Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) : Où en est la recherche ?

Maladie hormonale touchant en moyenne une femme sur dix, le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) est la première cause d’infertilité féminine. Si la prise en charge consiste principalement à traiter les symptômes, de nouvelles pistes thérapeutiques en cours pourraient changer la donne. Explications.

Qu’est-ce que le SOPK ?

Le SOPK est causé par un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale (au niveau du cerveau). Il provoque une production excessive d’hormones androgènes (normalement produites en petite quantité chez les femmes). Il entraine aussi une élévation du taux de testostérone dans le sang de celles qui en sont touchées.

Si chez certaines femmes, cette pathologie se manifeste de façon légère, chez d’autres les symptômes peuvent être très handicapants avec :

  • Des cycles menstruels irréguliers ;
  • Des troubles de l’ovulation ;
  • Une hyperpilosité ;
  • De l’acné ;
  • Une chute de cheveux.

Le SOPK peut également favoriser l’apparition de troubles métaboliques comme du diabète, une hypertension artérielle ou encore des maladies cardiovasculaires.

Comment dépister le SOPK ?

Face à un trouble du cycle menstruel qui persiste et une hyperandrogénie, il est nécessaire de réaliser une échographie. Elle permet de visualiser l’aspect des ovaires et étudier les follicules qui les composent. 

Au début du cycle menstruel, 5 à 10 petits follicules en moyenne d’environ 5 à 9 mm sont prêts à entrer en croissance au niveau de chaque ovaire. Un seul d’entre eux, le « follicule dominant », parviendra au terme de sa maturation et produira un ovocyte fécondable. En cas de SOPK, la maturation folliculaire est bloquée et les follicules immatures s’accumulent (car ils ont une durée de vie plus longue), sans follicule dominant : une échographie pelvienne montre de nombreux petits follicules (au moins 20 follicules de diamètre inférieurs à 9 mm) et/ou un volume ovarien important (supérieur à 10 ml), sans présence de kyste, ni de follicule dominant.

Pour confirmer le diagnostic, un bilan biologique basé sur un prélèvement sanguin est également pratiqué, entre le deuxième et le cinquième jour du cycle. Chez les patientes qui n’ont pas de menstruations, celles-ci sont provoquées par un traitement à base de progestérone administré pendant sept à dix jours.

Il consiste à analyser la FSH (hormone folliculo-stimulante) et de la LH (hormone lutéinisante). Ces deux hormones produites par l’hypophyse, une glande située à la base du cerveau, contrôlent la production hormonale ovarienne ainsi que le cycle ovarien. D’autres molécules sont également dosées comme :

  • La prolactine ;
  • La testostérone ;
  • La glycémie.

En cas de SOPK, les résultats révèlent :

  • Des taux de FSH et LH normaux, ou augmentés pour la LH ;
  • Une élévation modérée des androgènes (testostérone et /ou androsténedione) ;
  • Une tendance à l’insulino-résistance et au diabète, surtout s’il existe une obésité associée.

Un traitement qui soulage uniquement les symptômes

Jusqu’à ce jour, le traitement du SOPK repose principalement sur la gestion des symptômes et une bonne hygiène de vie. Il vise à :

  • Limiter l’hyperandrogénie (acné, hirsutisme, etc.). La prise de pilule œstroprogestative permet d’inhiber la sécrétion de LH et réduit ainsi la production d’androgènes ovariens ;
  • Régulariser les cycles menstruels pour augmenter les chances de fertilité et protéger la patiente des risques de cancer de l’endomètre ;
  • Faciliter l’ovulationsi une grossesse est désirée.

Où en est la recherche autour du SOPK ?

Des travaux de recherche s’orientent vers des troubles hormonaux in utero qui expliqueraient la transmission de la maladie à la descendance en l’absence de marqueurs génétiques évidents. Une surexposition intra-utérine à l’hormone antimüllérienne (AMH) d’origine maternelle, produite en quantité relativement importante au cours de la grossesse chez les femmes atteintes de SOPK, pourrait induire des anomalies de développement de certains neurones. Ces modifications pourraient être médiées par un excès de testostérone chez la mère, résultant de la surproduction d’AMH qui inhibe la conversion de testostérone en œstradiol.

Une piste thérapeutique prometteuse

Une nouvelle étude publiée dans Science suggère qu’un médicament antipaludique validé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pourrait offrir un traitement efficace contre le syndrome des ovaires polykystiques.

Dans le cadre de cette recherche, 19 femmes atteintes de SOPK ont pris ce médicament pendant trois mois. L’étude, menée par une équipe de chercheurs chinois, a montré que ces femmes ont vu une réduction significative de leurs niveaux de testostérone. D’après leurs résultats, 63 % des participantes ont retrouvé des cycles menstruels réguliers et une diminution des symptômes.

Cet antipaludique semblerait agir en bloquant une enzyme spécifique : la CYP11A1, essentielle à la production de testostérone dans les ovaires.

« Il s’agit d’une avancée majeure potentielle considérable et vraiment bienvenue dans la mesure où les problèmes de santé des femmes n’ont traditionnellement pas reçu autant d’attention que les maladies cardiaques et le cancer » a déclaré Channa Jayasena, maître de conférences clinique à l’Imperial College de Londres à The Guardian.

Qi-qun Tang, professeur à l’Université Fudan de Shanghai et auteur principal de l’étude explique que « D’après nos résultats, ces molécules sont des candidates prometteuses pour traiter le SOPK, car elles inhibent fortement la synthèse des androgènes ovariens, réduisent les follicules immatures et améliorent le cycle menstruel ».

Un essai clinique plus large est prévu pour évaluer les effets à long terme de cet antipaludique. Il permettra aussi de déterminer la dose optimale pour les patientes atteintes de SOPK. Si les résultats se confirment, ce médicament pourrait représenter une avancée majeure dans le traitement du SOPK.

Sources :