Le remaniement ministériel, puis la nomination tardive d’un ministre délégué chargé de la santé, ont mis sur pause les grands dossiers qui requièrent des arbitrages politiques. À 11 jours de la date officielle de publication des tarifs, la campagne n’est pas prête. Nous ne pouvons que regretter que cette échéance ne soit pas respectée, malheureusement, trop souvent ces dernières années. Nous saurons donc attendre, à condition que la mise en place d’une avance de trésorerie ne tarde pas… une demande que nous avons déjà portée auprès du ministère.
Cette campagne tarifaire 2024 demeure à fort enjeux sur les trois dimensions macro, méso et micro-économiques.
Pérenniser la prise en charge de la population en veillant aux grands équilibres économiques des établissements de santé est l’objectif macro-économique que personne ne doit perdre de vue. Pour cela, les effets de l’inflation et des mesures relatives aux ressources humaines (mesures Guerini, accord de branche majoritaire sur les rémunérations et les classifications, dit « avenant 33 ») doivent être pris en compte dans la campagne tarifaire. Dans le même temps, il faudra solder la dette sanitaire de la pandémie en débutant la sortie du dispositif de Sécurisation modulée à l’activité (SMA) qui prendra fin en 2025.
Les enjeux méso-économiques visent à gérer les activités fragilisées. En premier lieu, la protection, voire le sauvetage, des maternités sera impératif pour des raisons démographiques, sociales, économiques et bien sûr médicales.
Enfin, cette campagne tarifaire devra satisfaire des enjeux micro-économiques corrélés à la prise en charge directe des patients. Les radiations 2023 de la liste en sus devront être prises en compte dans la construction de la campagne tarifaire 2024 afin de ne pas pénaliser les patients concernés par les molécules et dispositifs radiés. De plus, les établissements s’attendent légitimement à disposer des moyens pour poursuivre leurs pratiques très qualitatives comme la récupération améliorée après chirurgie, ou accroître leurs programmes innovants comme l’utilisation des robots.
Alors que 40 % des établissements de santé privés sont en déficit, cette campagne tarifaire 2024 est tout particulièrement attendue.