Les inégalités face aux troubles thyroïdiens

Plus de 5 millions de Français sont concernés par un trouble thyroïdien ! Cette glande dite « endocrine » située à la base du cou, est un organe qui assure de nombreuses fonctions vitales. Mais elle est aussi sujette à de multiples dysfonctionnements. Quels sont-ils ? Qui est concerné ? Comment optimiser la prise en charge des patients ? Explications.

La thyroïde, un organe essentiel pour le bon fonctionnement de l’organisme

Ressemblant à un petit papillon localisé à la base du cou et ne pesant qu’une vingtaine de grammes, la thyroïde produit et libère de nombreuses hormones dans le sang. Ces dernières permettent de réguler plusieurs fonctions de l’organisme comme :

  • La température corporelle ;
  • Le poids ;
  • La force musculaire ;
  • L’appétit ;
  • La respiration ;
  • La croissance ;
  • Le système reproducteur ;
  • Les fonctions cardiaques, cérébrales et rénales.

Véritable cheffe d’orchestre, lorsqu’elle dysfonctionne, elle impacte alors l’ensemble de l’organisme.

Quelles sont les différents troubles thyroïdiens ?

Lhypothyroïdie : les hormones thyroïdiennes sont produites de façon insuffisante. L’organisme fonctionne alors au ralenti et s’épuise plus rapidement. Cela se traduit par une importante fatigue, une prise de poids, un ralentissement du rythme cardiaque, des ongles et des cheveux fragilisés et cassants, une sensation de froid constante.

  • Elle touche environ 5% de la population adulte, avec une prévalence plus élevée chez les femmes. Les personnes âgées de plus de 60 ans sont également touchées, avec une incidence qui peut atteindre jusqu’à 10 %.

Lhyperthyroïdie : les hormones thyroïdiennes sont produites de façon excessive. Cette surproduction provoque un amaigrissement rapide, une accélération du rythme cardiaque, des bouffées de chaleur, de l’irritabilité, etc.

  • 0,5% de la population Française est concernée en moyenne. Comme pour l’hypothyroïdie, elle touche plus souvent les femmes que les hommes.

La thyroïdite : ce trouble correspond à une inflammation de la thyroïde pouvant être d’origine bactérienne. Elle se manifeste brutalement, par un gonflement de la thyroïde et des signes d’inflammation douloureux.

  • La thyroïdite de Hashimoto, la forme la plus courante de thyroïdite auto-immune, affecte environ 2% des Français, avec une incidence plus élevée chez les femmes. La maladie de Graves, une autre forme d’auto-immunité thyroïdienne touche quant à elle, environ 0,5% des Français.

Le goitre : il s’agit d’une augmentation de volume de la thyroïde, le plus souvent causé par un manque d’iode. Il peut être d’origine tumorale, inflammatoire ou bien vasculaire.

  • Il concerne environ 10% de la population adulte en France et se développe le plus souvent chez les sujets âgés.

Les nodules thyroïdiens : ils sont bénins dans 90% des cas. Ils n’entraînent généralement pas de symptômes si ce n’est une gêne.

  • Jusqu’à 50% de la population française pourrait avoir un ou plusieurs nodules thyroïdiens détectables par échographie après l’âge de 50 ans. Heureusement, moins de 5% de ces nodules sont malins.

Cette estimation repose sur des données épidémiologiques. La détection des nodules thyroïdiens n’est pas acquise et il est tout à fait possible d’en avoir sans le savoir. En effet, de nombreux nodules sont asymptomatiques et peuvent être découverts de manière fortuite lors d’un examen médical pour une autre raison.

Le cancer de la thyroïde : les principaux symptômes d’alerte sont la présence d’une masse palpable, une modification de la voix, des difficultés à déglutir. Il s’agit d’un cancer relativement rare mais qui se soigne bien s’il est rapidement pris en charge.

  • 5 000 nouveaux cas de cancer de la thyroïde sont diagnostiqués chaque année, avec une nette prédominance chez les femmes.

Les femmes et les séniors sont les plus touchés par les troubles thyroïdiens

Ils affectent de manière disproportionnée les femmes par rapport aux hommes. Cette différence s’explique notamment par les variations hormonales chez les femmes qui peuvent influencer la fonction thyroïdienne comme : la grossesse, l’accouchement ou bien la ménopause.

Par ailleurs, le vieillissement s’accompagne de modifications anatomiques et fonctionnelles de la thyroïde. Avec l’âge, les risques de dérèglement de la fonction thyroïdienne augmentent et sont souvent confondues avec les signes du vieillissement. Il est donc important de distinguer ce qui relève d’un processus physiologique, d’une pathologie thyroïdienne.

L’impact du dépistage pour un meilleur accès aux soins

L’identification rapide des affections de la thyroïde et leur traitement approprié sont essentiels pour prévenir des complications graves.

La Haute Autorité de santé (HAS) a notamment publié en 2023, un socle complet de recommandations relatives au diagnostic, à la prise en charge et au suivi des dysthyroïdies (en particulier en cas d’hypo et d’hyperthyroïdie. Elle a pour objectifs :

  • Prescrire les examens biologiques et d’imagerie de façon pertinente et cadencée : la HAS recommande un procédé de réalisation des examens en cascade en commençant par la TSH. Si celle-ci est normale, les autres examens prescrits n’ont pas besoin d’être réalisés. Dans le cas d’une hyperthyroïdie, le recours à l’imagerie n’a d’intérêt que dans des cas précis ;
  • Choisir la prise en charge la plus adaptée, dans le cadre d’une décision médicale partagée et en tenant compte des préférences des patients : le traitement n’est pas systématique dans le cadre d’une forme fruste d’hypo ou d’hyperthyroïdie. La lévothyroxine est indiquée dans le traitement d’une hypothyroïdie avérée, les antithyroïdiens de synthèse le sont en première intention dans l’hyperthyroïdie avérée ;
  • Adapter la prise en charge médicamenteuse à chaque profil de patient.

Diagnostic de l’hypothyroïdie : la TSH en premier, complétée uniquement si nécessaire

En pratique, la HAS recommande la réalisation cadencée des examens :

  • Le médecin prescrit sur une seule et même ordonnance différents dosages ;
  • Dans un premier temps, le biologiste réalise le dosage de la TSH. Il n’enclenche les dosages supplémentaires (T4L) qu’en cas de résultat de TSH anormal.

Diagnostic de l’hyperthyroïdie : la TSH suffit en première intention

Selon le procédé d’analyses biologiques en cascade, le biologiste enclenche des examens complémentaires si le taux de TSH est anormal. L’objectif est alors d’affiner le diagnostic :

  • Différencier une hyperthyroïdie fruste ou avérée ;
  • Déterminer la cause.

L’imagerie médicale n’est pas systématique. Elle est envisagée dans certains cas, tels que :

  • Présence de nodules ou de ganglions cervicaux suspects à la palpation ;
  • Recours à un traitement chirurgical.

 Les recommandations pour un meilleur dépistage

Plusieurs actions peuvent être mises en place pour optimiser les dépistages en cas de suspicion de troubles thyroïdiens.

  • Renforcer les campagnes de sensibilisation auprès du grand public pour améliorer la reconnaissance précoce des symptômes.
  • Faciliter l’accès aux soins spécialisés en déployant des téléconsultations ou des équipes mobiles pour les zones rurales et sous-desservies.
  • Intégrer le dépistage systématique des troubles thyroïdiens dans les bilans de santé, en ciblant particulièrement les femmes, les personnes âgées et les individus à risque.
  • Promouvoir la formation continue des professionnels de santé, en mettant l’accent sur les spécificités de genre et d’âge dans la présentation clinique des troubles thyroïdiens.

Sources :