Thérapie génique : Où en sommes-nous ?

Aujourd’hui en France, les maladies génétiques touchent plus de 3 millions de personnes. Avec plus de 30 000 nouveaux cas diagnostiqués en moyenne chaque année, il s’agit d’un véritable problème de santé publique. La thérapie génique fait partie des espoirs thérapeutiques les plus innovants pour traiter ces pathologies. Sur quoi repose cette pratique ? Que peut-elle traiter ? État des lieux.

Qu’est-ce que la thérapie génique ?

La thérapie génique a vu le jour dans les années 60, à la suite des découvertes faites par James Watson et Francis Crick autour de la structure de l’ADN. Le premier succès clinique s’est par la suite produit en France, dans les années 2000 : Le professeur d’immunologie Alain Fischer et son équipe de l’Inserm sont parvenus à soigner quatre « bébés bulles » souffrant d’un déficit immunitaire sévère. Ces derniers étaient notamment contraints de vivre dans un environnement entièrement stérile, sous peine de mourir d’une infection. Via un vecteur viral de type rétrovirus, l’équipe a réussi à insérer une copie saine du gène malade dans l’organisme des enfants.

Selon l’Inserm, la thérapie génique, également appelée « génothérapie », consiste plus précisément à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie. Cette approche a été conçue pour suppléer un gène défectueux en cas de maladie monogénique, c’est-à-dire, liée à la dysfonction d’un seul gène. Elle consiste à délivrer aux cellules un gène « sain » capable de suppléer le gène « malade ».

Cette technique innovante repose sur différentes stratégies :

  1. Suppléer un gène malade.
  2. Éliminer ou réparer un gène altéré directement dans la cellule.
  3. Modifier l’ARN pour obtenir une protéine fonctionnelle.
  4. Produire des cellules thérapeutiques par thérapie génique.
  5. Utiliser des virus génétiquement modifiés pour anéantir des cellules cancéreuses.

Elle peut être effectuée : 

  • Directement dans l’organisme le patient ;
  • En laboratoire avant de les réinjecter au malade.

Une innovation thérapeutique qui suscite un vif intérêt de la part de la communauté scientifique

Cette technique est aujourd’hui intégrée au sein d’un réseau de recherche financé depuis 2017 par la Région Île-de-France : le DIM (Domaine d’Intérêt Majeur). Le DIM a permis la structuration d’un réseau d’excellence autour d’une stratégie thérapeutique de médecine personnalisée.

Fruit de cinq années de recherche, les résultats des travaux menés par plusieurs équipes scientifiques sont plus que satisfaisants et surtout prometteurs pour des milliers de malades en errance thérapeutique.  Des accomplissements majeurs ont été réalisés, en particulier par l’Institut Imagine, pionnier dans les recherches et les traitements fondés sur les thérapies géniques.

Focus sur les résultats clés de ce programme et les accomplissements majeurs réalisés dans le domaine depuis 2017

  • 12 millions d’euros dédiés à la recherche en thérapie génique
  • 56 projets soutenus dans 11 domaines thérapeutiques stratégiques, avec 33 recrutements
  • 42 publications scientifiques portées par les membres du réseau
  • Création d’une plateforme AAV à l’Institut Imagine et renforcement de deux plateformes AAV à l’Institut de la Vision et au Centre de Recherche en Myologie
  • 15 brevets déposés
  • Plus de 10 collaborations avec des industriels, big pharma, biotechs et start-ups
  • Plus de 25 millions d’euros de financements additionnels levés par le réseau, provenant de collaborations industrielles ou de financements publics/privés
  • Création d’une spin-off : Gamut Thérapeutics
  • Création d’une start-up en cours

Quelles maladies peut-on aujourd’hui soigner grâce à la thérapie génique ?

Au cours des vingt dernières années, l’évolution de la thérapie génique a permis de démultiplier les stratégies possibles et d’élargir son utilisation à de très nombreuses pathologies, dont certains cancers. Environ 2 000 essais cliniques ont été menés ou sont en cours depuis 1989, dont 65% en oncologie et 11% contre les maladies monogéniques dont :

  • Des maladies ophtalmiques : la neuropathie optique de Leber ou encore la maladie de Stargardt et l’amaurose congénitale de Leber.
  • Des maladies hématologiques : l’hémophilie, la bêta-thalassémie, la drépanocytose.
  • Des maladies neurodégénératives : la leucodystrophie métachromatique, la maladie de Sanfilippo, l’adrénoleucodystrophie.
  • Des maladies neuromusculaires : la maladie de Duchenne, l’amyotrophie spinale infantile, les myopathies myotubulaires.
  • Des maladies dermatologiques :épidermolyse bulleuse dystrophique, l’épidermolyse bulleuse jonctionnelle.
  • Des maladies immunitaires : la granulomatose septique chronique liée à l’X, le SCID X1, l’ADA-DICS, le syndrome de Wiskott Aldrich.
  • La mucoviscidose.
  • Le cancer : leucémie de type B, mélanome, gliome avancé.
  • Des maladies infectieuses :
  • Des maladies cardiovasculaires : sténose aortique.

Sources :