Dr Patrick GASSER, président de Avenir Spé
L’indépendance du système de santé était questionnée à l’occasion de la dernière « université » du syndicat Avenir Spé. Selon vous est-elle menacée ?
Nous voulons éviter la financiarisation à outrance, comme dans le cas de Orpéa, mais certaines spécialités sont aujourd’hui attaquées, par exemple l’anatomopathologie, la radiologie, et demain la médecine générale. Il faut s’interroger sur un financement durable. Il ne faut pas dire : financement extérieur, tout ou rien. Comment répond-on aux besoins de l’ensemble de la population d’un territoire et comment financer le travail aidé ? Pour cela nous avons alors besoin d’aides extérieures et il faut savoir d’où elles viennent. Des banques s’affichent « entreprise à mission », qu’auraient-elles à proposer à la santé ?
Nous devons veiller à l’attractivité du métier, nous devons développer le concept d’entrepreneur que je porte depuis 20 ans, doté d’une déontologie robuste. Plusieurs pistes se présentent, celles de financeurs eux-mêmes, la règlementation, la déontologie du médecin lui-même. La santé demande des financements technologiques mais aussi organisationnels. Nous avons des négociations conventionnelles qui sont tarifaires mais il faut pouvoir réinvestir. Néanmoins des bornes claires ne doivent pas être dépassées, au risque d’altérer la qualité et la pertinence de la prise en charge.
Qui doit poser ces garde-fous ?
Tout le monde a sa part de responsabilité. Tout le monde a sa place dans cette nouvelle structuration avec plus de transparence fort attendue. Les CME doivent par exemple jouer leur rôle de manière structurée et organisée dans l’ensemble des établissements de soins. Tout le monde en parle mais personne ne le fait.
Réglementer est aussi un élément important et doit être assorti de poursuites. Les exemples de la biologie, de certains centres dentaires ou ophtalmologiques, où celui qui détient l’argent prend toutes les décisions, ne sont pas des exemples à suivre.
Vous avez senti un auditoire porté vers l’avenir ou défaitiste ?
Par définition Avenir spé est porté vers l’avenir. Nous n’avons pas choisi de porter ce nom pour rien. Nous voulons donner un avenir à la médecine spécialisée. Nous serons toujours dans l’innovation, la recherche de nouvelles organisations pour répondre aux demandes de la population et de nos collègues puisque dans une société qui change et évolue, celui qui n’évolue pas meurt. Il faut se demander comment nous pouvons répondre aux demandes avec déontologie et en respectant le serment prêté à l’issue de nos études.