Les initiatives
Contre vents et marées
Clinique de Choisy, Gosier, Guadeloupe (97)
Cyclones, risques sismiques, intempéries, chaleurs extrêmes, coupures d’eau, pollution de l’eau au chlordécone, risques sociaux, les établissements de santé et médico-sociaux en Guadeloupe, contre vents et marées, font preuve de talent et ne manquent pas d’idées pour faire face à toute éventualité.
Faire face aux risques et aléas liés à l’insularité ! La Clinique de Choisy, aménagée dans un ancien hôtel, a inscrit le concept de résilience, terme qui signifie vivre avec l’aléa, résister et faire face, dès la conception de l’établissement, il y a 10 ans. « Tous les bâtiments en Guadeloupe doivent répondre aux normes sismiques, quitte à reconstituer les sols des terrains d’implantation. Les contraintes sont très fortes avec des incidences sur les coûts de construction. Nos bâtiments sont rehaussés par exemple, nous disposons non pas de un mais de deux groupes électrogènes. Mais surtout, nous avons une autonomie de deux à trois mois en consommables et une réserve d’eau de 180 m3 pour garantir trois à quatre jours d’activité en dialyse », explique Sébastien Tournebize, directeur.
Côté énergie, des panneaux solaires sur le toit assurent la production d’eau chaude sanitaire pour le bâtiment de rééducation fonctionnelle et des grillages placés devant les fenêtres apportent de l’ombre et rafraîchissent les pièces en été, évitant ainsi le recours permanent à la climatisation. Les fenêtres des chambres sont également équipées depuis peu de contacteurs d’ouverture qui coupent la climatisation dès l’ouverture.
Un système de refroidissement presque passif
Hôpital municipal de Sundsvall, Suède
L’hôpital de Sundsvall, au nord de la Suède se refroidit à la neige. Si la méthode est ancienne, la technologie est nouvelle, et l’usine de refroidissement qui a été construite près de l’hôpital est unique en son genre. Selon un principe simple et ingénieux, la neige est collectée pendant l’hiver dans une grande fosse d’une capacité de 70 000 m3, recouverte de copeaux de bois et de sciure de bois sec, pour l’isolation thermique. Au printemps, l’eau issue de la fonte de cette neige est filtrée et alimente le système de refroidissement, qui sert à climatiser l’hôpital, les équipements et installations. La consommation d’électricité pour la production de froid a ainsi baissé de 92 %. Autre avantage pour l’environnement, l’eau rejetée dans le réseau hydrographique est nettoyée de ses particules, restes d’huiles et métaux lourds.
Le toit végétalisé favorise la biodiversité
Clinique Delay, Bayonne (64)
La Clinique Delay à Bayonne est l’un des premiers établissements de santé en France à avoir opté pour un toit végétalisé pour améliorer son isolation thermique et phonique. Avec le recul, le bilan est positif, même si ce toit requiert un peu d’entretien. « Nous tondons le toit quatre fois par an et le nettoyons car les oiseaux véhiculent d’autres essences que celles plantées au départ. Il faut éviter que des arbustes et des plantes à fortes racines, qui pourraient endommager l’étanchéité, n’y poussent. », explique Xavier le Groc, responsable développement durable. Visible depuis une salle d’attente, ce toit écologique offre aux patients un spectacle vivant de verdure, d’oiseaux et d’insectes, il favorise la biodiversité. « Les couleurs changent au fil des saisons, avec une touche de brun en été, c’est sympathique. En termes d’économies de chauffage et de climatisation, nous savons que le toit a un impact positif, sans pouvoir le chiffrer précisément. Par contre, nous n’avons aucune infiltration. » Une toiture végétalisée agit également sur la régulation du rejet des eaux pluviales dans le réseau, effet connexe bon pour la nature.
Le dossier
30 millions d’amis, au moins !
Asticotons-nous
Les larves sont les amies des plaies. Utilisées dans l’Antiquité pour empêcher le développement d’infections et accélérer la cicatrisation, de nombreux médecins au cours des siècles passés, et en particulier Ambroise Paré, ont noté les effets bénéfiques de la présence de larves sur les blessures ouvertes de soldats. En effet, la salive des larves contient des enzymes qui vont détruire les tissus morts, stimuler la cicatrisation et lutter contre certaines souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. Si l’arrivée des antibiotiques dans les années 40 a concouru au déclin de l’asticot thérapie, la résistance croissante aux antibiotiques et les progrès réalisés en matière de stérilisation des larves et des conditionnements sous forme de pansement plus pratiques et acceptables pour les patients en permettent la renaissance. Utilisée pour les plaies chroniques ou des escarres, les asticots permettent d’éliminer les tissus morts et selon certains spécialistes, il s’agirait de la technique la plus rapide lorsque l’on a besoin de greffer de la peau.
Quelle sangsue !
L’hirudothérapie a la cote. Autre petite bête ondulante, la sangsue médicinale, utilisée de manière ancestrale en médecine traditionnelle, est depuis le XIXe siècle plébiscitée pour les propriétés anti-inflammatoires, anesthésiantes, anticoagulantes et antibiotiques de sa salive, qui contient plus de 30 substances bio actives. Utilisée notamment en chirurgie de la main, la sangsue intervient lors de greffes congestionnées. Capable d’aspirer six fois le poids de son sang, elle désengorge l’extrémité greffée de son sang, le temps que la greffe prenne, et fluidifie le sang à l’aide de l’acide hirudinique, anticoagulant et anti-inflammatoire, qu’elle injecte dans les tissus de son hôte.
L’hirudothérapie est pratiquée en Russie de manière ininterrompue depuis le Moyen Âge dans les hôpitaux et est reconnue comme « médicament vivant » en Allemagne depuis 2008. Utilisée en chirurgie réparatrice et reconstructive et pour d’autres indications médicales, telles que l’arthrose, les douleurs vertébrales, les hématomes, les furoncles, ainsi qu’en accompagnement des maladies chroniques, telles que la maladie variqueuse, l’hypertension, le diabète de type II, les migraines, etc., nos petites bêtes ondulantes ont de beaux jours devant elles.
L’abeille thérapeute
Si le venin d’abeille est souvent considéré comme un remède idéal pour traiter les affections rhumatismales et articulaires, il a bien d’autres vertus. En Chine, l’apiponcture, où l’aiguille d’acuponcture est remplacée par le dard d’abeille, est une discipline ancestrale. Les patients viennent se faire piquer pour soigner tous types de maladies. Même si les preuves scientifiques font encore défaut, le venin d’abeille propose un arsenal thérapeutique en cancérologie, neurologie, notamment pour la sclérose en plaques, en infectiologie, allergologie, ou encore pour traiter certaines maladies inflammatoires comme la tendinite.
En 2013, des chercheurs américains ont publié une étude qui propose une nouvelle piste pour lutter contre le VIH avec la mélittine, agent anti-inflammatoire puissant contenu dans le venin d’abeille, capable de détruire l’enveloppe protectrice du virus.
Sans oublier les trésors pour notre santé de nos butineuses, le miel et ses vertus antiseptiques, le pollen riche en protéines, la propolis et la gelée royale.
Le bienfait de la capri-thérapie
Les établissements qui ont mis l’éco-pâturage en pratique en témoigneront, les bienfaits vont au-delà du seul aspect écologique de l’entretien 100 % naturel. Les chèvres, moutons, interpellent, fascinent, détendent et ont un effet thérapeutique sur les personnes, c’est la capri-thérapie. La capri-thérapie fait sourire au départ mais fonctionne, surtout en établissement de soins où les patients ont besoin de se changer les idées.