Dr Philippe CUQ, président de L’Union des chirurgiens de France (UCDF)
Pourquoi un Retex Covid et comment l’avez-vous construit ?
Les « 10 recommandations pour mieux affronter les crises sanitaires de demain » que nous venons de publier sont le fruit du travail de professionnels de terrain et d’experts qui disposent d’une vision transversale du système. Alors même que nous sommes toujours en proie à la crise sanitaire, il faut faire des propositions pour adapter et modifier le système afin de faire face aux crises qui suivront, liées à un risque nucléaire, bactériologique, chimique, une intoxication des eaux françaises, etc.
Quels sont les trois points qui ne seraient pas négociables ?
Le premier est la proposition d’une réserve (recommandation n°4). Manquer de matériel (EPI, respirateurs) et de drogues en 2020 était inacceptable. La non préparation des pouvoirs publics était choquante. Les moyens n’étaient tout simplement pas là. Créer des réserves sanitaires dans les territoires pour éviter les problèmes de transport m’apparaît essentiel. Cela a un coût bien sûr, mais inférieur à celui du chaos que nous avons vécu.
La deuxième recommandation forte (recommandation n°6) est la question de la déprogrammation qui aggrave la crise sanitaire. Les déprogrammations de 50 voire 100 % que nous vivons encore aujourd’hui sont inadmissibles car les pertes de chance associées sont insupportables. Les plans sont uniformes et appliqués sur tout le pays alors même que des territoires sont peu ou pas impactés par l’épidémie. Il est impératif de médicaliser l’approche de la déprogrammation, portée par les chirurgiens et les anesthésistes.
La troisième (recommandation n°8) est celle d’une formation de tous à la gestion de crise. À l’instar des exercices de la sécurité incendie, il faut entraîner, préparer les équipes à ce risque désormais connu de la crise sanitaire.
Ces trois points très pratiques répondent tout de suite aux difficultés et apportent une vision du futur.
Qu’attendez-vous de cette publication ?
Nous espérons pouvoir nous exprimer sur ce sujet durant la campagne présidentielle. Ces propositions ne sont ni de droite ni de gauche, elles sont pragmatiques et portées par des gens de terrain. Nous avons également remis nos 10 recommandations aux parlementaires et reviendrons vers eux dans le cadre des élections législatives. Nous porterons ces propositions largement auprès des décideurs en santé. Il faut tirer des leçons de cette crise historique qui va marquer l’humanité.