Le nouveau mécanisme d’accompagnement financier de sécurisation modulée à l’activité (SMA, ex-garantie de financement) est le bienvenu pour cette année 2023. Cette période post-Covid est caractérisée par des attentes et évolutions sociétales impactant directement les projets professionnels et personnels des Françaises et des Français. Cette nouvelle vision des priorités dans la vie touche sans exception les professionnels de santé, et nous a amenés progressivement à cette pénurie de ressources humaines. Dans le même temps, les décisions prises en période pré-Covid portent leurs effets. Les hyperspécialisations se développent un peu plus chaque jour, mais sont-elles une riche idée quand elles se heurtent à la pénurie des ressources ? En effet, les passerelles entre les systèmes de formations médicales, paramédicales, pharmaceutiques et aménagées au fil des carrières doivent être revues pour redonner des marges de manœuvre aux professionnels de santé et casser les actuels tuyaux d’orgue dont chacun constate le résultat : des situations très inconfortables voire insupportables, obligeant de choisir entre la continuité de service et le respect à tout prix des rigides organisations, au prix final d’un retard de prise en charge des patients ; mais aussi des situations de frustration au sein des professionnels de santé, eux-même enfermés dans un carcan.
À l’instar de la garantie de financement qui nous a permis de traverser une crise sanitaire durant trois ans, ce dispositif SMA accompagne l’apparition de nouveaux paradigmes organisationnels et professionnels de gestion des ressources humaines. Il n’est cependant qu’un outil d’accompagnement ponctuel, quand le traitement de fond est ailleurs : plus de formation, plus de passerelles pour assurer des parcours professionnels répondant aux attentes des soignants, plus de pragmatisme dans les dispositifs proposés, en lien avec la pénibilité des métiers et la durée de vie professionnelle attendue, compte-tenu de ladite pénibilité.
Poser les bonnes questions pour trouver les bonnes solutions. L’attractivité des métiers du soin est-elle en cause quand nos étudiants partent se former dans d’autres pays européens ? La réforme urgente est bien celle de notre dispositif de formation et moins celle des normes. Retrouvons une souplesse d’organisation tout en veillant au respect des compétences et à la reconnaissance de chacun ; renouons avec des systèmes de formation initiale, continue et d’apprentissage fluides et adaptés à nos besoins réels ; reconsidérons les exigences en termes de profil, exprimées de façon péremptoire, à la lumière du bon sens et des capacités de formation en France.
Le mieux est l’ennemi du bien dans bien des cas.
Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO