Maladie de Charcot : Un nouveau test sanguin conduirait à un diagnostic plus rapide

La sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou plus communément appelée la maladie de Charcot touche cinq personnes chaque jour en France selon l’Association pour la Recherche sur la SLA. Bien qu’incurable, des travaux de recherche permettraient toutefois d’obtenir un diagnostic précoce, qui faciliterait la prise en charge et une plus grande maîtrise de son évolution. Nous vous en disons plus…

Qu’est-ce que la maladie de Charcot ?

Maladie dégénérative, la sclérose latérale amyotrophique ou « maladie de Charcot » se caractérise par une paralysie progressive des muscles de la motricité, mais aussi de la parole et de la déglutition.

Selon l’Inserm, elle touche majoritairement les personnes entre 50 et 70 ans.  Il a été constaté que les personnes très actives, dont les grands sportifs, y sont plus fréquemment sujets. Dans 10% des cas, il s’agit d’une forme héréditaire.

Cette pathologie évolue de façon rapide, entraînant la destruction progressive des motoneurones, les cellules nerveuses qui dirigent et contrôlent les muscles moteurs : ceux dits centraux, localisés dans le cerveau, et ceux dits périphériques, situés dans le tronc cérébral et la moelle épinière qui assurent de façon générale, le relai entre les motoneurones centraux et les muscles.

L’espérance de vie est à ce jour évaluée entre trois et cinq ans après la pose du diagnostic.

Les 7 principaux symptômes :

  1. Une perte de tonicité musculaire dans les bras ou les jambes ;
  2. Une raideur des membres et des contractures ou au contraire une grande mollesse ;
  3. Des difficultés à articuler et à déglutir ;
  4. Une hypersalivation ;
  5. Une difficulté à maintenir droits la tête et le tronc ;
  6. Des troubles de la coordination ;
  7. Des difficultés respiratoires.

Les différentes formes de la maladie de Charcot

  • Bulbaire : Dans environ 30% des cas, elle touche d’abord le tronc cérébral. Les premières manifestations sont des difficultés à articuler ou à déglutir.
  • Spinale : Elle atteint les fibres nerveuses de la moelle épinière. Dans la majorité des cas, elle entraîne une faiblesse et une gêne au niveau d’un bras, d’une jambe ou d’une main.

Des travaux de recherche porteurs d’espoir

Depuis plusieurs années, de nombreux travaux de recherche sont consacrés à la maladie de Charcot. Les différents travaux menés ont notamment permis d’approfondir et de développer les connaissances sur cette maladie au pronostic assez sombre.

Une trentaine de gènes impliqués dans le développement de cette maladie ont été identifiés et plus particulièrement le gène C9ORF72, dont la mutation est observée dans plus de 40% des formes familiales. Une nouvelle découverte pourrait également permettre d’accélérer le diagnostic, pour une meilleure prise en charge des patients atteints.

Un test sanguin permettrait un diagnostic plus rapide

Une équipe américaine a récemment mis au point un test sanguin qui permettrait d’analyser les fragments génétiques appelés « microARN ». Les résultats de leurs travaux ont notamment été publiés dans la revue scientifique « RNA Biology ».

Selon ces chercheurs « Le microARN est extrait de petites particules dans la circulation sanguine appelées vésicules extracellulaires, qui protègent la cargaison génétique de la dégradation. Une protéine unique : L1CAM, engendre une concentration de particules qui permet de faire le diagnostic de la SLA. »

L’analyse de ces fragments présents dans le sang permettrait de déterminer si une personne est atteinte de la maladie de Charcot.

140 participants ont participé à cet essai. Les obtenus résultats ont permis d’identifier de façon précise, les personnes atteintes par la maladie. Ce test pourrait ainsi aider les neurologues à poser un diagnostic à la fois fiable et rapide, selon le Docteur Rachael Dulop, à l’initiative de cette étude.

La France a par ailleurs, approuvé au cours du mois d’octobre 2023, un nouveau traitement de la maladie de Charcot.

Les autorités sanitaires françaises ont en effet confirmé avoir approuvé, sous certaines conditions, un nouveau traitement appelé « l’AMX0035 ». Sa prescription est pour le moment autorisée à titre dérogatoire, aux malades dont les premiers symptômes de la maladie sont apparus depuis moins de douze mois ou depuis plus de trois ans.

Ce dispositif permet d’utiliser des médicaments sans autorisation de mise sur le Marché (AMM) en France dans une indication particulière pour traiter des maladies graves ou/et rares lorsqu’il n’existe pas de traitement approprié, que le patient ne peut être inclus dans un essai clinique de la molécule et que la mise en œuvre du traitement ne peut être différée. Les conditions d’attribution de ce traitement seront par ailleurs, réévaluées d’ici janvier 2024.

Les spécificités de l’AMX0035

Le traitement par AMX0035 combine deux molécules déjà utilisées dans d’autres indications que la SLA :

  • Le phénybutyrate de sodium. Un inhibiteur de l’histone-désacétylase pour réduire le mécanisme de « stress du réticulum endoplasmique (stress du RE) » qui peut contribuer à la dégénérescence des motoneurones.
  • L’ursodoxicoltaurine (TUDCA ou TURSO). Son rôle est de diminuer le stress mitochondrial et de permettre aux cellules de produire l’énergie nécessaire à leur survie. Son utilité dans la SLA a été montré dans une étude phase 2 (étude CENTAUR) réalisée contre placebo chez 137 patients dans les plus grands centres universitaires mondiaux impliqués dans la prise en charge de la SLA.

Les résultats de cette étude, publiés fin 2020 ont montré une bonne tolérance et une baisse significative du déclin fonctionnel. De plus, elle a également démontré une augmentation de l’espérance de vie de 6,5 mois en moyenne pour les malades traités dès l’inclusion, soit une diminution du risque de décès de 43% pour ceux s’étant vu attribuer le traitement à l’entrée dans l’étude. Ces résultats attendent d’être confirmés par la phase 3 PHOENIX actuellement en cours précise l’Association pour la recherche sur la SLA (ARSLA).

Des avancées encourageantes pour des milliers de patients touchés chaque année en France.

Sources :