La feuille de route ministérielle sur l’organisation des soins critiques suscite des satisfactions, d’âpres regrets et surtout beaucoup de prudence.
La construction d’une véritable filière territoriale de soins critiques est lancée, selon un cadre de fonctionnement rénové et un modèle de financement à définir. La création de 1 000 lits de réanimation et d’aval de réanimation est prévue, notamment dans les régions sous-dotées. Le ministère s’engage à soutenir la démographie médicale des spécialités concernées et prévoit la mise en œuvre d’une réserve sanitaire de personnels formés et maintenus en compétence.
Même si les décrets donnent 5 ans pour se mettre aux normes, les établissements de santé ne sont pas maîtres du marché des ressources humaines ni du système de formation. La pénurie est générale et des besoins supplémentaires motivés par d’autres nouvelles normes vont s’exprimer. Le ratio d’une infirmière pour quatre lits 24/24 pour les soins intensifs polyvalents et de spécialité, et de même pour la réserve sanitaire, est un objectif plus qu’ambitieux. À ce jour, rien ne garantit que le marché de l’emploi sera en mesure dans 5 ans d’apporter les réponses adéquates aux besoins des soins critiques, car de nombreux facteurs ne sont pas maîtrisés : des étudiants qui intègrent les écoles d’IDE comme un tremplin vers d’autres formations ; le besoin croissant, tout aussi légitime, de recours à des fonctions transversales ; les besoins pour répondre aux autres activités de soins elles-mêmes plus exigeantes en besoin de recrutement ; la capacité à accueillir autant d’étudiants que de places disponibles…
Ensuite, avant de disposer de ces nouvelles filières de soins critiques, les travaux menés sur le devenir des actuelles USC – qui en sont exclues, alors que reconnues en tant que telles dans les textes applicables encore à ce jour – en Unités de soins de renforcés sont urgents afin de garantir la continuité de prise en charge des patients et une visibilité pour les établissements et les professionnels de santé sur l’organisation des soins.
Enfin, si le discours national est consensuel, un changement de ton en région est noté. L’hospitalisation privée encore remerciée hier pour son rôle joué dans la lutte contre l’épidémie, est exclue aujourd’hui par principe d’un accès aux soins critiques amenés à se développer, y compris dans des régions sous-dotées ! Pourtant, la récente enquête conduite par la FHP-MCO montre que la profession est mobilisée et est au rendez-vous. En effet une trentaine d’établissements de santé privés sont prêts à créer 240 lits au sein de nouvelles unités de réanimation et une quinzaine d’établissements de santé sont volontaires pour accroître leur capacité pour plus 80 lits de réanimation…
Notre vigilance et notre opiniâtreté sont plus que jamais de mise sur ce dossier stratégique.
Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO