Les recommandations de la SFAR en anesthésie pédiatrique devraient s’appliquer au 1er janvier 2025, à tous, sans distinction… sauf à envisager raisonnablement un nouveau report. Celles-ci sont délétères pour les établissements de santé publics et privés et participent à la création de déserts médicaux et de délais de prise en charge allongés. Pourtant, l’étude réalisée, exclusivement ciblée sur la prise en charge pédiatrique, par le Dr Clémence Hindy-François à la clinique Marcel Sembat (92), démontre que les patients pris en charge dans les cliniques et hôpitaux privés sont significativement différents de ceux décrits dans l’étude qui a servi à légitimer ces recommandations. Les mêmes règles doivent-elles s’appliquer dès lors que les patients sont différents ? La réponse est bien évidemment négative.
L’étude européenne multicentrique prospective (APRICOT), qui a motivé la révision des pratiques professionnelles, repose en France sur 11,5 % des procédures réalisées dans 20 centres – 17 CHU, 1 CH, et seuls 2 établissements de santé privés. Elle décrit une activité significativement différente de l’étude Anesthésie pédiatrique en France en libéral (APFeL). Cette dernière, réalisée sur 3 886 patients âgés en moyenne de 6,7 ans, indique que 98,6 % de cette activité était programmée et a été réalisée pour 93,2 % en ambulatoire. 58 % de ces actes étaient qualifiés à risque mineur, 3 % à risque intermédiaire et 0 % à risque majeur. 83,3 % des patients pris en charge dans les cliniques et hôpitaux privés sont ASA 1, contre 69,9 % dans l’étude APRICOT France, et respectivement, seulement 2,4 % ASA 3 contre 7,10 %. Elle démontre que l’activité libérale se déroule avec peu de complications et pas de conséquences des complications. Les équipes d’anesthésie actuelles en place sont donc parfaitement adaptées.
Ces recommandations « dites » de bonnes pratiques sont assimilables pour certaines d’entre elles à des conditions techniques de fonctionnement, prérogatives exclusives de l’État. Cette confusion des missions n’est pas sans conséquence. De plus, elles n’ont pas fait l’objet d’étude d’impacts, notamment sur le volet ressources humaines. Ces graves erreurs qui ont conduit à la rédaction de ces recommandations ont des conséquences immédiates : un tiers des 183 établissements de santé privés répondants à notre enquête va arrêter totalement ou partiellement la chirurgie pédiatrique, c’est-à-dire un quart de l’activité de notre panel. Par ailleurs, presque 60 % des établissements répondants vont déposer une demande d’autorisation d’activité de chirurgie pédiatrique en 2024 ou 2025, majoritairement en orthopédie et traumatologie, urologie et digestif pour les patients de plus de trois ans.
La FHP-MCO n’entend pas laisser cette situation de santé publique se dégrader et demande le report de l’application des recommandations de la SFAR. Un nouveau report significatif est indispensable pour travailler à des évolutions adaptées de ces recommandations de la SFAR. À défaut, dans un souci d’amélioration de la qualité des soins, nous serons contraints de proposer une charte d’engagement des établissements de santé privés.