Dr Sophie BAUER, Présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML), chirurgien thoracique et cardiovasculaire à la Clinique Les Fontaines à Melun (77).
Vous avez été élue présidente du SML le 10 décembre 2022, pour quel programme ?
Mon élection est le résultat d’un travail d’équipe et d’un programme qui aspire à disposer d’un temps d’avance. Nous avions tendance à subir les événements sans arriver à être force de proposition. Cette notion d’anticipation est le socle de mon projet tout en conservant l’esprit entrepreneurial de la médecine libérale.
Le mode de gouvernance du SML est participatif et démocratique. Notre organisation repose sur les départements dont les présidents élus siègent à l’AG. Le SML vit de ce qui est fait dans ces départements. L’idée est de relancer une dynamique afin qu’ils se sentent soutenus et profitent d’informations dont nous disposons. Nous modernisons et intensifions notre communication interne. Accompagnée de quatre secrétaires généraux, notre puissance de travail est optimale. Notre bureau est riche de toutes les sensibilités et domaines d’activité de nos membres.
Quels sont les grands thèmes qui vous préoccupent ?
En matière de prévention, nous défendons la notion de One Health en santé. Nous réfléchissons aussi aux apports et aux dangers de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la santé. Des spécialités sont menacées et nous sommes convaincus que l’IA – qui n’est qu’un ensemble de micro-processeurs – peut être utile mais ne remplacera pas notre activité.
Nous nous tournons aussi vers les jeunes et nous souhaitons les aider à s’installer, à opter pour une pratique libérale, d’où l’idée d’un mentorat, d’un compagnonnage. Cette idée ancienne du SML, nous la mettons en œuvre et la ferons vivre via les URPS (unions régionales des professionnels de santé). Enfin, nous offrons des fonctions support aux syndicats de jeunes professionnels pour qu’ils puissent bénéficier des travaux du SML.
La nomenclature, les négociations conventionnelles sont de gros chantiers. Nous sommes contre la proposition de loi Rist qui est propice à déstructurer le système de santé libéral. Nous sommes complètement opposés à l’accès direct et à la primo prescription par les IPA. Il est problématique de confier des patients à des personnes qui ne sont pas médecins. Cette pratique est la mise en route d’un système de santé français à deux vitesses. Le SML est totalement opposé à une médecine sans médecin. Le travail d’équipe oui, le transfert de tâches non !
Nous voyons poindre dans certains établissements des contrats qui nous semblent toxiques, que nous dénoncerons sur notre site. A contrario, nous ferons la publicité des contrats vertueux et équilibrés.
Dans les établissements, nous tenons à travailler sur les prérogatives des CME et sur les interactions dans les fonctions transverses : CLIN (comité de lutte contre les infections nosocomiales), revue morbi mortalité, etc. Pour le SML, il est important de retravailler sur ces fonctions transverses parce qu’un point est nécessaire et que les sujets restent d’actualité. Cela se fera en relation avec la FHP au sein du CLAHP (Comité de liaison et d’action de l’hospitalisation privée) en particulier.
Vous parlez de « One Health » dans votre programme, comment appréhendez-vous cette notion ?
One Health repose sur le fait que les santés humaine, animale et végétale sont liées. Nous rapprochons de One Health une alimentation durable et saine. Il ne faut pas de diktat nutritionnel aberrant mais il faut aller vers une nourriture bio, de qualité, de proximité. Ce style de nutrition doit être abordable à tous. Les circuits courts font du bien à nos agriculteurs. À cette notion s’ajoute la prévention contre toutes les addictions, les accidents du travail et les maladies professionnelles. Cette notion inclut aussi les problèmes de l’antibio résistance et la résistance des micro-organismes. Pour cela, nous devons nous coordonner avec les vétérinaires et les agriculteurs. C’est pourquoi, j’ai demandé à rencontrer les syndicats d’agriculteurs et j’ai déjà rencontré les syndicats de vétérinaires. Nous allons aussi nous rapprocher des chambres de commerce et de l’industrie pour proposer des informations sur les pratiques bénéfiques ou néfastes à la santé. Nous sommes prêts à bâtir peu à peu.
Le SML mettra en place dans les semaines qui viennent un Think tank ouvert à tous afin de proposer des séances de brainstorming sur l’avenir de notre système de santé. Et puis, notre idée est de faire monter en compétence tous les français sur les addictions, la santé environnementale et le sport santé, en proposant des informations pédagogiques lors de nos consultations.
Notre équipe est portée par tout ce modernisme.