La pénurie des médicaments et des dispositifs médicaux ne date pas d’hier mais s’aggrave de façon extrêmement préoccupante, avec une augmentation de 30 % des ruptures en 2023. Est-ce que la nouvelle feuille de route du gouvernement va endiguer ce problème profond de santé publique ? Même si les ruptures d’approvisionnement n’ont pas (encore) entraîné de déprogrammation d’activité dans nos établissements, la mise sous tension permanente des équipes n’est pas tenable dans la durée.
Grâce à vos réponses à notre enquête effectuée fin 2023, et nous vous en remercions, nous sommes en mesure de porter des éléments factuels auprès des tutelles sur la situation des cliniques et hôpitaux privés et sur l’urgence à agir.
En effet, presque la moitié de nos pharmacies hospitalières ont connu plus de 80 ruptures de médicaments, et presque 60 % ont subi des ruptures de médicaments et de DM l’an passé. Dans plus de la moitié des établissements, le pharmacien passe 20 % de son temps à gérer les ruptures, et autant pour le préparateur dans plus de 60 % des cas. Nous parlons de 4 925 médicaments en risque de tension ou de rupture d’approvisionnement. Trouver des alternatives sécurisées et adapter sans cesse les protocoles de soin afin de maintenir une continuité de l’activité est devenu une nouvelle tâche quotidienne des PUI.
Deux laboratoires produisent à eux seuls 40 % des médicaments génériques et une poignée d’autres, 80 % des principes actifs. Une vision européenne commune sur les exigences réglementaires, les prix et le respect des stocks par les industriels doit s’imposer.
En France, les mesures exceptionnelles d’épargne des médicaments et de flexibilité réglementaire prévues par la LFSS vont dans le bon sens, et visent à maintenir sur le marché certains médicaments matures qui constituent l’essentiel des pénuries. Mais sur le terrain, nos pharmaciens ont besoin de visibilité à laquelle la création d’un indicateur en amont, au niveau des outils de production industriels pour anticiper les pénuries, pourrait déjà répondre.
Les solutions sont collectives mais doivent être trouvées rapidement pour alléger la lourde responsabilité qui repose sur les épaules de nos PUI.