Commençons par le positif. Sur les 19 propositions du rapport « Organiser les soins non programmés dans les territoires » du député Thomas Mesnier, remis à la Ministre ce mois-ci, la proposition n°7 a retenu notre attention. En effet, elle appelle à une orientation des ARS vers des missions d’accompagnement et d’appui, plutôt que de contrôle, et invite à la simplification des cahiers des charges. La confiance accordée aux professionnels de santé et la facilitation des projets sont des fondamentaux chers au syndicat, et nous en surveillerons le respect dans l’éventuelle mise en œuvre de labellisation des organisations de soins non programmés (proposition n°2).
Nous sommes en revanche fortement interpellés par la présentation à charge faite des centres de soins non programmés adossés à un établissement de santé privé. La stigmatisation des patients qui ont recours à ces centres, que le rapporteur définit comme une population « active pressée » et « consumériste » de soins inutiles, dénote d’un parti pris pour le moins surprenant ne s’appuyant sur aucun élément factuel avéré, et d’une méconnaissance du terrain.
Selon le rapport, lorsque les centres de soins non programmés sont adossés à un hôpital public, « l’intégration dans l’hôpital facilite la lisibilité pour le public ». Mais lorsque les centres de soins non programmés sont « contraints de s’adosser à des établissements lucratifs », alors cela créerait « un risque de désorganiser les parcours de soins du territoire par une implantation non pertinente et de favoriser une demande de soins et d’examens complémentaires non justifiée ». C’est le retour d’une vision manichéenne et rétrograde de l’offre de soins, car faut-il le rappeler, statut n’est pas vertu !
Le secteur privé développe une offre de santé de proximité pour répondre aux besoins réels de la population et selon des modalités visant à garantir qualité et sécurité des soins aux patients, contrairement à ce que l’on peut lire dans ce rapport, dont certains passages visent à jeter le discrédit sur des professionnels responsables qui remplissent une vraie mission de service public. Soulignons que ces centres de soins non programmés viennent le plus souvent pallier le refus d’ouverture d’un service d’urgence et connaissent une forte affluence.
La conclusion de ce rapport est que « de tels centres intermédiaires ne peuvent être encouragés et financés que s’il n’existe aucune offre alternative dans un rayon géographique raisonnable » ! Si les centres de soins non programmés privés sont remis en cause « en raison d’un risque de désorganisation », il s’agira de nous présenter les résultats de l’évaluation dont se prévaut l’auteur et surtout d’en préciser les critères d’appréciation. Un ostracisme peu compatible avec la volonté politique affichée de répondre aux enjeux de santé publique, qui sont longuement rappelés dans le rapport et dont nous vérifions tous les jours dans nos cliniques la réalité.
Suite à l’élection du Président Macron et au souffle de renouveau qu’il apportait, nous formulions le vœu qu’il fasse confiance aux professionnels de terrain dans toute leur diversité. Gageons que cette présentation à charge ne sera pas retenue comme élément de décision.