Soins palliatifs : la France doit se donner les moyens de son ambition

La France occupe la 15e place, parmi les pays de l’OCDE, en termes d’offre de soins palliatifs. Aujourd’hui, avec 190 000 personnes prises en charge, seuls 50 % des besoins sont couverts. Et d’ici 2035, les besoins vont augmenter de 15 % selon le rapport de juillet dernier de la Cour des comptes. Un tel challenge ne sera relevé que par les forces cumulées des acteurs de l’offre de soin réunis.

Or, si on constate une augmentation de cette prise en charge au sein de l’hospitalisation privée sur les lits identifiés de soins palliatifs de 23 % en 2009 à 34 % en 2023, et aussi celle des prises en charge dites « autres avec 0 nuit « , le nombre d’unités de soins palliatifs privés (USP) décroît, passant de 19 % à 7 %. Notons d’ailleurs que 20 départements n’en disposent pas.

Le sujet du financement des USP est donc majeur. La FHP-MCO demande un taux de majoration de 70 % de leur financement car l’actuel taux de 50 % ne suffit pas à couvrir les charges nécessaires pour répondre au cahier des charges. De même, le financement des équipes mobiles en soins palliatifs est soumis à des décisions régionales peu transparentes, peu ou pas évaluées et non pérennes. Un financement stable pluriannuel est obligatoire pour inscrire des actions dans la durée.

Le cadre général et la dynamique sont là. Le développement et la structuration de la filière palliative sont au centre de l’instruction de fin 2022 et se trouvent renforcés dans celle de juin 2023. Les sages de la Cour des comptes ne recommandent rien d’autre : structurer des filières dédiées et graduées, coordonner les acteurs et préciser leurs missions. Ils sont aussi soucieux d’une meilleure évaluation de l’existant et de son financement. Une stratégie décennale sur les soins palliatifs est officialisée ce mois-ci et sera en mai également au cœur de l’examen du projet de loi « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie ».

Toutes les forces seront requises et les patients, aux quatre coins de la France, peuvent compter sur nous. Néanmoins, le ministère va devoir revoir sa copie concernant les modalités de financement, ne pouvant demander à ses partenaires d’œuvrer à perte ou bien sans garantie de stabilité. Regagner des places dans le classement de l’OCDE va demander de l’ambition et des actes pour l’accompagner.

Frédérique Gama

Présidente de la FHP-MCO