Le 13 et 14 juin dernier se sont tenues à Bordeaux les Journées d’études de la FHP-SSR. Quels en ont été les principaux enseignements ?
Pour nous, l’important était de mettre en exergue le rôle des SSR et la véritable plus-value que nous pouvons apporter à l’ensemble du système de soin, en particulier en ce qui concerne l’accompagnement des réformes « Ma Santé 2022 ». Les échanges ont été riches et constructifs entre les adhérents et les représentants du ministère.
La DGOS a présenté un point d’étape sur le financement des SSR, avec un système qui reprend des éléments de la DMA actuelle mais conserve une partie de financement fixe. De notre côté, nous avons fait deux retours, le premier sur l’article 51, qui définit des parcours de soins innovants dans la prise en charge des maladies chroniques et le second sur l’étude médico-économique que nous avons lancée sur la plus-value du SSR dans l’amélioration des prises en charge. Pour nous, l’essentiel est de construire dès maintenant le SSR de demain, au regard des réformes en cours.
Nous nous sommes aussi appuyés sur des retours de terrain, nos établissements ont présenté leurs initiatives en matière de prise en charge des personnes âgées et poly-pathologiques, ou encore la manière dont ils ont tissé des liens avec la médecine de ville et les autres acteurs de santé. En lien avec une étude de l’Inserm, nous avons pu mettre en avant le rôle de l’activité physique adaptée dans la réadaptation et particulièrement dans les établissements de SSR. Nous sommes donc en droite ligne pour construire le SSR de demain, en nous appuyant sur le savoir-faire et les compétences de nos 460 adhérents dont la moitié était présente à Bordeaux.
Comment peut-on imaginer des points de jonction avec les établissements MCO ?
Le SSR est trop souvent perçu comme un simple secteur d’aval du court-séjour. Or pour nous, il s’agit de déplacer le curseur et de réfléchir aux moyens dont nous disposons pour réduire les hospitalisations. Nous souhaitons intensifier le déploiement vers la médecine de ville, et intensifier nos actions de prévention et d’éducation thérapeutique.
Nous avons un vrai savoir-faire en ce qui concerne la prise en charge des maladies chroniques, et nous souhaitons en faire profiter l’ensemble de la chaîne de soin : établissements de court-séjour, EHPAD, médecine de ville, médecine de spécialité. Avec le MCO, les jonctions peuvent s’organiser dans tout ce qui touche le préopératoire : dans certaines disciplines communes, comme, par exemple, la gériatrie, la cardiologie, la chirurgie digestive et bariatrique, la pneumologie, la neurologie, un passage d’une équipe de consultation SSR avant une opération peut être une véritable plus-value et permettre d’anticiper sur la réadaptation et notamment la réinsertion. Nous avons une compétence très claire : la médecine de réadaptation avec une approche globale et pluridisciplinaire du patient. A force de traiter dans nos établissements des patients atteints de maladies chroniques et polypathologiques, nous avons acquis des compétences dans le suivi de ces pathologies. Il serait dommage de ne pas en faire profiter les autres acteurs, au premier rang desquels, ceux du premier recours, notamment les médecins traitants. Nous souhaitons développer des actes de consultations externes, des équipes mobiles ou bien encore des consultations au sein des établissements MCO.
Vous souhaitez donc profiler le SSR comme un acteur de la prévention et de l’éducation thérapeutique ?
Pour permettre une meilleure réadaptation, nous ne pourrons jamais nous passer de la rééducation fonctionnelle classique. Mais le SSR ce n’est pas seulement ça. La pratique de nos métiers et l’évolution des pathologies nous ont permis de dépasser ce simple cadre. C’est l’occasion de voir les choses de façon plus globale que les seuls actes de rééducation vers une approche transdisciplinaire et coordonnée.
Aujourd’hui, nous pouvons vraiment apporter quelque chose de qualitatif à l’ensemble du système de soin. Nous pouvons faciliter la vie de nombre de secteurs dans le suivi et la coordination des maladies chroniques. Maintenant, il faut aussi trouver un modèle financier qui permette de viabiliser ces compétences, en mettant éventuellement en avant la notion de parcours et la prise en charge globale des patients.