1,2,3 Questions – Olivier BALLEZ & Coralie SOFIA

Olivier BALLEZ, maître-assistant en droit, enseignant relais au service des relations internationales de la Haute École Provinciale (HEP) de Hainaut Condorcet à Mons, Belgique

Coralie SOFIA, sage-femme, maître-assistant et maître de formation pratique à la HEP de Hainaut Condorcet

Comment la formation est-elle organisée d’une manière générale en Belgique ?

Olivier Ballez : La structure institutionnelle de l’enseignement supérieur en Belgique diffère de celle de la France. La Belgique est un pays fédéral, c’est-à-dire unitaire, mais qui respecte et reconnaît la spécificité de certaines composantes de son territoire. La Belgique est notamment caractérisée par la co-existence de trois langues nationales : le français, le néerlandais et l’allemand. À côté de l’État fédéral ont donc été créées des communautés (entités linguistiques constituées par des collectivités de personnes partageant la même langue maternelle), qui ont reçu des compétences propres, sans bien sûr porter atteinte aux compétences nationales. L’État fédéral a ainsi délégué aux communautés des compétences telles que l’enseignement, l’emploi des langues et l’aide aux personnes.

Si les trois communautés linguistiques sont autonomes en matière d’enseignement, l’État fédéral fixe, dans un objectif de cohérence, le cadre commun des titres professionnels : profil attendu, conditions d’accès. De plus, ces titres doivent satisfaire aux directives européennes. Le niveau de formation est commun, seul le chemin pédagogique pour y parvenir diffère. La diversité des formations est à ce titre source de richesse. Leur cohérence est encore renforcée par le programme BELGICA, un programme de mobilité étudiante interne au territoire belge, et qui promeut les études et les stages dans d’autres communautés linguistiques.

L’enseignement de la Haute École Provinciale de Hainaut Condorcet, reconnu par la Fédération Wallonie Bruxelles (communauté linguistique francophone) est coordonné par l’Académie de recherche et de l’enseignement supérieur (ARES). Dans l’intérêt de l’étudiant, la philosophie du pôle académique Hainuyer, dont nous dépendons, vise à renforcer la collaboration entre les universités, les hautes écoles et les écoles supérieures des Arts en fonction de leur proximité géographique, quelles que soient les conceptions philosophiques.

La haute école Condorcet dispense 59 diplômes répartis par départements. L’école de sage-femme de Mons (l’une des 9 écoles de langue française en Belgique) relève du département de la santé publique. Sur le site de Mons, la haute école Condorcet dispense les formations de sage-femme, de soins infirmiers, les soins infirmiers spécialisés et un master en soins infirmiers, en collaboration avec l’université de Mons et l’université libre de Bruxelles.

Comment la formation de sage-femme en particulier est-elle organisée ?

Coralie Sofia : La formation de sage-femme est organisée en 4 ans (240 ECTS) et répond au niveau 6 du cadre européen de certification, soit une formation théorique et pratique de 4 600 heures, dont au minimum un tiers de pratique clinique. La directive européenne impose aussi aux futures sages-femmes de procéder, entre autres, au minimum à 40 accouchements, 100 surveillances prénatales, 40 suivis de gestantes exposées à des risques…Répondre à cette directive permet la libre circulation lors de l’obtention du diplôme.

L’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur = fédération des établissements d’enseignement supérieur francophones de Belgique) impose un cadre d’enseignement aux hautes-écoles qui dispensent la formation. Cinq axes d’enseignement avec un minimum de crédits communs par axe sont énoncés pour la constitution du programme d’études : sciences fondamentales et biomédicales (anatomie, physiologie, biochimie, …), sciences humaines et sociales (psychologie, sociologie, droit…), sciences professionnelles (obstétrique, soins…), activités d’intégration professionnelle et un axe de recherche appliquée (méthodologie de la recherche et promotion de la santé). Nous avons une approche centrée sur l’étudiant qui vise à leur permettre de développer leur autonomie et leur esprit critique. Le socle théorique solide dispensé en début de formation permet un accès progressif aux situations complexes pathologiques lors de l’enseignement pratique.

Durant les périodes de stages, les étudiants sont suivis par des maîtres de formation, personnel de l’école qui se rendent ponctuellement sur les lieux de stages pour superviser les étudiants en situation. Les sages-femmes de terrain encadrent aussi les étudiants. Nous utilisons comme outil un carnet de stage, basé sur le référentiel de compétences intégré, élaboré par des enseignantes sages-femmes des neufs hautes-écoles qui dispensent la formation de sage-femme en communauté française. Cet outil d’accompagnement pédagogique vise, entre autres, à former des sages-femmes autonomes et responsables.

Comment la Belgique et la France peuvent-elles collaborer ?

Olivier Ballez : Les stages sont essentiellement effectués dans les établissements belges, cependant les étudiants sont amenés, durant leur cursus, à trouver par eux-mêmes des stages au choix. Ceux-ci peuvent être effectués à l’étranger. Pour tous les stages, une attention particulière est portée au suivi pédagogique pendant, en amont et en aval, et à la qualité de la collaboration avec l’établissement d’accueil. Nous avons pour philosophie de donner une chance à la mobilité internationale à tous nos étudiants, qu’ils soient ou non résidents belges. Nous sommes attentifs aux facilités logistiques relatives aux lieux de stages (logement et transport). Enfin, la durée de la mobilité est variable selon les souhaits des établissements et des étudiants. Nous portons également un intérêt au développement de mobilité sur des périodes plus longues, dans un cadre Erasmus.

Olivier Ballez, Coralie Sofia et Sylvie Hustin intervenaient le 15 juin 2023 à l’atelier Naissance lors de la Journée des métiers de la FHP-MCO.