La France connaît une baisse générale des naissances avec un recul plus prononcé dans le Sud, supérieur à 7,5 %, quand celui du Nord s’affiche inférieur à cette médiane nationale. Le dynamisme de la natalité influe sur l’aménagement du territoire, le logement, l’éducation, le travail. Les conséquences sont systémiques. L’augmentation de la mortalité infantile en France noircit de plus le tableau : notre pays est passé du 7e au 27e rang des pays de l’OCDE en trois décennies, et enregistre 1 200 décès supplémentaires par rapport à la Suède par exemple. Si les raisons de la chute des naissances et de l’augmentation de la mortalité infantile sont plurifactorielles, le système de santé joue aussi sa part.
Réassurer la population sur une offre périnatale très solide est essentiel. Or, nous observons une tendance baissière de l’offre de soins dans les territoires avec des maternités à la peine en termes de ressources humaines, d’équipements et économiques. En accord avec la proposition n°3 de la mission flash sur la mortalité infantile portée par deux députés, il est impératif d’assurer la triple permanence des soins – obstétrique, anesthésique, pédiatrique – au sein de toutes les maternités. En effet, les accouchements doivent se dérouler dans une maternité pourvue en professionnels en nombre et en compétences suffisants pour faire face aux complications référencées dans la littérature scientifique.
Par ailleurs, nous sommes également d’accord avec l’objectif d’un lit de réanimation et d’un lit d’unité de surveillance continue pour 1 000 naissances (proposition n°5). De même, il est nécessaire de renforcer significativement les dispositifs d’hébergement à proximité des maternités et de communiquer sur les bénéfices de ce dispositif auprès de la population.
En revanche, il manque une proposition sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) des professionnels de la naissance et sur leur meilleure répartition en fonction des besoins vitaux. En effet, par exemple, si le nombre de sages-femmes a considérablement augmenté, l’exercice libéral croît également, en accord avec le virage ambulatoire général pris dans notre pays. En une décennie, la proportion de sages-femmes exerçant en libéral de manière exclusive ou mixte est passée de 18 à 34 %. Côté praticiens, sur 9 484 places ouvertes en internat de médecine, seules 237 concernent la gynécologie-obstétrique et 377 la pédiatrie, sans garantie de surcroît que ces praticiens choisiront d’exercer dans un établissement hospitalier.
La natalité française est un sujet extrêmement préoccupant que la nouvelle ministre devra prendre à bras le corps en venant en soutien aux maternités et à leurs équipes.
Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO