminution a été plus marquée sur les accouchements par voie basse (-18,2 %) par rapport aux césariennes dont la régression n’est « que » de 12,3 %. Ce différentiel entraîne une augmentation du taux de césarienne (21,4 % en 2023), qui reste cependant nettement inférieur à celui des pays de l’OCDE (28 %).

Quelle est la place de l’obstétrique privée en 2023 ?

En termes de parts de marché, le secteur privé est passé de 28 % à 18 % de l’activité d’obstétrique en France entre 2008 et 2023. L’activité obstétricale des cliniques privées n’est plus représentée dans 43 départements, et la seule région dans laquelle le secteur privé conserve une place importante est l’Occitanie (39 % des naissances).

En termes de nombre d’établissements, le secteur privé a perdu 26 % de ses structures depuis 2013, et même 36 % depuis 2008, ce qui témoigne d’un mouvement engagé de longue date et antérieur à la baisse de la natalité. Dans le même temps, le secteur public ne perdait « que » 7 % de ses établissements. Il est vrai cependant que ces fermetures d’établissements se sont souvent faites au profit de la création d’entités plus grandes.

En termes d’éloignement des structures, 83,7 % des enfants de 2022 sont nés dans une maternité située dans leur département de résidence, et même 86,5 % pour les cliniques privées, contre 76,1 % pour les CHU qui recrutent plus largement.

L’analyse par type d’autorisation des structures témoigne-t-elle de restructurations importantes au cours des 10 dernières années ?

De profondes restructurations ont eu lieu ces 10 dernières années. Le secteur privé a perdu 40 maternités de type 1 sur cette période, mais en a gagné 5 de type 2 en procédant à des regroupements. Le secteur public a élargi son offre de centres périnatals de proximité, mais en réduisant son offre de structures de type 1.

51 % de la totalité de l’activité d’obstétrique en France est produite par des maternités de type 2, celles de type 3 assurant un petit tiers de l’activité nationale (32,3 %) et celles de type 1 uniquement 16 %.

Au sein de ces catégories, le secteur privé réalise 36 % de l’activité des maternités de type 1 et près de 23 % de celle des maternités de type 2. À niveau égal, chaque maternité privée a une activité moyenne plus importante en nombre de séjours que son équivalent en secteur public.

Malgré la réduction du nombre d’établissements et du nombre de lits, la capacité restante doit permettre de répondre aux besoins en l’état actuel de la natalité en France. Mais, nous pouvons nous interroger si nous retrouvons le niveau de 800 000 naissances par an.

La baisse de la natalité, avec son accélération spectaculaire en 2023, mérite par ailleurs une analyse autre que strictement médicale.

Découvrir le Data FHP-MCO, état des lieux de l’activité d’obstétrique 2008-2023