Dr Paul GARASSUS, neurologue, président de l’UEHP de 2015 à janvier 2025
Après 25 ans d’engagement au service de l’hospitalisation privée, dont 10 ans passés à la présidence de l’Union européenne de l’hospitalisation privée (UEHP), quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Il y a toujours eu un fil directeur et la volonté de comprendre a guidé mon cheminement professionnel. Je suis avant tout soignant, neurologue, plongé dans un univers fantastique, celui du cerveau. Sa complexité biologique et médicale m’a passionné. Puis je me suis orienté vers l’économie de santé, car je voulais comprendre la systémique de l’environnement médico-économique dans lequel j’évoluais : le financement des systèmes de santé, les acteurs en présence, régulateurs ou financiers, les mécanismes en jeu avec comme implication un but unique, celui d’améliorer la performance soignante. Enfin Européen dans l’âme, notamment depuis mes études lycéennes en Allemagne, j’ai voulu étendre ma volonté d’action à cet espace qu’est l’Europe de la santé toujours en devenir. Quarante mille kilomètres de train et dix à douze pays visités chaque année, m’ont permis d’acquérir une riche expérience de terrain.
C’est donc ainsi que, par une volonté de rapprocher médecins et patients, santé et économie, mais aussi prendre en compte la richesse culturelle commune et diverse de notre continent, ces principes de convergence ont été la raison d’être de cet engagement professionnel et bénévole durant toutes ces années. Médecine et économie doivent tisser un lien positif, j’en ai fait un livre* !
En intégrant l’UEHP, j’ai mis en pratique mon engagement pour le système de santé privé et pour les questions médico-économiques en me mettant au service d’un certain idéal européen. Les risques d’une fragmentation sociétale que l’on observe dans de nombreux États membres, justifieraient s’il en était besoin la nécessité de « s’exposer », selon la formule du philosophe Paul Ricœur. Les dix années à la présidence de l’UEHP, celles comme représentant de la FHP, ont été une formidable aventure humaine et intellectuelle à la rencontre de professionnels engagés, de ministres ou de hauts responsables internationaux, à la Commission européenne ou à l’OCDE.
À l’heure de passage de témoin, quel bilan faites-vous de vos 10 ans à la présidence de l’UEHP ?
Le secteur de santé privé qui est le seul en croissance en Europe, représente actuellement un quart de l’activité hospitalière. Il mérite une pleine reconnaissance de ses engagements professionnels. Nous sommes conscients de nos responsabilités sociétales en partageant une éthique du soin, de la qualité et de l’efficience, profondément ancrée dans nos actions. C’est un combat permanent de défendre la place spécifique de notre secteur, en présentant encore et toujours nos actions positives au service du collectif : innovation, flexibilité, respect environnemental, attractivité pour une génération de professionnels…
En tant que communicant, j’ai porté la voix d’un secteur de santé privé européen uni, pour la faire entendre aux tables de discussion, pour pousser des portes. Si j’ai un résultat à afficher, c’est celui d’avoir contribué à donner une reconnaissance de l’hospitalisation privée européenne, l’avoir rendue visible et crédible. Aujourd’hui, l’UEHP est une fédération professionnelle reconnue en Europe, qui participe à des travaux et publications scientifiques, à des projets et groupes de travail européens, à des congrès internationaux. Ainsi l’UEHP, fédération indépendante inscrite au fichier de la transparence à Bruxelles, a accès au Parlement et aux différentes commissions européennes. Elle siège au BIAC, le partenaire institutionnel professionnel de l’OCDE, mais est aussi conviée à l’OMS, aux réunions internationales organisées par The Economist, HIMSS, la fédération hospitalière internationale IHF, etc.
Oscar Gaspar vient d’être élu à la présidence de l’UEHP, comment la transition se passe-t-elle ?
L’UEHP est entre d’excellentes mains. Oscar Gaspar, président de la fédération portugaise des hôpitaux privés, ancien secrétaire d’État à la Santé dans son pays, vient d’être élu président de l’UEHP le 31 janvier 2025. Il pourra s’appuyer sur des administrateurs experts de terrain, représentant nos fédérations dans les nations membres. Pour ma part, j’ai accepté la fonction de président honoraire, chargé des travaux scientifiques et de communication au service de la profession. L’aventure continue, en s’octroyant dorénavant quelques temps libres !
*Éthique et argent en santé : les enjeux du débat, de Dr Paul Garassus et Christian Hervé (ISBN 9782747231824)