Alors que la reprise d’activité post-Covid est globalement réelle, celle des maternités connaît une baisse inexorable.
En effet, une diminution de 2,2 % du nombre de naissances est enregistrée pour l’année 2022 par rapport à 2021, et de 6 à presque 9 % par mois sur les 9 premiers mois de 2023. Le chiffre de 640 000 naissances sera difficilement atteint en fin d’année, alors qu’il s’élevait à plus de 800 000 en 2010. Cette situation interroge profondément l’avenir des maternités, tant sur leurs missions que sur leur financement.
Quel devenir de la couverture territoriale pourrons-nous maintenir ? Quel maillage territorial souhaitons-nous préserver ? Dans les années à venir, les maternités des cliniques et hôpitaux privés vont-elles toujours assurer la prise en charge de 18 % des accouchements qu’elles réalisent aujourd’hui ? Comment les charges fixes inhérentes à une activité périnatale imposées par décret pourront-elles être supportées dans un contexte de baisse drastique de l’activité mais aussi d’inflation ? La FHP-MCO a proposé dès le mois de juin 2023 les orientations du groupe expert naissance de la FHP-MCO au ministère et à la mission IGAS sur le sujet.
Par ailleurs, la situation des ressources humaines est paradoxale et interroge sur la gouvernance conduite. Il n’y a jamais eu autant de sages-femmes sur le marché mais leur exercice en mode libéral a doublé en dix ans. Installées en ville, elles accompagnent de façon croissante les grossesses, et en même temps, en s’installant autrement dans le paysage, elles font résolument défaut aux maternités.
De même, le nombre de gynécologues-obstétriciens connaît une croissance régulière, observée jusqu’alors, puis estimée jusqu’en 2030. Néanmoins de nombreuses raisons les détournent eux aussi de la naissance. Tout d’abord, la prime de responsabilité civile professionnelle dépassant les 30 000 euros, rend impossible un exercice en secteur 1 qui plafonne à 313 euros le prix d’un accouchement, qui n’a pas connu de revalorisation depuis 2005 ! Les astreintes nombreuses, les conditions de travail d’une manière générale, freinent ensuite leur engouement pour la naissance. Moins contraignante, la chirurgie ou la médecine gynécologique peut à l’inverse les attirer. Face aux évolutions sociétales où la place et l’acceptation des risques et contraintes sont moindres, mais aussi leur niveau « compensatoire » plus élevé en termes de reconnaissance, les attentes des professionnels de la naissance évoluent très fortement.
Sauver les maternités passera par la redéfinition des missions des maternités mêmes et des métiers des professionnels qui y exercent. C’est l’objectif pour 2024 de notre groupe expert naissance.
Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO