Dr Jean-Claude PITAT, président de la FHP Guadeloupe
Comment la préparation et la publication du plan régional de santé en Guadeloupe se sont-elles déroulées ?
Le PRS 2023-28 de la Guadeloupe inclut également les 2 îles du nord, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. En théorie, il aurait dû être défini en coconstruction avec l’ensemble des acteurs et partenaires de notre territoire, mais dans les faits ce n’est pas vraiment le cas. Des réunions ont bien eu lieu mais elles n’ont pas généré un débat de fond, les grandes lignes étant déjà écrites à l’avance. Donc on ne peut pas dire qu’il y ait eu des prises de décision consensuelles, mais nous y sommes habitués. C’est pour nous un constat toujours navrant, étant donné que le secteur de santé privé assure plus de 60 % de l’activité de l’île, mais les grands axes sont souvent décidés en faveur du public, comme si le privé était le mauvais élève de la classe. Nous ne parlons peut-être pas suffisamment fort mais aujourd’hui, le secteur public a l’arbitre de son côté.
Peut-on parler d’une vraie politique de territoire ?
Je vais citer un exemple. Nous faisons de la médecine de haut niveau à Basse Terre depuis de nombreuses années, malgré tout, lors de l’octroi d’autorisations d’appareils d’imagerie, des établissements publics de soins médicaux et de réadaptation se sont vu remettre des équipements qui ne relèvent pas de leurs catégories de soins. 4 appareils ont ainsi été distribués dans 4 hôpitaux publics, dont 2 qui ne font pas de médecine. Le secteur privé a été tout simplement ignoré. Pourtant, l’hospitalisation privée en Guadeloupe prend en charge 76 % de la chirurgie ambulatoire, 42 % du traitement du cancer, 72 % des soins médicaux et de réadaptation, 90 % de la dialyse, 23 % de la psychiatrie et plus de 80 % des patients relevant de l’hospitalisation à domicile. C’est inacceptable, inique et DG dépendant, et nous avons le sentiment que tout se décide à Paris. Difficile ainsi de parler d’une vraie politique de territoire.
Quels sont les points de vigilance ?
Le découpage des territoires est ce qui pose problème actuellement. Par exemple, un gros établissement de santé de Baie-Mahault va être rattaché à la Grande Terre alors qu’il est implanté en Basse Terre, ce qui peut modifier le devenir des autres établissements sur le territoire de Baie Mahault. Quid également des HAD rattachées aux établissements ? Donc nous aimerions connaître la feuille de route de la tutelle pour comprendre la décision, et potentiellement l’expliquer aux futurs DG ARS à l’avenir. Nous préfèrerions trouver une entente plutôt que déposer un recours.
Nous avons globalement de bons rapports avec l’ARS Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy mais tout est réglé d’une manière extrêmement administrative. Donc nous restons vigilants aussi au niveau des autorisations pour ne pas qu’il nous soit reproché plus tard notre manque d’intérêt ou de participation.