Mesurer pour s’améliorer
Un accélérateur de particules
Les 195 pays du monde ont signé samedi dernier un accord qui limite la hausse du mercure à 1,5 degré. Cet accord « est différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant » a déclaré Laurent Fabius, président de la COP 21 et ministre des Affaires Etrangères français.
Ce texte de 31 pages propose donc un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre de l’activité humaine et la capacité de la nature à les absorber.
Chacun des 195 pays a désormais l’obligation d’avoir une politique de lutte contre le changement climatique, de publier ses contributions, et de réviser son plan d’actions tous les 5 ans, afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre « aussitôt que possible ». L’accord ne spécifie pas les moyens de respecter ces engagements et laisse chaque Etat écrire sa propre feuille de route.
Cet accord est historique, mais il faut désormais le traduire dans les actes. Cela signifie réduire nos émissions à marche cadencée : c’est le travail des collectivités, des entreprises et des citoyens. Honorer l’accord de Paris signifie à terme la fin des énergies fossiles, en premier lieu le charbon, puis le pétrole et le gaz, qui ont contribué à la croissance et la prospérité des pays.
La COP 21 est un formidable accélérateur de particules en communiquant de l’énergie à chacune d’entre elles… que nous sommes. Nous savons que la tâche est ardue, mais nous avons deux certitudes : une minorité agissante entraînera les autres et le coût de l’inaction sera plus élevé que celui de l’action.
Si nous appliquons tous au quotidien quelques éco-gestes simples, si nous mutualisons nos meilleures pratiques au niveau de nos établissements, nous atteindrons en 2030 cet objectif de réduction de 40 % de notre empreinte carbone, que certains d’entre nous sont déjà en passe de franchir.
En 2016, agissons ensemble pour une meilleure santé.
Les initiatives
« La grande pesée »
en Midi-Pyrénées
113 établissements de santé pèsent leurs biodéchets
Les établissements sanitaires et médico-sociaux sont le plus grand restaurant de France ouvert 365 jours par an, où sont servis 1,35 milliard de repas ! De tous les métiers de la restauration collective, c’est celui de la restauration en établissements de santé et médico-sociaux qui enregistre le plus gros volume de pertes et gaspillages : 264 g par personne et par repas moyen, lui-même estimé à environ 650 g. Un établissement de 100 lits peut produire chaque année jusqu’à 23 tonnes de déchets alimentaires, ce qui correspond à une empreinte carbone de 8 tonnes équivalent CO2.
113 établissements dont 15 cliniques MCO étaient engagés dans la « grande pesée régionale » des biodéchets pilotée par le réseau qualité Requamip, le C2DS et sa filiale d’expertise Primum non nocere à l’automne dernier.
Le segment MCO enregistre un gaspillage alimentaire de 187 g de biodéchets dont 127 g des retours plateaux, 11 g de la cuisine, 11 g de la légumerie.
Les 113 établissements participants cumulent 1450 tonnes de gaspillage alimentaire, dont 81 tonnes de pain.
L’énergie qui vient du sous-sol
Pôle Santé ORELIANCE, Saran (45)
Le Pôle Santé ORELIANCE, nouvel hôpital privé de 510 lits et places au nord d’Orléans a ouvert ses portes en aout 2013, né du regroupement des quatre cliniques situées au nord de la ville. D’emblée le choix a été fait d’une pompe à chaleur géothermique sur nappe superficielle, couplée à un thermo-frigo-pompe pour couvrir 30 % des besoins de chauffage des locaux et 85 % des besoins en climatisation des blocs opératoires. Les économies d’énergie attendues grâce à cette pompe à chaleur géothermique sont de 1 575 MWh/an (soit 135 TEP/ an). Cela signifie la réduction annuelle d’émission de 264 tonnes d’équivalent CO2. Les 40 028 m² de bâtiments certifiés HQE ont également obtenu le label Très haute performance énergétique (THPE).
Un engagement inscrit dans le temps
Clinique de l’Anjou, Angers (49)
La Clinique de l’Anjou est l’un des premiers établissements hospitaliers en France à s’être lancé dans l’aventure ISO 14001 dès 2009, et qui l’a renouvelé en 2012.
« La certification ISO nous a permis d’afficher et d’assoir notre engagement de façon institutionnelle. Toutefois, on communique très peu là-dessus, on ne s’en sert pas pour ‘se faire valoir’. Dans l’audit réalisé avec l’AFNOR, on a couplé la certification ISO 9001 pour notre service de stérilisation, et l’ISO 14001 car il y a beaucoup de points communs », précise Marine Maussion responsable qualité et développement durable.
Côté énergie, la Clinique de l’Anjou s’est mise à la biomasse, mais en réseau.
« Nous avions des panneaux solaires sur le toit, mais ils ne nous ont pas donné satisfaction. Nous avons la chance d’avoir la chaufferie par biomasse de la ville d’Angers à proximité de la clinique et à laquelle nous nous sommes raccordés. Nous n’avons eu à prendre en charge que les canalisations de notre établissement ». Résultats : moins 20 % de CO2 produit par le réseau chaleur.
Par ailleurs, la clinique affiche des photographies de ses containers de déchets. Peu glamour mais efficace. « Travailler sur les déchets est un travail de terrain. Nous pratiquons des audits officiels dans chaque service au moins deux fois par an. On fait l’inventaire des poubelles et on sensibilise. Nous les ouvrons et photographions les manquements et en faisons des posters afin de pouvoir sensibiliser sur le long terme». Pour marquer les consciences, rien ne vaut le choc des images !
Des indicateurs et de la méthode
Groupe Diaverum
Le groupe Diaverum travaille méthodiquement et depuis plusieurs années à la réduction de l’impact environnemental de son activité de dialyse. L’ensemble de ses 15 centres, y compris son siège, sont certifiés ISO 14001. Chaque année se sont quatre centres qui sont à nouveau audités pour conserver la certification. Ils doivent intégrer également les recommandations émises en direction des autres établissements audités l’année précédente. Une dynamique vertueuse !
Une étude réalisée par le groupe sur l’hémodialyse et la dialyse péritonéale a permis d’identifier les postes les plus impactants qui sont par ordre décroissant : les transports, les intrants et enfin les déchets.
Diaverum suit de très près ses indicateurs et peut afficher des résultats performants pour 2015. Au niveau du groupe entre 2013 et 2015 : – 13 % de DASRI ; – 14 % de consommation d’eau, 440 litres en moyenne par séance d’hémodialyse (-60 % sur son site pilote) ; – 8 % de consommation d’électricité (- 53 % sur son site pilote), -0,29 g de DAOM par séance avec une moyenne nationale de 1,88 kg.
Le groupe s’est engagé par ailleurs sur plusieurs de ses sites dans une démarchePaperless (zéro papier en dialyse), avec succès, à l’aide d’une tablette équipée d’un logiciel adapté. Le groupe met enfin l’accent sur le co-voiturage des patients, testé avec succès sur son site de Mulhouse : – 8 % des transports sanitaires pour le même volume d’activité.
L’Association Santé Environnement France (ASEF) rassemble près de 2 500 médecins en France et s’intéresse aux questions de santé-environnement : qualité de l’air, ondes électromagnétiques, biodiversité, alimentation, etc. L’ASEF réalise des études, des enquêtes, organise des conférences, publie des guides bio-thématiques et propose un site internet d’information sur les thématiques santé-environnement.
Quelles sont les principales conséquences du réchauffement climatique sur la santé ?
Le réchauffement climatique va accentuer d’une part les catastrophes naturelles, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences. D’autre part, les maladies infectieuses, les pollens, les allergies et les pics de pollution vont également s’accroître. Ce sont les grandes conséquences sur la santé. La canicule de 2003 a fait 15 000 morts, alors que seulement 2 500 personnes devaient statistiquement mourir dans l’année. La vague de froid de 2005, arrivée avec retard, a causé entre 4 et 6 000 morts. En outre, et notamment dans ces périodes de froid, l’augmentation de la pollution atmosphérique va accentuer les phénomènes négatifs sur la santé. Les maladies infectieuses sont également en recrudescence. Le moustique, vecteur principal de maladies comme la dengue ou le chikungunya, se développe, trouvant des conditions de développement meilleures : chaleur, eau et une longueur d’incubation en diminution. A la Réunion, les virus du chikungunya ou celui de la dengue ont entraîné le décès de jeunes et de personnes âgées. Outre les douleurs articulaires prégnantes pouvant durer des mois, des patients ont dû subir des greffes de foie liées des hépatites toxiques, d’autres ont déclaré des maladies cardiaques pouvant provoquer des morts subites, des maladies rénales et des encéphalites. Des cas de transmission du virus de la mère à l’enfant ont été constatés avec le décès de l’enfant. Le moustique tigre a été identifié dans le sud de la France et on n’est pas à l’abri d’une épidémie de grande ampleur de chikungunya. D’autres maladies véhiculées par des vecteurs vont trouver des conditions favorables suite au réchauffement climatique ainsi que des maladies comme la fièvre de la vallée du Rift, les leishmanioses, les leptospiroses.
Qu’en est-il des affections chroniques ?
Actuellement autour de 25 % de la population est allergique. La pollution de l’air aggrave les conséquences de l’allergie via un système inflammatoire qui développe un terrain extrêmement favorable. Il est donc primordial de lutter contre la pollution de l’air. Prenons l’exemple de l’ambroisie. Les plantes aiment et profitent du CO2. Il y a un siècle, elles sécrétaient cinq grammes de pollen pour un plan, alors qu’à l’heure actuelle, c’est à peu près dix grammes. En général, la durée de pollinisation va être plus longue, le pollen émis va être plus important surtout en période de sécheresse et, combinés à la pollution de l’air, ces facteurs vont aggraver les terrains allergiques de personnes sensibles. Autour de l’Etang de Berre, la pollution industrielle est très forte – c’est la première région de France en termes d’ozone – et on y constate une sur-consommation de presque 20 % de médicaments anti-allergiques. Cette pollution, sans même prendre en compte le réchauffement climatique, est déjà à l’origine d’une augmentation des allergies, donc un surcoût humain et sanitaire. Rappelons que les allergies favorisent l’asthme chez l’enfant.
A quoi est-ce que les établissements de santé en France doivent-ils se préparer ? et comment ?
L’adaptation au changement climatique doit se préparer dès à présent : formation du personnel soignant aux nouvelles pathologies, conditions sanitaires d’accueil adaptées aux afflux possibles de patients lors des vagues de chaleur, conception des locaux permettant de lutter contre la chaleur (couleur des murs extérieurs, aération des locaux, espaces de verdure) car la climatisation ne pourra pas tout. Il faudra en amont y ajouter la mise en place d’une action globale de conseil et de prévention en lien avec les acteurs institutionnels, personnels soignants en ville, familles pour limiter le recours à l’hospitalisation.