Marie DAUDE, directrice générale de l’offre de soins, ministère de la Santé
Quelles sont les perspectives des réformes du financement des établissements de santé MCO pour l’année à venir : 2024 ?
2024 inaugure le début d’une nouvelle période post-crise, avec des mécanismes de régulation qui doivent évoluer. Le président de la République a ainsi annoncé il y a un an une réforme de la tarification à l’activité, mise en œuvre dans la LFSS (loi de financement de la sécurité sociale) pour cette année. Nous allons travailler sur la mise en place de changements structurants et pérennes à long terme, en fonction des missions financées, entre autres pour les soins critiques, l’obstétrique, la dialyse, la radiothérapie ou les soins non programmés. Mais aussi autour de la qualité et d’objectifs de santé publique. Avec pour point commun d’accroître le rôle des ARS (agences régionales de santé) dans la répartition des ressources. Ce cadre se mettra en place très progressivement, sans effet majeur en 2024 car nous tenons naturellement à y travailler en collaboration étroite avec toutes les fédérations hospitalières.
Quelles sont vos orientations pour la restructuration de l’offre de soins en métropole et dans les DROM ? Mutation profonde ou simple évolution ?
Plus que jamais, l’un de nos enjeux majeurs est de mieux faire travailler ensemble la ville et l’hôpital. La montée en charge du SAS (service d’accès aux soins) en est un exemple : à ce jour, cette régulation en journée des soins non programmés – dont la généralisation est lancée depuis le 1er janvier – est en passe de couvrir 80 % de la population. De même, les nombreuses expérimentations « article 51 » ont démontré tout leur intérêt : il convient désormais de les évaluer et dans certains cas, de les faire entrer dans le droit commun des pratiques.
Côté établissements de santé, une avancée majeure a été rendue possible par la loi Valletoux, promulguée fin 2023. Désormais, dans chaque territoire et sous l’égide des ARS, les établissements de santé ont toute latitude pour organiser une permanence des soins partout où elle est nécessaire. Nous serons attentifs quant à l’application de cette mesure, décisive pour la continuité de prise en charge de nos concitoyens. Donc pour répondre à votre question, à défaut d’une énième « mutation », nous portons des évolutions profondes, progressives mais continues.
Que souhaitez-vous au système de santé pour cette année 2024 ?
Grâce à l’engagement constant de toutes les femmes et tous les hommes qui le composent et ont fait le choix de s’engager au côté des patients, je souhaite au système de santé de garder le cap qu’il n’a jamais perdu, malgré les crises successives. Celui d’un système accessible à tous, humaniste, solidaire, écologique. Celui d’un système dont les différents acteurs – hospitaliers, libéraux, médico-sociaux – s’accordent autour des usagers, patients et aidants. Celui d’un système capable à la fois d’assurer des millions d’hospitalisations chaque année et de veiller à l’accompagnement de populations fragiles : âgées, handicapées, précaires, en fin de vie… Je souhaite à notre système de santé que toutes et tous collectivement, nous réussissions à préserver son excellence par le maintien de notre coopération en bonne intelligence. En cela, ma porte restera toujours ouverte pour dialoguer, débattre et avancer. Au passage, j’adresse aussi mes meilleurs vœux à vos adhérents pour 2024 !