Vers des tarifs en hausse…
La ministre s’est engagée : « Les tarifs hospitaliers ne baisseront pas ou seront en hausse jusqu’à la fin du quinquennat (…), interrompant 10 années de baisse ». Une augmentation annuelle d’au moins 0,2 % est prévue.
2 milliards d’euros pour la qualité
Le plan « Ma santé 2022, investir pour l’hôpital » du 20 novembre confirme la montée en charge du financement à la qualité pour atteindre 2 milliards en 2022 (200 millions en 2019). La qualité est définitivement un compartiment de la rémunération.
OCDE, vers une croissance des dépenses de santé supérieure au PIB
Selon de nouvelles prévisions de l’OCDE, les dépenses de santé dépasseront la croissance du PIB dans presque tous les pays : 10,2 % du PIB d’ici 2030, par rapport à 8,8 % en 2018. Une augmentation de 2,7 % par an est prévue.
Les indicateurs montrent que les États-Unis ont dépensé le plus en soins de santé en 2018, avec 16,9 % de leur PIB, juste devant la Suisse, qui a dépensé l’équivalent de 12,2 % de son PIB. Viennent ensuite l’Allemagne, la France, la Suède et le Japon, qui ont tous dépensé près de 11 % de leur PIB, tandis que quelques pays ont enregistré des dépenses de santé inférieures à 6 % de leur PIB, notamment le Mexique, la Lettonie, le Luxembourg et la Turquie, avec un taux à 4,2 %.
Le Panorama de la santé énonce les domaines dans lesquels les dépenses pourraient être plus efficaces :
- Le recours accru aux médicaments génériques pourrait permettre de réaliser des économies, mais pour le moment les génériques ne représentent que la moitié du volume des produits pharmaceutiques vendus dans les pays de l’OCDE. En 2017, les génériques ont représenté plus des trois quarts du volume des produits pharmaceutiques vendus au Chili, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, mais moins d’un quart au Luxembourg et en Suisse.
- Les systèmes de santé et de protection sociale emploient aujourd’hui plus de travailleurs que jamais auparavant, les soins de santé et les services sociaux représentant environ un emploi sur dix dans les pays de l’OCDE. Le transfert de tâches des médecins vers les infirmiers et d’autres professionnels de santé peut atténuer la pression des coûts et permettre de réaliser des gains d’efficience.
- Améliorer la sécurité des patients est non seulement bénéfique pour la santé, mais cela peut aussi permettre de réaliser des économies. Près de 5 % des patients hospitalisés ont contracté une infection nosocomiale en 2015-17.
L’édition 2019 du Panorama de la santé met en évidence des tendances préoccupantes pour ce qui est des résultats sur le plan de la santé et des modes de vie malsains.
Une personne née aujourd’hui peut espérer vivre près de 81 ans en moyenne dans les pays de l’OCDE. Mais, depuis peu, l’espérance de vie progresse moins vite dans la plupart des pays de l’OCDE, en particulier aux États-Unis, en France et aux Pays-Bas. L’année 2015 a été particulièrement mauvaise, l’espérance de vie ayant reculé dans 19 pays.
Ce phénomène s’explique notamment par la prévalence croissante de l’obésité et du diabète, qui n’a pas permis de maintenir les progrès accomplis précédemment en matière de réduction des décès dus aux maladies cardiaques et aux AVC. Les maladies respiratoires, comme la grippe et la pneumonie, ont également fait plus de victimes ces dernières années, notamment chez les personnes âgées.
Depuis 2011, les décès liés aux opioïdes ont augmenté d’environ 20 % dans les pays de l’OCDE et ont fait environ 400 000 victimes rien qu’aux États-Unis. Le nombre de décès liés aux opioïdes est également relativement élevé au Canada, en Estonie et en Suède.
Le tabac, l’alcool et l’obésité continuent de tuer prématurément et de dégrader la qualité de vie :
- Les taux de tabagisme diminuent, mais 18 % des adultes fument encore quotidiennement.
- La consommation d’alcool atteint en moyenne 9 litres d’alcool pur par personne et par an dans les pays de l’OCDE, soit près de 100 bouteilles de vin. Près de 4 % des adultes sont dépendants à l’alcool.
- Les taux d’obésité continuent d’augmenter dans la plupart des pays de l’OCDE, 56 % des adultes étant en surpoids ou obèses et près d’un tiers des enfants âgés de 5 à 9 ans étant en surpoids.
- La pollution atmosphérique est responsable d’environ 40 morts pour 100 000 habitants dans les pays de l’OCDE. Les taux de mortalité sont beaucoup plus élevés dans des pays comme l’Inde et la Chine, avec environ 140 décès pour 100 000 habitants.
Le rapport préconise d’accorder une attention accrue aux déclarations des patients quant aux résultats et au vécu de leur parcours de soins. Les résultats préliminaires de la nouvelle initiative PaRIS de l’OCDE, à savoir l’Enquête sur les indicateurs fondés sur les déclarations des patients, montrent que les arthroplasties de la hanche améliorent la qualité de vie – mobilité, activité, douleur – d’environ 20 %.
Consulter le Panorama de la Santé
Ibode : les chirurgiens tirent la sonnette d’alarme
L’Union des Chirurgiens de France et Le BLOC appellent le gouvernement à « régler l’insécurité juridique qui se profile dans les blocs opératoires au 1er janvier 2020 ». Des moyens pédagogiques et financiers sont demandés.
Tout d’abord les 2 syndicats en appellent à « des mesures transitoires pour permettre la poursuite de l’activité opératoire en France ».
De plus, des moyens doivent être « intégrés dès à présent dans le plan gouvernemental hospitalier ».
Des moyens pédagogiques :
- Augmentation en adéquation avec l’activité opératoire du nombre d’infirmiers de bloc opératoire (IBODE), simplification de la valorisation des acquis de l’expérience (VAE), création d’une formation en alternance permettant aux infirmiers de diplôme général d’accéder au diplôme d’IBODE, plan d’attractivité pour les jeunes infirmiers.
Des moyens financiers :
- Soutien financier à la formation des IBODE, valorisation financière du métier d’IBODE, aide à la formation continue.
Seule une résolution de l’insécurité juridique au 1er janvier 2020, pour la poursuite de l’activité opératoire dans son intégralité, permettra de soutenir la valorisation du métier d’infirmier de Bloc opératoire (IBODE) et de ses spécificités. L’incurie qui dure depuis bientôt 4 ans ne doit en aucun cas perturber l’activité opératoire au 1er janvier 2020.
Health Data Hub sera lancé le 1er décembre
Cette plateforme mettra au service du plus grand nombre le patrimoine de données de santé sous une forme anonymisée, dans le respect de l’éthique et des droits fondamentaux des citoyens, a indiqué la ministre de la Santé.
Pour Agnès Buzyn, la plateforme remplit plusieurs objectifs. Tout d’abord, enrichir les données. « Grâce à la création d’un catalogue de données administré par le Hub, notre patrimoine de données doit être visible et utilisable. » De plus, le périmètre des données qui pourront y être hébergées sur le Health Data Hub est élargi par rapport au précédent outil. Puis, l’objectif est de développer l’exploitation de ces données en mettant à disposition « des technologies et outils d’analyse ».
Le nouveau groupement d’intérêt public qui porte le projet sera gouverné par 56 membres : tout d’abord l’État, la Drees, la DGS, la DSS, la DGOS ; mais aussi les caisses d’assurance maladie, le monde de la recherche et de l’enseignement (Inserm, Inria, CNRS…) ; puis, à égalité : les organismes d’assurance maladie complémentaire, les fédérations hospitalières, les professionnels de santé (Union nationale des professionnels de santé, Conseil national de l’ordre des médecins), les usagers représentés par France Assos santé, les agences et opérateurs de la santé et enfin, les industriels.
44 % des généralistes refusent de nouveaux patients
À la question de l’UFC-Que Choisir « acceptez-vous de nouveaux patients en tant que médecin traitant ? » : de 20 à 86 % selon les régions ont répondu par la négative et 9 % en moyenne ont souhaité d’abord voir le patient avant de se décider.
Si moins de 20 % des généralistes refusent de nouveaux patients dans le Bas-Rhin, la Meurthe-et-Moselle et les Pyrénées-Atlantiques, le taux de refus grimpe à 70 % dans l’Allier, 78 % en Charente et même 86 % en Seine-et-Marne. Les motifs évoqués par les professionnels de santé enquêtés sont : 71 % déclarent avoir déjà trop de patients, 14 % indiquent leur départ prochain à la retraite.
Le taux de refus est de 33 % dans les communes de moins de 3 000 habitants, et de 34 % dans les communes de plus de 100 000 personnes, il grimpe à 52 % dans les villes de 10 000 à 100 000 habitants.
L’association appelle les députés « à adopter, une proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention, qui, par l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, amènerait les professionnels de santé à exercer là où sont les besoins de la population ».
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