Laetitia BUSCOZ, directrice du Baqimehp
Au Baqimehp*, quel engouement observez-vous pour la nouvelle certification ?
Énormément de demandes nous arrivent. Nous avons accompagné à des degrés divers 92 établissements de santé en 2020 et 134 en 2021. Presque 700 personnes étaient connectées au webinaire FHP sur ce sujet.
J’ajouterai que nous avons observé ce même engouement à chaque nouvelle version de certification. Nous notons une accélération des demandes de formation et d’accompagnement car les équipes jusqu’alors fortement mobilisées sur la gestion de la pandémie, se penchent désormais sur leur prochaine échéance. Par ailleurs, les visites de certification avaient été reportées par la HAS pour débuter finalement en 2021.
Compte tenu des tensions RH, comment gérer la crise sanitaire et la préparation à la certification ?
Dans certains établissements de santé particulièrement impactés par la crise sanitaire, la gestion de la démarche qualité a pu être mise en veille. Ceux qui ont dû lâcher la bride soit pour gérer une ou plusieurs vagues d’épidémie, soit parce qu’il y a 4 ou 6 ans, ils ont obtenu une très bonne certification, se remobilisent aujourd’hui. D’ailleurs, les simulations que nous effectuons à partir du nouveau référentiel font parfois l’effet d’un électrochoc et permettent aux équipes d’identifier leurs priorités au regard des exigences du nouveau référentiel.
Nous observons que la préparation à la certification leur change parfois les idées dans le sens où les équipes ont été (pour ne pas dire sont encore) très mobilisées par la gestion quotidienne de la Covid-19, cette préparation leur fait du bien, leur redonne de la visibilité. De plus, cette version 2020 porte des enjeux très fédérateurs sur « le travailler ensemble » qui consolident les équipes.
Quels sont les points d’attention que vous citeriez à propos de cette nouvelle version ?
L’approche novatrice réside essentiellement dans l’appréciation, par les experts visiteurs auprès des équipes médicales et paramédicales mais aussi auprès des usagers et de leurs représentants, de la réalité « terrain » des prises en charge.
Les points d’attention sont multiples mais on peut citer par exemple l’engagement de l’établissement dans les démarches d’amélioration du travail en équipe, dans les évaluations de pertinence, dans le recueil et le suivi des indicateurs qualité et sécurité des soins avec par exemple le développement à venir des indicateurs type PROMS (indicateurs recueillis du point de vue du patient). Il serait intéressant d’ailleurs de poser en miroir les résultats cliniques relevés par les équipes de ceux évalués par les patients.
À partir des premières observations, d’autres points d’attention seraient notamment à relever comme par exemple la liaison entre les objectifs stratégiques et leurs déclinaisons opérationnelles car les experts ont une vision résolument terrain. Par exemple, je citerai la connaissance des indicateurs qualité et sécurité des soins par les services, les actions de sensibilisation contre la maltraitance ou l’analyse par les équipes des évènements indésirables.
Comprendre la V2020 est rapide, se préparer sereinement en interne prend entre 18 et 24 mois. La puissance des méthodes de la V2020 est telle que lorsque l’établissement obtient sa décision de certification, celle-ci semble refléter une qualité des soins prodigués réelle, bénéficiant à tous, usagers, professionnels et établissement, telle une boucle vertueuse.
Nous travaillons sur ce sujet depuis un quart de siècle déjà. Les démarches qui donnent du sens comme la qualité réussissent mieux que d’autres qui seraient seulement obligatoires. Une certification réussie est une reconnaissance très puissante pour les équipes. Progressivement, nous pouvons imaginer que les établissements de santé, et c’est d’ailleurs déjà le cas pour un certain nombre d’entre eux, se libéreront de l’agenda de la HAS car la démarche qualité sera profondément ancrée dans leur culture au quotidien. À toutes ces étapes, le Baqimehp est là pour aider le secteur.
* Bureau de l’assurance qualité et de l’information médico-économique de l’hospitalisation