Dr Alexandra Fourcade, cheffe du bureau des usagers de l’offre de soins, DGOS, ministère de la Santé
Comment envisagez-vous la nouvelle mission du représentant des usagers ?
Le ministère de la Santé et de la Prévention demeure attentif à ce que la démocratie en santé fonctionne via les Commissions des usagers mises en place depuis le 4 mars 2002 (Loi n° 2002-303). Toutefois, de nouvelles portes s’ouvrent actuellement aux représentants des usagers qui souhaitent s’engager dans la transformation du système de santé via une participation accrue aux soins, à la formation et à la recherche.
C’est dans ce cadre que depuis début 2023, en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le ministère de la Santé et de la Prévention a engagé une réflexion sur la participation de patients à la formation des futurs médecins. L’idée étant que les futurs médecins reconnaîtront d’autant plus la parole des patients qu’elle est intégrée à la formation professionnelle et qu’elle constitue un élément déterminant de l’alliance thérapeutique. Au-delà de la compétence professionnelle, la communication avec le patient est fondamentale.
L’article 3 de la loi de 2019, relative à l’organisation et la transformation du système de santé (OTSS), stipule que les études médicales doivent « favoriser la participation des patients dans les formations pratiques et théoriques des futurs médecins ». La crise COVID ayant freiné la mise en œuvre de cette disposition, c’est début 2023 que s’est mis en place un comité de pilotage associant des représentants du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, du ministère de la Santé et de la Prévention, de la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine, des collèges des spécialités médicales, l’Association nationale des étudiants en médecine de France, France Assos santé et des patients participant à l’enseignement. Ce comité de pilotage a permis de dresser un état des lieux de la situation au travers de plusieurs enquêtes menées notamment via la conférence des doyens auprès des facultés de médecine, et via l’association nationale des étudiants en médecine de France, ainsi que par des entretiens auprès de nombreux acteurs. Face à l’hétérogénéité des réponses, un ensemble de recommandations pour la prise en compte de l’expérience du patient dans le cursus universitaire a été formulé.
Comment s’organisent les recommandations ?
Quatre grands chapitres de recommandations amènent à une évolution des programmes pédagogiques.
Le premier chapitre affirme que la participation du patient dans le cursus de formation est une innovation pédagogique au même titre que la simulation ou d’autres techniques d’enseignement.
Il souligne la nécessité de co-construction des programmes pédagogiques tout au long des 1er, 2e et 3e cycles, en veillant à la continuité et la progressivité de la participation selon le degré de complexité des enseignements.
Le chapitre suivant s’intéresse au recrutement des patients. La participation des patients à l’enseignement doit être adaptée aux besoins de la formation et aux conditions de l’intervention : cours en amphithéâtre ou en travaux dirigés. De même, une évaluation de la valeur ajoutée de la participation du patient dans la formation des futurs médecins est prévue.
Les dernières recommandations s’intéressent à l’encadrement. Une charte, structure le partenariat patient/établissement de formation. Le patient intervient en binôme avec un enseignant chercheur. Les patients auront le statut d’enseignant vacataire ou de collaborateur occasionnel du service public.
Le nouveau rôle du patient, désormais inscrit dans la formation des médecins, sera progressivement déployé pour l’ensemble des professions de santé et dans la formation continue. La communication médecin/patient est par ailleurs qualifiée de priorité nationale, dans le cadre de la formation continue des professionnels de la fonction publique hospitalière.