Gérard RAYMOND, président de France Assos Santé
À l’occasion de la « Journée européenne de vos droits en santé*» le 18 avril 2022, les délégations régionales de France Assos Santé mènent des actions pendant plusieurs semaines, pourquoi cette mobilisation massive ?
Trois raisons principales motivent cette mobilisation. La première est que nous commémorons les 20 ans de la loi Kouchner du 4 mars 2002 sur les droits des patients, une loi très importante qui a apporté des évolutions profondes, individuelles et collectives, sur ce droit fondamental.
Ensuite, nous traversons une crise sanitaire et sociale importante et tous les avis semblent converger vers la nécessité de transformer notre système de santé, qui doit devenir beaucoup plus participatif, réactif aux attentes des acteurs et à leurs besoins, et plus proche des territoires. Le numérique en santé participe à la transformation du système aussi.
Enfin, nous sortons d’une période électorale, essentielle pour l’avenir de notre pays, où les citoyens et usagers de la santé peuvent interpeller les politiques pour obtenir une révision de notre système de santé, avec de nouveaux droits, pour qu’il soit plus démocratique.
Nos 18 délégations sur les territoires, en fonction de leurs activités, vont organiser une ou plusieurs manifestations : cafés-rencontres dans les Hauts-de-France, webinaires en Île-de-France, journées d’information sur les directives anticipées en Nouvelle-Aquitaine… L’idée centrale est d’agir pour influer sur l’évolution du système de santé.
France Assos Santé a publié son baromètre annuel des droits du malade. Quels résultats majeurs en sont ressortis ?
L’état des connaissances globales sur les droits des usagers du système de santé est en progression mais une grande part de nos concitoyens méconnaissent toujours leurs droits et l’organisation du système de représentation des usagers, voire même l’existence de ces instances. Il faut donc continuer à informer les usagers et les éduquer, ainsi que les professionnels de santé, à maintenir une qualité de dialogue et repenser la médiation et les voies de recours en cas de tensions entre les deux parties. La mise en place de « Mon espace santé » devrait faciliter au moins la transmission des informations médicales et de prise en charge, nous l’espérons.
L’accès au système de santé, c’est-à-dire l’accès à un médecin, est l’élément qui inquiète le plus nos concitoyens et cette crainte augmente d’année en année. L’adaptation de l’offre de premier recours aux besoins réels de la population est vraiment une question majeure. Le droit des usagers prévoit un égal accès à tous au système de santé, fondé sur la solidarité et la juste répartition, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Quelles conclusions tirez-vous de ce baromètre et de vos observations de terrain ?
Du chemin a été parcouru ces 20 dernières années, qui a permis d’avancer sur les droits individuels des usagers principalement. Reste les droits collectifs, et j’appelle de mes vœux un nouvel élan de démocratie en santé pour favoriser la participation des citoyens à la construction, à l’évolution et à l’évaluation de notre système de santé.
L’outil numérique nous paraît être essentiel pour renforcer notre système de santé et créer encore plus de lien entre les acteurs. Je pense à la télémédecine, mais aussi à la recherche, aux données de santé, à l’obligation des professionnels de santé de communiquer entre eux avec des messageries sécurisées… On voit bien qu’il y a pour ces derniers un défi à relever. La stratégie numérique en santé telle qu’elle a été pensée doit servir à renforcer notre système de santé pour travailler plus en équipe et transformer la médecine solitaire en médecine solidaire, une perspective intéressante pour tous.
* La Charte européenne des droits des patients proclame 14 droits qui visent à garantir « un niveau élevé de protection de la santé humaine » (article 35 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne) et à assurer un niveau élevé de qualité des services de santé dans les pays européens.