Réhabilitation cérébrale : Quels sont les bienfaits de la neurotechnologie pour retrouver ses fonctions après un AVC ?

Technologie permettant d’améliorer, de modifier ou d’analyser le cerveau, les tissus et systèmes neurologiques associés, la neurotechnologie est une technique novatrice permettant de faciliter la réhabilitation cérébrale, afin de retrouver ses fonctions, notamment après avoir été victime d’un AVC, première cause de handicap chez l’adulte. Explications.

 

 

Qu’est-ce que la neurotechnologie ?  

La neurotechnologie désigne toute technologie ayant une influence fondamentale sur la manière dont sont compris le cerveau et ses fonctions supérieures, les différents aspects de la conscience et de la pensée. Elle inclut également les technologies visant à réparer, voire améliorer le fonctionnement du cerveau ainsi que celles permettant aux chercheurs et cliniciens de le visualiser. La neurotechnologie fusionne les neurosciences et les technologies pour explorer, comprendre et manipuler le système nerveux.

Cette technique novatrice s’avère particulièrement intéressante pour les patients ayant été victime d’un AVC. Première cause de handicap chez l’adulte, avec plus de 120 000 personnes en moyenne hospitalisées chaque année, l’Accident Vasculaire Cérébrale provoque des lésions au niveau du cerveau impactant par la suite la motricité, la mémoire et le langage.

Parmi les facteurs de risque :

  • L’âge ;
  • La prédisposition héréditaire ;
  • L’hypertension artérielle ;
  • Le tabagisme ;
  • L’obésité abdominale ;
  • Le manque d’activité physique ;
  • La consommation d’alcool ;
  • Le diabète.

 

Quel est l’intérêt de la neurotechnologie sur la réhabilitation cérébrale ?

Après avoir subi un AVC, l’enjeu de la convalescence réside dans la récupération de la motricité. Elle implique de restaurer la transmission des informations entre le cerveau et les membres lésés. On estime en effet, que les thérapies de réadaptation sont principalement efficaces au cours des trois premiers mois après avoir été victime d’un AVC. Passé ce court délai, les patients sont considérés chroniques et la probabilité de récupération spontanée devient limitée.

Bien qu’une prise en charge pluridisciplinaire intégrant de la kinésithérapie, de l’orthophonie ainsi que de la médecine physique et de réadaptation est essentielle, le recours à la neurotechnologie permet quant à elle, de faciliter la réhabilitation cérébrale.

Les nouvelles technologies permettent notamment, de réaliser des activités de neuroréhabilitation de manière efficace et motivante pour les patients. Bien que les exercices de rééducation favorisent la plasticité cérébrale, des scientifiques ont en effet observé que « penser » à des mouvements pouvait avoir le même effet que des séances d’entraînement physique. Il s’agit plus précisément du neurofeedback.  Cette technique permet, grâce à des exercices, de moduler l’activité électrique de son cerveau.

 

Des résultats d’étude utilisant la neurotechnologie déjà impressionnants :

  • En 2019, des chercheurs suisses du Centre hospitalier universitaire vaudois et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, ont rétabli la connexion entre le cerveau et les jambes grâce à la neurotechnologie.
  • En 2020, des chercheurs de l’Université de Rennes, du service Médecine Physique et Réadaptation et du service de Radiologie du CHU de Rennes ont réalisé une première étude exploratoire visant à étudier la faisabilité et l’efficacité de l’entraînement par neurofeedback chez quatre patients présentant différents niveaux de paralysie partielle d’un membre supérieur à la suite d’un AVC. Ces personnes ont suivi un protocole d’entraînement intensif, pendant lequel l’activité de deux zones distinctes du cerveau impliquées dans le contrôle moteur était enregistrée. Le retour d’information de cette activité était visuel et consistait en une balle jaune se déplaçant dans une jauge proportionnellement aux informations recueillies par l’EEG et l’IRMf. Leur activité cérébrale a été suivie pendant 5 semaines soit par EEG et IRM, soit par EEG seulement.
  • Des chercheurs américains ont, quant à eux, développé une neurotechnologie visant à stimuler la moelle épinière permettant ainsi de restaurer les mouvements des bras et des mains de personnes touchées par un AVC. Les résultats de deux participants à une première étude sur l’humain ont été publiés dans Nature Medicine.
  • Par ailleurs, un chercheur montréalais teste actuellement une neurotechnologie innovante pour aider les survivants d’un AVC à retrouver le contrôle de leurs muscles. Marco Bonizzato, et son équipe à Polytechnique Montréal étudient les Interfaces cerveau-ordinateur (ICM), une nouvelle technologie qui permet au cerveau de communiquer en temps réel avec des dispositifs externes, ce qui permet d’aider les personnes souffrant de problèmes moteurs à la suite d’un AVC à retrouver le contrôle de leurs muscles. L’application principale des ICM est de permettre à une personne paralysée de contrôler des dispositifs externes grâce au décodage de signaux d’intention de mouvement émis par le cerveau. Les ICM ont été utilisées pour contrôler la stimulation de la colonne vertébrale et des muscles et réactiver les muscles paralysés, généralement en lisant les signaux du cortex moteur primaire, la région du cerveau principalement responsable d’exécuter les mouvements.
  • En 2023, une autre étude publiée dans la revue Nature, détaille les résultats obtenus chez une patiente ayant bénéficié d’un implant cérébral piloté par l’IA en Californie. Par cette intervention et après 18 ans à avoir perdu l’usage de la parole à la suite d’un AVC, elle est devenue la première patiente à utiliser avec succès une neurotechnologie révolutionnaire qui synthétise la parole et les expressions faciales à partir des signaux cérébraux, affirment les chercheurs à l’origine du projet. « Notre objectif est de restaurer une manière de communiquer complète et incarnée, qui est la manière la plus naturelle pour nous de parler avec les autres », a déclaré le Dr Edward Chang, président de la chirurgie neurologique à l’Université de Californie à San Francisco, dans la publication de l’UCSF.

Sources :