L’innovation est prônée par tous, tutelles et professionnels, mais elle n’est encore que très partiellement financée. De nouvelles injonctions contradictoires et une double peine pour ceux qui avancent. À l’heure où chacun cherche du sens à son travail, l’innovation en santé est d’une puissance inouïe : elle participe au meilleur « soin » en améliorant la vie d’autrui. Les pionniers, répondant pourtant à l’appel d’innovation du gouvernement, sont rattrapés par un système trop conservateur.
Comment les campagnes tarifaires répondront-elles au besoin de financement de l’innovation, intégrée demain dans les autorisations ? Une question que les actuels débats sur la réforme des autorisations ne veulent pas traiter. Et rappelons-le : la véritable innovation est par essence une pratique en cours de validation. Vouloir se limiter à des « innovations validées » constituerait un frein important au développement et à la diffusion des innovations cliniques, thérapeutiques et organisationnelles.
Comment les actes innovants hors nomenclature (RIHN) seront-ils financés ? Un dossier sur lequel la FHP-MCO et l’AFC-UNHPC alertent la tutelle depuis près de deux ans, en particulier sur les actes de biologie médicale et d’anatomocytopathologie. Indéniablement, des avancées ont été actées en 2018 avec la mise en place d’un mécanisme de financement clair. Mais ce financement n’a été en 2018 que de 54%. Il est urgent de faire vivre ce dispositif de financement RIHN en veillant à ce que seules les pratiques novatrices y demeurent. Les autres doivent soit rejoindre les règles générales de financement, soit être retirées de tout financement faute de SMR ou ASMR validé.
Comment qualifier de moderne un système de santé qui demande à ses médecins d’utiliser des pratiques du 20e siècle quand ils maîtrisent celles du 21e ? L’innovation est un pari. Elle contient par essence une part d’inconnu et ses effets ne sont souvent complètement appréciés que des années plus tard. Que penser du récent refus de la HAS de rembourser des signatures génomiques au motif de biais méthodologiques dans les études ? Un principe de précaution certes légitime, mais conduisant bien souvent à figer les pratiques. Loin de nous l’idée de vouloir libéraliser tous azimuts sans contrôle, mais veillons à laisser une place suffisante au développement des initiatives, avec comme objectif de réduire toujours plus les pertes de chances pour les patients.
Les décideurs politiques impulsent le système de santé de demain et les décideurs économiques gèrent celui d’aujourd’hui, mais rappeler que chacun est dans son rôle n’est pas satisfaisant. En innovant, les établissements de santé, publics et privés, prennent seuls des risques pour le bénéfice de tous. Il est temps de le reconnaître politiquement et financièrement.