1,2,3 Questions – Dr Paul GARASSUS

Dr Paul GARASSUS, président de l’Union Européenne de l’Hospitalisation Privée (UEHP)

À quelques jours des élections européennes 2024, quelle doit être la place de l’Europe de la santé dans les débats ?

La Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP) et l’Union Européenne de l’Hospitalisation Privée (UEHP) ont conjointement exprimé dans une tribune leur attachement à l’Europe et à ses valeurs. Si la santé relève d’abord de la compétence des États, les grands défis sanitaires – nouveaux enjeux épidémiologiques, prévention et santé publique, crises de tous ordres – appellent à un renforcement des actions de l’Union Européenne. Au-delà, dans un monde fragmenté en proie aux replis sur soi, aux conflits et aux radicalités, l’Union Européenne offre un cadre de dialogue et d’action qui doit être promu et soutenu.

Les élections européennes sont très importantes, de leur résultat dépend le volontarisme en matière de coopération en santé. L’Europe est une chance pour la santé durable, en matière de qualité des soins, de prévention, d’innovation, de souveraineté. Elle doit créer les conditions favorables à l’engagement des acteurs de tous statuts pour relever les défis qui nous attendent. Les députés européens doivent s’emparer du sujet santé, et communiquer auprès des citoyens sur les avancées concrètes de l’Europe de la santé.

Quelles problématiques sont communes aux hôpitaux privés en Europe ?

À travers toute l’Europe, ce sont plus de 5 000 cliniques et hôpitaux privés qui jouent un rôle essentiel dans la réponse aux besoins de santé des populations, aux côtés des hôpitaux publics. Le secteur hospitalier privé que représente l’UEHP au niveau européen attend une équité de considération et un affichage transparent et argumenté des conditions de financement, afin d’éviter des incompréhensions, comme cela a été le cas en France tout récemment. Des situations discriminantes des acteurs privés ne peuvent avoir comme conséquences pratiques qu’un risque sur la qualité des pratiques médicales ainsi sous-financées.

L’Europe de la santé doit contribuer à faire émerger un écosystème participatif sans distorsion de concurrence ni rupture d’égalité, afin que les établissements de santé de tous statuts puissent offrir le service de santé le plus qualitatif aux patientes et aux patients. Les enjeux participatifs incitent à faire correspondre incitatifs et objectifs, à l’équivalent d’IFAQ en France.

Dans l’environnement économique contraint que connaissent la plupart des pays européens, les hôpitaux privés apportent la preuve qu’il est possible de concilier efficience et haut niveau de qualité des soins, et ce modèle doit être défendu et valorisé.

Quelles autres propositions portez-vous ?

L’Europe de la santé doit participer à augmenter drastiquement les capacités de formation des professionnels de santé, tout en maintenant des critères élevés de qualité. Les enjeux majeurs de recrutement, de fidélisation et de renforcement de l’attractivité des métiers de la santé doivent être fortement portés dans l’espace européen, avec également un travail autour des évolutions de carrière et des délégations de compétences.

L’Europe de la santé doit également progresser dans les mesures structurelles visant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement en matière de produits et de ressources de santé, pour lutter contre les pénuries critiques de médicaments : autant d’enjeux stratégiques pour les établissements de santé.  La souveraineté européenne est liée aux industries de santé, mais le champ des données doit être abordé en particulier depuis la validation de l’Espace Européen des Données de Santé, qui doit permettre de mieux appréhender les situations et accompagner l’aide à la décision.

L’Europe de la santé doit plus que jamais miser sur le développement de la recherche et de l’innovation en santé. Les délais d’accès des citoyens aux progrès thérapeutiques doivent être raccourcis, l’UEHP est également sollicitée au niveau européen pour contribuer à un renforcement des collaborations entre États membres. Des avancées communes sont attendues, car l’attention et le soutien du prochain parlement nouvellement élu, seront pour nous au centre des débats sociétaux.

L’Europe de la santé doit soutenir des plans ambitieux sur les grands sujets de santé publique : santé mentale, santé des jeunes, maladies rares, maladies neurodégénératives, protection des populations par la vaccination, accélération des approches préventives…, auxquels les établissements de santé privés doivent être étroitement associés, avec la participation des acteurs de la démocratie sanitaire. Car la « dette de soins » depuis la crise COVID impose à l’évidence une réponse commune à tous les hôpitaux européens. À ce titre, le secteur privé est un des maillons essentiels de l’offre de soins, accessible à tous.

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