Olivier TOMA est le créateur de l’Agence Primum-Non-Nocere.
47 départements étaient en alerte sécheresse au mois de mai, dans quelle mesure le secteur hospitalier doit-il se sentir concerné?
La population mondiale avec 6 milliards d’habitants a triplé en un siècle et plus d’un milliard d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable. Un Français consomme en moyenne 120 litres par jour et un patient en centre hospitalier entre 250 et 750 litres (hors dialyse). Ces chiffres parlent pour eux-mêmes. Oui un centre hospitalier qui consomme entre 40 000 et 110 000 litres d’eau en moyenne par jour est « hydrovore » et doit tout mettre en œuvre pour consommer moins.
Quelles sont les solutions possibles?
Se doter d’outils techniques, installer des sous-compteurs pour d’une part localiser les équipements ou activités qui consomment beaucoup d’eau (autoclaves, cuisines, robinets, douches, chasses d’eau, etc…) et s’appuyer sur des indicateurs fiables pour réaliser des économies. 20 à 30 % d’économies sont potentiellement réalisables rien qu’en faisant appel à ces deux outils. D’autre part, les établissements peuvent revoir leur politique d’achat et penser « coût global », ce que beaucoup font déjà. Il est préférable d’inclure la consommation en eau dans le prix de revient d’un équipement, et ce, sur la durée de vie de celui-ci. Par exemple un autoclave peut consommer de 900 à 2 600 litres par cycle, multiplié par plusieurs cycles par jour, les économies en eau par appareil peuvent être substantielles sur plusieurs années. Certains établissements font aussi preuve d’ingéniosité et optent pour la « chasse au gaspi ». Il est systématiquement demandé aux patients à leur sortie s’ils ont identifié une fuite d’eau lors de leur séjour. Certains hôpitaux et cliniques ont ainsi pu enrayer 4 à 5 fuites par semaines ! Il faut travailler sur les comportements et mettre ne place des attitudes attentives de la part des personnels et des patients.
Est-ce que la « chasse au gaspi » est la seule solution?
C’est la première solution mais pas la seule, il faut bien évidemment aller plus loin. Chaque acte devrait être assujetti à un affichage environnemental de manière à ce que les établissements puissent aborder leur activité en fonction des incidences environnementales de ces actes, dont la consommation d’eau. Cela leur permettrait par exemple de mettre en place les moyens nécessaires pour un meilleur traitement des effluents liquides qu’ils génèrent. On peut aussi aller plus loin et repenser les pratiques de récupération des eaux osmosées et celles de pluie. Le Grenelle 2 prévoit d’ailleurs des taxes sur la non-récupération des eaux de pluie ! Enfin il faudrait qu’il soit davantage investi dans la recherche et le développement parce que la problématique de l’eau va bien au-delà de la seule question de la consommation des établissements hospitaliers.