GRAND ANGLE
Des idées reçues
Des voix s’élèvent contre les programmes de dépistage, celui du cancer du sein y compris, pointant les risques de sur-diagnostic et de sur-traitement, comme d’autres s’élèvent contre la vaccination obligatoire. En réaction, le ministère de la Santé a organisé l’été dernier une consultation citoyenne online sur le sujet du dépistage du cancer du sein, qui a suscité un peu moins de 500 contributions, majoritairement contre.
Or, il semble bien facile d’être contre, en arguant de publications qui, si elles sont sérieuses, sont relativement isolées. L’INCa va lancer une évaluation des résultats des campagnes de dépistage de ces dernières années, avec une méthodologie scientifique éprouvée. Mais les résultats de cette évaluation sur lesquels nous pourrions nous appuyer, ne seront pas disponibles rapidement. En tout état de cause, aujourd’hui, personne n’est capable d’affirmer que les risques encourus lors de mammographies de dépistage (risque de déclencher l’apparition d’un cancer par les effets ionisants des rayons) sont supérieurs aux risques de ne pas dépister une tumeur qui peut être guérie. Alors, assumons notre responsabilité de professionnel de santé dans la promotion du dépistage du cancer du sein.
Dr Anne Mallet, Secrétaire National de l’AFC-UNHPC
POUR OCTOBRE ROSE, VOUS NE MANQUEZ PAS D’IDÉES
Ne pas baisser la garde
Centre MCO Côte d’Opale, Saint Martin Boulogne (62)
Un stand a été installé dans le hall de la clinique pour délivrer des informations et proposer un quiz, mais aussi présenter de la lingerie adaptée. Aujourd’hui, déclarent le Dr Dewandeleer, gynécologue et chirurgien et le Dr Courtecuisse, oncologue, « à peine la moitié des femmes se font dépister dans la région. Pourtant, on en parle énormément et beaucoup de moyens sont mis en place. C’est une question de mentalité. On ne doit pas baisser la garde… Il va falloir trouver une solution, ça passe peut-être par l’implication des généralistes », rappellent les deux médecins.
La chasse aux idées reçues
Hôpital privé Cannes Oxford, Cannes (06)
L’Hôpital privé Cannes Oxford fait la chasse aux idées reçues à l’aide d’un quiz « Le cancer du sein, gare aux idées reçues » à destination des visiteurs. Chaque patient qui participe à ce quiz a une chance de gagner un bon pour un soin dans un Spa qui a élaboré une formule « Octobre rose ». L’idée étant d’inciter encore plus de personnes à participer au quiz, et sensibiliser ainsi le plus grand nombre dans le cadre d’Octobre rose. Cette formule a également été relayée auprès du personnel salarié par le CE de l’établissement. Enfin, chaque jour, sur la page Facebook de l’établissement, une question du quiz est posée…et la réponse mise en ligne.
Courir contre le cancer
Polyclinique Keraudren, cliniques Pasteur-Lanroze et Grand large, Brest (29)
De nombreux salariés des cliniques privées de Brest se sont associés aux 10 310 participants de la course Odysséa le 11 septembre dernier par le biais du challenge entreprise. Cette manifestation a également été l’occasion pour les membres du dispositif d’accompagnement cancer de rencontrer de nombreux coureurs et de les informer sur les soins de support proposés dans le cadre de la prise en charge du cancer du sein. Par ailleurs et pour la 3e année consécutive, les cliniques ont organisé des Journées roses. Les infirmières d’annonce, assistantes sociales, psychologues, diététiciennes se sont associées les 21, 24 et 25 octobre à l’ADEC 29 afin d’apporter une information sur le dépistage et la prise en charge du cancer du sein. Grâce à la participation de certains commerçants et du prestataire restauration des cliniques, un thé rose et quelques gourmandises ont été offerts aux patients, salariés et visiteurs participants. Des tenues roses sont proposées aux personnels lors de ces journées.
Par la gourmandise
Clinique Axium, Aix-en-Provence (13)
C’est par la gourmandise que la clinique Axium a décidé d’attirer l’attention et l’intérêt des patientes et accompagnants au dépistage du cancer du sein. Un magnifique stand de gourmandises, macarons roses et autres délicatesses offertes par le prestataire restauration, étaient à disposition pour le plus grand bonheur des papilles des visiteurs. Le temps d’une pause café, ils ont répondu au quiz concocté par les équipes et cherché les réponses dans une grille de mots fléchés. Un Octobre rose gourmand et ludique qui restera dans les mémoires.
Des actions en direction des jeunes femmes
Polyclinique Sainte Thérèse, Sète (34)
Une vingtaine de photographies accompagnées de textes percutants trônent dans les espaces fréquentés de la clinique. L’exposition nommée « Ce crabe qui nous pince les miches » a pour but de sensibiliser les jeunes femmes aux enjeux du cancer du sein et déclencher non pas le réflexe du dépistage ciblé vers les femmes à partir de 50 ans, mais celui de l’autopalpation, du refus de banalisation d’une grosseur et de l’incitation à un suivi gynécologique régulier. Cette campagne a été mise en place par Montpellier Reine de Cœur avec la participation d’Adréa Mutuelle. En direction des salariés, une note d’information est glissée dans chacun des bulletins de salaire.
Plus fort avec les associations
Clinique du Palais, Grasse (06)
La clinique du Palais s’est jointe à la Ligue contre le cancer et l’association Espace ligue d’Antibes afin d’organiser une grande journée, le 14 octobre, pour informer et sensibiliser les patients et visiteurs aux actions de Octobre rose. « Tous les patients ne connaissent pas les offres gratuites en soins de support et autres activités proposées sur notre territoire. Nos actions ont été largement relayées et visionnées sur Facebook. C’était la première fois que nous utilisions les réseaux sociaux et cela a très bien marché. Cette année, le Dr Houpeau, chirurgien sénologue, et le Dr Bleuse, radiologue de la clinique ont été associés à l’événement. Les échanges ont été riches et spontanés », ajoute la responsable qualité de la clinique.
Un mur de roses
Clinique du Moulin de Viry, Viry-Chatillon (91)
C’est un grand mur de roses en papier confectionnées par des patients en SSR oncologie qui symbolise l’engagement de la clinique pour Octobre rose. Le 19 octobre, un atelier culinaire organisé par la diététicienne de l’établissement avec la confection de tartelettes aux pommes en forme de rose, ainsi qu’une activité mosaïque avec un ergothérapeute faisaient partie du programme de cette journée aussi sportive, avec une séance de zumba en rose et une mini-conférence en fin de journée.
Ecouter, regarder, lire et décoder pour Octobre rose
Clinique du Parc Impérial, Nice (06)
Pas moins de 65 personnes étaient sensibilisées lors de la journée d’animation organisée par le personnel du service de chimiothérapie, le 7 octobre 2016. L’occasion de distribuer des brochures, de visionner une vidéo fournie par l’ARS et d’écouter des témoignages de patients. « Le film de l’ARS a eu un grand succès cette année, nous avons installé une télévision dans l’espace d’attente et même les réfractaires ont été intéressés, y compris les hommes, qui souvent pensent ne pas être concernés par le cancer du sein. Nous avons également imaginé deux quiz sur les idées reçues autour du cancer du sein, l’un pour les visiteurs et l’autre pour les personnels, qui l’ont d’ailleurs reçu chez eux avec leur bulletin de salaire », nous indique la responsable qualité de l’établissement.
Un festival d’ateliers
Clinique Les Jardins de Brunoy (91)
C’est un véritable festival d’ateliers qu’organise la clinique Les Jardins de Brunoy durant les semaines d’Octobre rose. Ateliers de relaxation, de réflexologie plantaire, thérapeutique, atelier mandala, bien-être, etc., pour aller à la rencontre des patients, des accompagnants. Main dans la main avec la ville de Brunoy, la clinique participe à une marche rose et au lâcher de ballons en signe d’espérance.
INTERVIEW
Céline Lis Raoux, co-fondatrice de Rose, le magazine du cancer au féminin
Qu’est-ce qui vous a motivée à créer le magazine Rose ?
L’idée de créer un magazine abordant les cancers de la femme a germé tout au long de mon propre combat contre le cancer du sein. J’ai été chef de service au magazine L’Express et je suis journaliste de métier, aussi, les difficultés rencontrées pour trouver des informations pertinentes sur le cancer et des renseignements adaptés à ma situation ont été le déclencheur de ce projet fou : créer avec une amie Céline Dupré un newsmagazine à la fois citoyen et féminin, haut de gamme et gratuit pour informer et soutenir les femmes touchées par le cancer… Rose magazine sort deux fois par an et nous en sommes à notre 11e numéro, le premier étant sorti en 2011.
Rose, qu’est-ce que cela représente aujourd’hui ?
Nous tirons Rose en 180 000 exemplaires. Les articles sont écrits par des journalistes et traitent de sujets médicaux, parfois très techniques, mais aussi et surtout de sujets qui guident les malades et les rassurent. Rose est un magazine qui propose aussi de très jolies photos, des sujets parfois décalés comme se faire tatouer après une mastectomie, des sujets nouveaux, comme par exemple celui de la sexualité et du cancer, que nous avons été les premiers à aborder ouvertement alors que c’était encore un continent inconnu sur la toile,et des sujets très pragmatiques sur des questions que tous les malades se posent comme : Comment doit-on annoncer à un enfant que sa maman a un cancer ? Avec quels mots ? Rose est aussi une communauté d’internautes qui nous suit sur Facebook et décide avec nous des sujets à aborder dans le magazine. Nous comptons à ce jour plus de 20 000 like et près de 6 000 réactions par semaine. Notre communauté, composée en majorité de malades du cancer, est connectée en permanence et reste fidèle même après la guérison. Nous sommes challengés en permanence et recevons des retours en temps réel, c’est très stimulant.
Est-ce que Rose est seulement un magazine ?
Rose est avant tout une association loi 1901, indépendante et militante. La démocratie sanitaire se construit surtout dans les espaces où l’État ou des financements étatiques sont absents, aussi, nous essayons de mener des combats légitimes pour les patients atteints du cancer. Rose est à l’origine de l’article 190 de la loi de modernisation de notre système de santé relative au droit à l’oubli qui permet à d’ex-malades de cinq types de cancer de le l’hépatite C d’avoir accès aux assurances et prêts sans surprime 10 ans après la fin de leur traitement au lieu de 20 – 5 ans pour les mineurs. Cela a représenté une grande victoire pour nous et les malades. Il nous arrive également d’écrire sur des sujets polémiques, de manière à susciter des réactions de la part de notre communauté et des autorités sanitaires. Nous avons mené une enquête très documentée sur l’oncotest alors qu’il n’était toujours pas pris en charge par l’Assurance maladie… l’INCa l’a validé peu après. Rose est aussi un médium de communication entre les patients et les médecins. Nous venons par ailleurs de lancer Blu, le magazine pour les hommes atteints d’un cancer, il était temps…