La question pour ou contre l’intelligence artificielle est caduque : l’IA est déjà entrée dans le quotidien des établissements de santé via la reconnaissance des images dans les spécialités de radiologie, ophtalmologie et dermatologie. Entre enthousiasme et prudence face à une innovation non linéaire mais disruptive se glissent des questions de responsabilité et d’éthique. Les administrateurs de la FHP-MCO ont posé le débat avec l’expert David Gruson lors du séminaire stratégique : l’IA en santé ouvrira une nouvelle ère de progrès si, collectivement, nous pensons et accompagnons son développement et sa mise en œuvre.
Nos ressources humaines sont tout d’abord impactées. Une récente étude de l’Institut Montaigne montre que la diffusion de l’IA ne supprimera pas à court terme des métiers de santé mais génèrera un fort transfert de compétences. Un chantier prévisionnel de reconversion en premier lieu des postes en tout ou partie automatisables – fonctions support, médico-techniques, logistiques – s’invite dans la recherche actuelle de solutions à la pénurie des ressources humaines.
Dans la sphère médicale, l’IA est déjà embarquée dans des équipements, en robotique par exemple, où elle assiste le chirurgien. Progressivement, l’outil enrichi d’algorithmes auto-apprenants et décisionnels posera des diagnostics de première intention, supervisés par un médecin spécialiste. Nous sommes au-devant d’une évolution disruptive de nos pratiques. Cette innovation est une opportunité inédite de réorganiser le système de santé, si et seulement si nous savons entamer un dialogue avec les chercheurs, les incubateurs et les décideurs en santé.
La régulation est pour l’heure en phase avec l’innovation nous rassurent les experts, notamment en France où la RGPD protège déjà les données, carburant de l’IA. La règlementation et la charge de la responsabilité induite sont basées sur le respect de la garantie humaine par le concepteur ou l’utilisateur, selon les cas, et leur capacité à tracer cette supervision. Ici aussi, nous réussirons mieux collectivement.
Demeure la question éthique. L’opinion médicale forgée au cours du colloque singulier avec le patient l’emportera-t-elle sur une recommandation forte de l’IA qui serait différente ? Généralement, la question du rapport entre le collectif et l’individu se pose. De même, notre position est requise.
Le bénéfice que nous pouvons attendre de l’IA dépendra de notre capacité à anticiper, à s’engager, à jouer collectif et à veiller au respect de la garantie humaine. Anticiper plutôt que subir !