1,2,3 Questions – Ségolène BENHAMOU

Ségolène BENHAMOU, PDG de l’Hôpital Privé Nord Parisien, Sarcelles (95)

Vous étiez présidente de la FHP-MCO lors du premier confinement décrété il y a exactement cinq ans. La France vivait alors son premier confinement. Quels souvenirs conservez-vous de cette journée ?

Je venais d’apprendre que j’étais positive au Covid. J’avais été contaminée, comme plusieurs de mes collaborateurs, lors d’une cellule de gestion de crise. J’étais confinée chez moi avec mes fils, dans l’attente des premiers symptômes. C’est donc à distance, par téléphone, que j’ai commencé à gérer ce confinement avec ceux de mes encadrants qui n’avaient pas été contaminés.

Cinq ans après, quels enseignements les établissements privés de santé en retiennent-ils ?

Le premier enseignement est que, face à la difficulté, tous les établissements, qu’ils soient publics ou privés, coopèrent. C’est grâce au pragmatisme de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, qui nous a tous traités de la même manière et s’est affranchie des règles, que nous avons pu faire face à la crise sanitaire.

Cette période a mis en évidence le rôle essentiel des établissements privés dans le maillage territorial et leur participation a été indispensable pour surmonter la crise. Ils ont démontré une grande capacité d’adaptation : considérés au départ comme des établissements de seconde ligne, nous avons été propulsés dans notre région en première ligne, du jour au lendemain, sans y avoir été préparés.

Au sein de mon établissement, l’un des principaux enseignements a été la puissance du collectif et l’importance de l’esprit d’équipe entre médecins, soignants et personnels administratifs. Devant le nombre de patients contaminés dans notre département, les cliniques ont dû ouvrir des unités Covid, sans aucune préparation. Et sans la mobilisation de tous les médecins, quelle que soit leur spécialité, pour assurer la surveillance des patients jour et nuit, nous n’aurions pas pu faire face. Dans une société de plus en plus individualiste, dans des établissements où les médecins exercent majoritairement en libéral, il est essentiel de cultiver la solidarité au service des patients. Sans cela, il est impossible de gérer une crise d’une telle ampleur.

Enfin, l’épidémie de Covid a été une mise en application concrète et prolongée de nos plans blancs et des outils associés. Il est impératif d’être préparé et d’intégrer la gestion de crise à nos pratiques. Ce n’est pas seulement un référentiel de la certification, mais un élément indispensable à inscrire dans notre fonctionnement quotidien, avec les outils de communication adaptés. Nous savons désormais que de telles crises se reproduiront.

Si nous devions à nouveau vivre un confinement, que diriez-vous aux soignants ?

Je les rassurerais en leur rappelant que nous avons déjà traversé un tel cataclysme sans y être préparés et que, désormais, nous sommes prêts.

Je leur dirais aussi que la priorité absolue est de se protéger et de protéger les patients. Il est impératif de suivre les consignes de sécurité sanitaire !

Enfin, j’insisterais sur l’importance de la communication en période de crise et de la capacité d’adaptation aux consignes qui nous seront données.