Qui peut expliquer et justifier une croissance en 2024 des tarifs du secteur public 14 fois supérieure à celle du secteur privé ? De mémoire syndicale, nous n’avions jamais connu un tel écart d’évolution tarifaire de plus de 14 fois ! La convergence tarifaire longtemps espérée comme le fondement du système hospitalier devient en France un « impensable ». Désormais, un principe dogmatique guide nos politiques. Seule la volonté partagée et légitime de protéger des activités ciblées comme la maternité, la pédiatrie et la médecine, y compris les soins palliatifs, demeure, mais, là aussi, de manière différenciée, en conduisant pour notre secteur à une absence d’augmentation des tarifs des autres activités.
De mémoire d’économiste de la santé, jamais la construction de la campagne n’aura été aussi insincère, ignorant une inflation à 5,2 % en 2022 et à 4,9 % en 2023. Jamais, la campagne n’aura été publiée avec un tel retard au motif d’un arbitrage tardif, et sans aucun échange pendant les arbitrages, obligeant tous les établissements de France de démarrer leur facturation 2024 pour le mieux à la fin du mois d’avril.
C’est un système dogmatique entier qui s’impose aux établissements privés et qui, outre la campagne tarifaire, utilise d’autres leviers pour discriminer : des mesures relatives aux ressources humaines disproportionnées entre les secteurs d’activité, en notre défaveur, un abattement de 50 % du coefficient CICE pour un autre secteur, en notre défaveur.
Cette situation est très violente pour toutes les équipes qui se sont dévouées pendant la pandémie, mais aussi pour assurer une reprise de l’activité afin d’éviter toute perte de chance potentiellement générée par des retards de prise en charge. Le statut privé est-il devenu une tare post Covid ?
Jamais une telle décision n’aura provoqué un tel séisme, poussant les professionnels de santé à remettre en cause l’entraide qui peut exister sur le terrain. En effet, comment coopérer quand l’un des deux n’est pas respecté, reconnu, pire humilié ?
Les instances syndicales se réunissent cette semaine pour définir les actions syndicales à conduire aux niveaux national, régional et des établissements de santé. La ligne rouge a été plus que franchie.