Sylvaine MAZIERE-TAURAN, présidente de l’Ordre national des infirmiers
En mai 2024, vous avez été élue présidente du conseil de l’Ordre national des infirmiers, quels sont les enjeux de la profession ?
Les enjeux sont directement liés à la réforme de la profession. Cela fait plusieurs années que l’Ordre des infirmiers travaille, en collaboration avec le ministre de la Santé et la DGOS, à la révision du positionnement de la profession dans le système de santé, afin de lui accorder l’autonomie dont elle a su faire preuve durant l’épisode Covid.
Ces travaux ont permis d’élaborer différents textes. Le premier texte de loi – qui devait être porté à l’Assemblée Nationale – positionne d’une part les missions principales des infirmiers en matière de soins, de prévention, d’éducation, de relationnel, et les notions de diagnostic et consultations infirmiers d’autre part. Nous espérions passer d’un dispositif ancien, soit une liste de tâches, à un descriptif des missions et des compétences. La dissolution de l’Assemblée Nationale a mis fin au processus. Ce travail de reconnaissance de l’activité est soumis à un avenir très incertain.
Par ailleurs, une proposition d’évolution du référentiel de formation devrait être adoptée à la suite du décret d’activité et de compétence. La réingénierie de certaines spécialités, dont les infirmières puéricultrices, doit être étudiée. Cela fait 40 ans que la formation des infirmières puéricultrices n’a pas été revue alors que tous les plans en faveur de la parentalité et de l’accompagnement de la petite enfance ont fait évoluer la fonction. Nous attendions beaucoup de la réforme de la profession.
Dans le contexte actuel, comment préparez-vous l’avenir de ces réformes ?
D’une part, nous invitons le gouvernement à prendre les décrets d’application des lois déjà votées. L’un de ces textes consacre la notion d’infirmier référent, favorable à une coordination de la prise en charge à domicile. Le second texte porte sur les plaies et cicatrisations. Il autorise les infirmiers à prescrire les pansements nécessaires à la réalisation des soins. Le troisième texte consacre l’accès direct et la primo prescription pour les infirmiers en pratique avancée. Ce texte est indispensable dans le cadre des lois de santé Rist et Valletoux du 23 mai 2023. Le décret d’application améliorera l’accès aux soins dans les déserts médicaux.
Dès le lundi 17 juin, les représentants de l’Ordre national des infirmiers ont interpellé les différents partis politiques pour les inciter à inscrire la santé au cœur de leurs engagements. Sur les territoires, nous sollicitons les élus locaux pour rappeler le rôle des infirmiers auprès des patients partout en France. Espérons que ces sujets deviennent une priorité pour le futur gouvernement.
Comment l’Ordre des infirmiers contribue-t-il à l’amélioration de l’attractivité de la profession ?
Par une amélioration de la qualité de vie au travail, de la santé au travail et un dispositif de formation plus adapté : cursus, statut étudiant, bourses… nous contribuons à développer l’attractivité de la profession.
De même, l’Ordre national des infirmiers participe activement au groupe de travail du gouvernement : le « #Metoo de la santé », afin d’élaborer des politiques de prévention, d’accompagnement des victimes et de sanctions contre les personnes qui se livrent à ce type de comportement.
Crédit Photo : Cocktail Santé